Rebâtir sur des ruines.

Pascal COLLET
13 juillet 2015

Rebâtir sur des ruines.

Nous lisons dans le livre du prophète Esaïe, au chapitre 58, les versets huit à 12.

« Alors… » nous avons donc dans les versets lus la conséquence d’un changement de disposition de la maison de Jacob, qui cherchait Dieu, sans changer (v 2). Parmi les conséquences citées, je retiens celles du verset 12 : rebâtir, relever, réparer, restaurer. Je tire de ce verset le grand principe suivant :tout ce qui, dans nos vies, a été abîmé, gâché, délaissé, démoli, ruiné peut être rebâti, et si la chose peut être rebâtie, elle doit l’être. Nous avons là une « voie de Dieu », magnifiée par la révélation du nouveau testament qui attire notre foi sur la personne de Jésus qui sauve. Ceci devrait donc dès maintenant être une conviction, fondée sur la Parole de Dieu, et non seulement une conviction mais une ferme volonté : « Seigneur, je veux rebâtir ce qui mérite de l’être. »

Évidemment, il n’est pas inutile de discerner la raison de la ruine. La Bible saura nous éclairer là-dessus :  par exemple, elle nous dit que certains désirs sont pernicieux et qu’ils plongent les hommes dans la ruine ( 1 Tim 6/9). Quand nous pensons à ce qui a été dévalué ou ruiné, spontanément,, il nous vient à la pensée d’incriminer les circonstances où « les autres ». Quelqu’un a dit : « je dois ma réussite à une seule chose : je n’ai jamais cherché où trouvé d’excuses. » Il est évident que certaines circonstances sont effectivement pénibles, et pourtant,  certains les surmontent par la foi. C’est à ce genre de circonstances que Jésus pense lorsqu’Il utilise dans la parabole l’image de la pluie, des torrents,  des vents. Ils sont venus heurter la maison, celle-ci est tombée, et sa ruine a été grande. ( Mat 7/27). Mais la vraie raison de la ruine n’est pas dans ces circonstances, mais dans les pensées et les actes du propriétaire/ constructeur ; et la meilleure preuve, c’est qu’au verset 25, les mêmes circonstances sont évoquées, mais là, la maison reste debout. Le propriétaire de la seconde maison l’a bâti sur le sable. Voilà l’explication de la ruine. Cette parabole a été donnée par Jésus pour nous faire prendre conscience de l’importance pour nous-mêmes de l’obéissance ; pour nous-mêmes signifiant ici pour notre avenir, notamment face aux circonstances difficiles. L’obéissance représente donc le fondement solide, inébranlable face atout les événements. Maintenant, n’est-il pas possible, après avoir lu dans cette parabole que la ruine de la maison a été grande, de lire ensuite le texte d’introduction  dans lequel Dieu nous invite à ne pas rester sur le constat d’une grande ruine, à ne pas hausser les épaules par résignation, mais à rebâtir ce qui a été ruiné ?

Il y a certes une ruine qui ne sera jamais relevée : lisons dans la deuxième épître aux Thessaloniciens, au chapitre premier, le verset neuf. Une ruine éternelle  : c’est la ruine de la désobéissance à l’Évangile. Cette désobéissance entraîne la condamnation à être loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. À ce moment-là, il n’y a donc plus aucune ressource divine possible, aucune aide divine possible, aucune impulsion divine possible puisque des êtres humains seront loin de Dieu.

Mais en dehors de cette situation qui doit retentir comme un avertissement, c’est maintenant le temps de rebâtir, relever, réparer, restaurer. C’est à un homme qui venait de passer trois ans d’engagement fort avec Lui que Jésus a dit : «… quand tu seras revenu… » ( Luc 22/32). Pierre chutera, il tombera de haut, mais il aura la possibilité de revenir, je serais tenté de dire : de rebâtir sur les ruines de son échec. Une démarche pourra succéder à la chute, mais ce sera à lui de revenir.

Rebâtir, mais rebâtir quoi ? Je ne mentionnerai brièvement que trois éléments : la foi peut-être ruinée. On commence par entendre certaines suggestions du style : « j’avais moins de problèmes quand je n’étais pas chrétien »  ; ou bien on commence à mettre en doute une partie ou un texte des saintes écritures, par exemple le témoignage que Dieu a tout créé. Au départ, on se jure bien pour se rassurer qu’on demeure « croyant », mais le ver est dans le fruit. Une foi ruinée peut être rebâtie sur le témoignage de Dieu qui est un beau fondement, meilleur que toutes les opinions des hommes.

Une vie de prière peut-être ruinée, et j’observe que souvent quand c’est le cas, ce n’est pas par des drames que cette ruine s’est installée, mais par de multiples petites choses qui nous font dire que nous n’avons plus de temps pour prier. Il est vrai qu’il y a un choix à faire entre par exemple, les écrans qui sollicitent notre temps, et le fait de retrouver Dieu dans un temps de calme et de méditation. Comment peut-on penser marcher avec Dieu si journellement nous ne Le retrouvons pas ? Pour rebâtir cette vie de prière, il faut de la résolution et de la maîtrise de soi qui, je le rappelle, est un des aspects du fruit de l’Esprit.

Enfin, on peut avoir à rebâtir une relation ruinée, et je pense ici notamment aux relations de couple. Ici comme ailleurs, l’esprit du monde à son message : il viendra par un collègue, où une collègue autour de la machine à café. Elle interrogera sur la mauvaise mine ; il lui sera répondu que nous avons des soucis avec notre conjoint. Et alors, pleine de bonne volonté, elle conseillera à l’épouse de se faire belle, car elle va l’emmener pour lui changer les idées, elles vont bien s’amuser, et puis il faut vivre avec son temps et penser à soi d’abord. Le message de Dieu est tout autre : il convient de rebâtir ce qui a été ruiné. Et nous avons tous les atouts pour rebâtir cette relation ; je pense notamment à tout l’enseignement biblique touchant à la chair et à l’Esprit qui peut être aussi précieux dans ce contexte.

Tout ce qui, dans nos vies, a été abîmé, gâché, délaissé, démoli, ruiné  peut et doit être rebâti.