Que se passe t-il pendant la prédication ?

Pascal COLLET
15 mars 2015

Que se passe t-il pendant la prédication ?

Nous lisons dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre 10, le début du verset 34, puis le verset 44 . Dimanche dernier, avec ce même texte, nous nous sommes arrêtés sur l’intention de Dieu en vue de la prédication fidèle. Ce matin, allons un peu plus loin, et posons-nous la question : que se passe-t-il pendant la prédication ? Évidemment, il convient de préciser avant tout autre chose, qu’il n’y a pas une seule manière de bien répondre à la Parole de Dieu. Le chrétien qui, rentré chez lui, repense à ce qu’il a entendu, y réfléchit d’une réflexion qui se transforme en prière tirera certainement de bonnes choses de la prédication. Mais si, nous avons d’abord été convaincus de l’importance de la prédication dans sa définition biblique, allons plus loin avec Dieu qui a prévu la prédication comme un moyen de sa grâce.

Comme Pierre prononçait encore ces mots… Ces mots n’avaient pas de pouvoir en eux-mêmes. Nous ne confondons pas la foi et la superstition. Pourtant, ces mots si simples ne sont pas banals : Corneille était convaincu de la valeur des mots qu’il allait entendre de la bouche de Pierre. Cette conviction est exprimée au verset 33 du même chapitre. Dans ce texte, nous avons donc la rencontre de la Parole de Dieu, d’un prédicateur fidèle et oint, et d’auditeurs assoiffés, et cette rencontre produit une bénédiction quelquefois pendant la prédication. L’expression « boire les paroles de quelqu’un » a un sens :cela signifie que ces paroles sont écoutées avec attention et admiration. Nous en avons une belle démonstration s’appliquant à la prédication de Pierre chez Corneille : les auditeurs buvaient les paroles de Pierre de telle sorte qu’ils ont acquis le salut pendant qu’il prêchait ( Act 11/14), et qu’ils ont été remplis du Saint Esprit, ce qui a fini de convaincre Pierre et ses accompagnateurs que ces non juifs avaient part à la même grâce en Jésus-Christ que les juifs. Voilà ce qui s’est passé pendant cette prédication. Mais ce n’est pas un exemple unique et c’est pourquoi nous allons faire d’autres courtes lectures.

Allons dans le livre de Néhémie, au chapitre huit, les versets un à trois, puis les versets huit et neuf. Pourquoi pleuraient-ils en écoutant la lecture du livre de la loi et ses explications ? Parce que cette lecture mettait en évidence leurs péchés. Leurs pleurs étaient donc dus à la conviction de péché répandus dans leur cœur. Quelle belle réunion !

Faisons une autre lecture dans l’Évangile selon Luc, au chapitre 24, le verset 32. Ils écoutaient  Jésus leur expliquer les Écritures, et en l’écoutant, leurs cœurs brûlaient !

Allons maintenant dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre 13, le début du verset 48  ; puis au chapitre 14, le verset  neuf. Pendant que Paul prêchait, il a vu la foi de ce boiteux. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’ici d’un don de révélation, mais plutôt que Paul a vu sur le visage de cet homme la foi, comme le prédicateur peut voir : l’endormissement dû à la fatigue ou au désintérêt ; les combats intérieurs ; la soif ; le regard fuyant… Toujours est-il que cet homme a été guéri pendant la prédication.

Poursuivons au chapitre 16 et au verset 14. Lydie s’est convertie pendant la prédication.

Que de bonnes et belles choses peuvent donc se passer pendant la prédication ! Hélas, ce n’est pas toujours ainsi, et je veux rajouter des textes qui détonnent par rapport à ce que nous avons lu jusqu’alors, mais qu’il faut aussi lire. Toujours dans le livre des Actes, au chapitre sept, lisons les versets 54 et 55. La prédication d’Étienne visait la repentance de ses auditeurs.  Ceux-ci ne veulent pas se repentir, et le refus de la repentance amène toujours des mauvais sentiments mêmes pendant la prédication.

Le dernier texte se trouve dans le même livre mais au chapitre 20, et au verset neuf. Quel paradoxe : un jeune homme meurt au contact de la Parole qui fait revivre et vivre. Il s’est endormi  pendant la prédication.

Je conclus en posant cette question : à quoi mesure-t-on son degré d’insensibilité à la Parole de Dieu ? On peut être d’accord quant à la place donnée à cette parole et donc à la prédication dans nos rassemblements : c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Des « auditeurs oublieux », selon l’expression de l’apôtre, peuvent aussi être d’accord pour entendre des prédications bibliques et sérieuses. Mais il ne se passera rien n’y pendant, ni après. Ceci est , convenons-en une anomalie ! L’indication  qu’une insensibilité s’est installée dans notre cœur. Alors, à quelle référence allons-nous aller ? Il est certain que si nous nous référons aux auditeurs d’Étienne, nous pouvons facilement nous rassurer en pensant que nous n’avons jamais tué un prédicateur. Est-ce si rassurant ? Si par contre, nous prenons comme référence les auditeurs d’Esdras, les disciples d’Emmaüs dont le cœur brûlait, connaissons-nous encore cette action de la parole de Dieu y compris pendant la prédication ?

La prédication n’est pas là pour meubler le temps, elle ne doit pas devenir une habitude routinière ; croyons à l’action possible de Dieu pendant que les » bons mots » sont prononcés, et veillons à nous laisser toujours attirer par la Bible.