L’ancienne et la nouvelle croix

meluneva
1 décembre 2008

L’ancienne et la nouvelle croix

Dans les temps modernes, sans être annoncée et passant presqu’inaperçue, une
nouvelle croix est apparue dans les milieux évangéliques. Elle ressemble à
l’ancienne croix, tout en lui étant différente. Les similitudes sont
superficielles mais les différences fondamentales.

De cette nouvelle croix a jailli une nouvelle philosophie de la vie chrétienne,
et de cette nouvelle philosophie est née une nouvelle technique évangélique, un
nouveau genre de réunion et une nouvelle manière de prêcher. Cette
évangélisation nouvelle emploie le même langage que l’ancienne mais son contenu
n’est pas pareil, l’accent ne porte plus sur les même valeurs.

L’ancienne croix n’avait rien à voir avec le monde. Pour la chair orgueilleuse
d’Adam, elle signifiait la fin du voyage. Elle exécutait la condamnation
prononcée par la loi du Sinaï. La nouvelle croix ne s’oppose pas a la vieille
nature pécheresse, elle en devient presque un complice : qu’on la comprenne
bien, et la voilà source de plaisirs innocents, divertissements à souhait !
Elle laisse vivre Adam sans ingérence : la force motrice de sa vie n’est pas
changée il couvre toujours pour son propre plaisir, seulement il préfère
maintenant chanter des cantiques et regarder des films religieux au lieu de
chanter des chansons grossières et avaler des boissons enivrantes. Toujours
l’accent est mis sur la facilité, à la différence près qu’on le vit a un niveau
plus élevé, moralement sinon intellectuellement.

La nouvelle croix encourage une nouvelle attitude évangélique où l’on ne
reconnaît plus l’ancienne. L’évangéliste n’exige plus de son auditeur qu’il se
renonce à lui-même avant de recevoir la vie nouvelle. Il ne prêche pas les
contrastes mais insiste sur les similitudes. Il cherche l’intérêt du public en
démontrant que le christianisme n’a pas d’exigences désagréables, qu’il offre
plutôt les mêmes distractions que le monde, seulement à un niveau plus élevé !
Ce que demande un monde enivré par le péché est habilement démontré comme étant
exactement ce qu’offre l’evangile mais le produit religieux est supérieur.

La nouvelle croix ne brise pas le pécheur : elle ennoblit les caractéristiques
de sa vieille nature pour les mettre au service de sa foi, service qui s’annonce
dès lors enthousiasmant puisqu’elle épargne son amour-propre. Au type agressif
elle dit : « Viens et sois agressif pour Christ » ! A l’orgueilleux elle dit :
« Vient et glorifie-toi pour Christ ». A celui qui cherche les fortes émotions
elle dit : « Vient goûter la communion chrétienne, c’est si passionnant ». Le
message chrétien est ainsi modifié selon la mode du jour pour être acceptable au
public.

La philosophie derrière cette idée est peut-être sincère, mais cette sincérité
ne l’empêche pas d’être fausse. Elle est fausse parce qu’elle est aveugle. Elle
ne voit pas du tout le sens de la croix.

L’ancienne croix est un symbole de mort. Elle représente la fin subite et
violente d’un être humain. Au temps des Romains, celui qui sortait chargé de sa
croix, avait déjà fait ses adieux. Il ne reviendrait plus. C’était pour lui la
fin de tout. L’homme entier était mis à mort, totalement et pour de bon. Elle ne
restait pas en bons termes avec sa victime. Elle frappait cruellement et
durement, et lorqu’elle avait terminé se besogne, l’homme n’était plus. La race
d’Adam est sous la sentence de la mort ; il n’y a ni commutation de peine ni
délivrance. Dieu ne peut approuver aucun des fruits du péché, si innocents
qu’ils puissent paraître aux yeux des hommes. Dieu récupère le pécheur en le
faisant mourir à lui-même pour le ressusciter ensuite en résurrection de vie.
L’évangélisation qui cherche des parallèles bénignes entre les voies de Dieu et
les voies des hommes trahit l’Evangile et trompe les auditeurs. La foi en Christ
ne s’accommode pas du monde mais le condamne En venant au Seigneur nous ne
rehaussons pas le niveau de notre nature adamique, nous la laissons à la croix.
Le grain de blé doit tomber dans la terre et y mourir.

Nous qui prêchons l’Evangile, nous ne devons pas nous considérer comme des
agents de publicité envoyés pour établir une meilleure collaboration entre
Christ et le monde. Il ne faut pas nous imaginer que nous sommes ! chargés de
rendre Christ acceptable au monde des affaires, à la presse au monde du sport ou
a l’éducation moderne. Nous ne sommes pas des diplomates mais des prophètes.
Nous n’annonçons pas une compromission mais un dernier avertissement. Dieu nous
offre la vie et non pas l’amélioration de notre ancienne existence. La vie qu’il
offre est la vie sortie de la mort. Elle se tient toujours de l’autre côté de la
croix. Quiconque veut la posséder doit passer par cette croix, se renier
lui-même et accepter de Dieu sa juste condamnation. Qu’est-ce que cela signifie
pour celui qui veut trouver la vie en Jésus-Christ ? Comment lui traduire cette
théologie en termes de vie ? Qu’il se repente simplement et qu’il mette en Dieu
toute sa confiance ! Qu’il ne cache rien, ne défende ni n’excuse rien. Qu’il ne
cherche pas un arrangement avec Dieu mais courbe la tête sous le coup de la
désapprobation sévère de Dieu et s’avoue digne de la mort.

Ayant fait cela, qu’il regarde, dans une confiance absolue au Sauveur ressuscité,
et de lui jailliront la vie, la régénération, la purification et la puissance.
La croix, qui a mis un terme à la vie terrestre de Jésus maintenant met à mort
le pécheur, et la puissance qui a fait ressusciter Christ d’entre les morts le
ressuscite pour une vie nouvelle avec Christ. A celui qui proteste ou considère
que c’est ici une vision étroite et personnelle de la vérité, laissez-moi lui
dire que Dieu a mis le sceau de son approbation sur ce message depuis les
jours de Paul jusqu’à présent. C’est le contenu de toute la prédication qui a
apporté la vie et la puissance au monde au travers les siècles. Les mystiques,
les réformateurs et les prédicateurs du réveil mettaient l’accent sur ce message
et des signes, des miracles et des opérations de la puissance du Saint-Esprit
témoignaient de l’approbation de Dieu.

Oserons-nous, nous qui sommes héritiers d’un tel legs de puissance, toucher
négligemment à la vérité ? Oserons-nous, avec nos crayons rouges, effacer les
lignes du plan ou changer le modèle sur la montagne ? Loin de là ! Prêchons
l’ancienne croix et nous connaîtrons l’ancienne puissance.

A.W TOZER