Vois-tu cette femme ?

Pascal COLLET
11 janvier 2015

Vois-tu cette femme ?

Nous lisons dans l’Évangile selon Luc, au chapitre sept, les versets 36 à 50.

Ce dernier verset précise bien de quoi il est question : de la foi  qui sauve, et ceci est en accord avec toute la Bible. Ce n’est pas par les œuvres ; ce n’est pas non plus par la dévotion pourtant remarquable de cette femme : ce vase de parfum apporté puis répandu sur les pieds de Jésus auparavant mouillés de ses larmes. C’est donc là ce qu’il faut comprendre, et qui est en accord avec la parabole qui accompagne ce récit : plus la dette est importante, plus sa remise provoquera d’amour dans le cœur du bénéficiaire. Nous notons bien qu’au verset 42, la question posée par Jésus est : lequel l’aimera le plus ? Et non pas : lequel l’aimait le plus avant de recevoir son bienfait. De la même façon, à la fin du verset 47, il est bien dit : celui à qui on pardonne peu aime peu ; et non : celui qui aime peu, il lui est peu pardonné.

Cette femme nous montre donc la foi. Tout d’abord en ce qu’elle est venue à Jésus dans une maison hostile. N’aurait-elle pas pu attendre que Jésus en sorte ? La foi va à Jésus malgré tout. Ensuite, dans son attitude de cœur à l’égard de Jésus. Enfin, dans cette effusion de reconnaissance, de sympathie, d’affection tant elle se sent indigne de ce pardon qu’elle reçoit cependant avec gratitude (et nous avons là le sens du verset 47).

Vois tu cette femme ? Telle fut la question de Jésus à Simon. Regardons là attentivement, en nous efforçant de garder pour nous-mêmes ce qui n’est pas culturel dans cette scène. Jésus et les convives sont donc à table, c’est-à-dire à demi couchés sur le bras gauche, et les pieds nus étendus en arrière. Cette femme entre, comme c’était possible alors, et discrètement se place aux pieds de Jésus. Ce que nous voyons maintenant est étonnant : elle pleure encore et encore ! Elle mouille les pieds de Jésus de ses larmes. Puis elle défait ses cheveux longs (c’était une humiliation pour une femme de paraître les cheveux défaits en public à cette époque et dans cette culture) et essuie les pieds de Jésus. Enfin, elle les oints  de parfum. Elle vient d’exprimer avec tant d’éloquence la foi, la reconnaissance, l’amour qui débordent d’un cœur brisé. Cette femme est appelée une femme pécheresse, non pas au sens général du terme (tous les êtres humains sont pécheurs), mais d’une façon beaucoup plus précise pour désigner sa vie dissolue.  Et nous avons à ses côtés un pharisien, c’est-à-dire un croyant en Dieu.

Qui des deux est censé aimer Jésus ? La réponse la plus logique serait de dire que c’est le croyant en Dieu  ; Jésus n’est-il pas l’envoyé de Dieu ? Or,  que dit Jésus à ce croyant ? Tu ne m’as pas donné d’eau pour laver mes pieds ( v 44) ; tu ne m’as pas donné de baiser ( v 45) ; tu n’as pas versé d’huile sur ma tête ( v 46). Ces actes de courtoisie et d’hospitalité n’avaient pas été pratiqués par Simon le pharisien qui pourtant avait invité Jésus. Il  ne l’aimait pas ! Jésus montre à cet homme  que ce qu’il n’a pas fait  à son égard en tant que croyant en Dieu,  la femme à la vie dissolue l’a fait. Bien évidemment, ceci n’est pas un encouragement à pécher !

La question est donc la suivante : peut-on croire en Dieu et ne pas éprouver d’affection pour son Fils ? (Qui plus est, nous en savons-nous beaucoup plus que cette femme sur Jésus, puisque nous avons le nouveau testament). Autre question : notre rapport avec la Bible nous amène-t-il à Jésus ? Et une dernière question que je me fais que mentionner pour avoir déjà prêché là-dessus il y a quelque temps :  y aurait-il une Pentecôte sans Jésus ?

«… afin d’être en tout le premier… » ( Col 1/18), résume bien la pensée divine concernant la personne de Jésus. S’agit-il du salut au moyen de la Bible  ? Les Écritures peuvent effectivement nous rendre sage à salut, mais par la foi en Jésus-Christ ( 2 Tim 3/15). S’agit-il du comportement chrétien ? Avant de le définir d’une façon remarquable, Paul pose le fondement, et celui-ci est : apprendre Christ ( Ep 4/20 et suivants). S’agit-il du rapport de l’être humain au mal ? La loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ( Rom 8/2). S’agit-il du baptême ? Il est à plusieurs reprises décrit comme un baptême en Jésus, et c’est ce qu’il est puisqu’il  nous unit à la mort et à la résurrection de Jésus. S’agit-il de la vie du couple chrétien ? Nous sommes encore ramenés à Jésus-Christ ( Ep 5/22-25). S’agit-il de notre rapport avec le monde dans lequel nous sommes mais duquel nous ne sommes pas ? Un a vaincu le monde et nous l’a dit : Jésus. S’agit-il d’amour ? Je cite Philippiens 1/8 de façon littérale : je vous chéris tous dans les entrailles de Jésus-Christ.S’agit-il du futur grand rendez-vous ? Paul y travaillait déjà en son temps en annonçant Jésus afin de présenter à Dieu tout homme devenu parfait, c’est-à-dire complet, en Christ ( Col 1/28). S’agit-il de l’avenir ? Nous pouvons dire avec la fin du livre de l’Apocalypse : viens, Seigneur Jésus  ! (22/20).

Allons donc à Jésus avec la douleur du péché qui se transformera bientôt en reconnaissance pour le pardon ; allons à Jésus avec le malaise que nous pouvons ressentir d’une vie étriquée ; allons à Lui  pour renouveler une confiance toute simple : c’est Lui qui le fera ; allons à Lui avec le cœur lassé, pour être désaltéré et fortifié ; et n’oublions pas qu’Il est aussi le besoin de l’adorateur : nous pouvons nous passer des spots et des jeux de lumière, de la musique ambiancée, des atmosphères fabriquées si nous avons Jésus.

Vois-tu  cette femme ? Quelle foi ! Quelle affection ! Quelle soumission ! Et ajoutons encore : quels égards ! Quelle prévenance ! Quelle attention ! Et quelle effusion !