En voyant les frères, Paul remercia Dieu.

Pascal COLLET
4 janvier 2015

En voyant les frères, Paul remercia Dieu.

Nous lisons dans le livre des actes des apôtres, au chapitre 28 et aux verset 15.

Paul prisonnier est en route vers Rome pour y être jugé. Son voyage fut mouvementé, incluant même un naufrage. Après une halte de sept jours à Pouzolles, voici venu le temps de la remontée finale vers Rome. Or, des frères de l’assemblée de Rome vinrent à sa rencontre. La distance de Rome  au forum d’Appius est d’environ 64 km ; celle jusqu’aux trois tavernes est d’environ 49 km. L’arrivée de ses frères  provoqua deux réactions chez Paul : il reprit courage, et il remercia Dieu.

Le premier sujet de remercier Dieu, c’est Jésus son fils. Voilà un sujet inépuisable, tant appréciable, et valable même si nous n’avions plus aucune autre raison de le remercier ! Nous pouvons souvent dire avec Paul : « grâces soient rendues à Dieu pour son don merveilleux » ! ( 2 Cor 9/15).

Ceci posé, et en ajoutant que Paul connaissait l’assistance du Saint Esprit, le renouveau qu’il apporte dans l’être intérieur, nous notons ici que l’un des moyens de la manifestation d’une grâce de Dieu pour lui fut donc « les frères ». Ceci nous amène tout naturellement à évoquer l’église, l’assemblée des disciples, avec ses liens spirituels d’abord puis fraternels. Ces liens doivent être constitués par le salut en Jésus-Christ, obtenu dans la repentance et la foi,  et par l’amour de la vérité. L’église est-elle le lieu où l’on va, ou est-elle le lieu  où on vit ? C’est-à-dire : où l’on croit, avec un point sur le « i », comme aussi avec un accent circonflexe (croître) ; où l’on apprend  ; où l’on prie ; où on sert ; où on s’investit ; où on se perfectionne. À ce titre, elle est un vrai facteur de bénédictions, dont certaines sont semblables à celle que Paul a reçue dans notre texte. Quelqu’un pensera : « ça ne m’est pas arrivé ». Il y aurait alors tout lieu de s’interroger à partir de la loi spirituelle que l’on peut appeler la loi des semailles et des moissons. Cette loi est aussi valable en rapport avec notre vie d’église : elle pose que nous moissonnons ce que nous avons semé. Si nous ne semons pas dans la vie d’église, ne nous étonnons pas de ne pas moissonner. Quelqu’un venant au culte, s’asseyant, puis repartant rapidement à la fin de celui-ci ne devrait pas s’étonner de peu récolter. Il serait amer qu’on est pas d’attention pour lui  ? Il n’en a pas eu pour son prochain. Il observerait  qu’on n’a pas prié pour lui ? Il n’a jamais prié pour « les autres ». Il ne serait qu’une ombre dans l’assemblée  ? Il ne s’y est jamais investi.

Les occasions de remercier Dieu pour les frères sont peut-être plus nombreuses que nous ne le pensons. J’en cite deux, très souvent oubliées et pourtant porteuses toutes deux de réelles bénédictions.

Dans une certaine mesure, et sans jamais remplacer le rôle de la Bible, on peut dire que les frères et sœurs sont des miroirs pour nous. Quelquefois, l’image qui nous est renvoyée par eux nous pose problème, parce que cette image manifeste que, comme Paul le disait aux Corinthiens, nous sommes encore charnels. Mais le problème n’est pas le miroir qui ne fait que renvoyer une image, le problème, c’est nous-mêmes. Quand nous avons des problèmes avec ces miroirs, nous sommes tentés de nous réfugier dans l’isolement : c’est une manière pour nous, mais une mauvaise manière de régler ce problème. Vivre avec des frères et des sœurs en Christ est plus bénéfique que d’être seul, satisfait de soi.

Le deuxième aspect est exprimé dans les textes suivants :Proverbes 9/8; Psaume 141/5. Il touche à la correction apportée fraternellement, en dehors de tout esprit de supériorité et de toute tentation de vouloir devenir un donneur de leçons. L’huile du deuxième texte peut évoquer  le Saint Esprit, ce qui ouvre à ce texte des perspectives plus intéressantes encore…

À côté de ces deux aspects souvent ignorés mais qui peuvent aussi nous amener à remercier Dieu pour les frères, il y a l’aspect le plus évident des grâces de la communion fraternelle. Lisons par exemple dans l’épître aux Philippiens, au chapitre premier et au verset cinq, et dans la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre trois et au verset neuf. Pour être objectif, il faut  ajouter que l’église peut aussi être un sujet d’inquiétude : Galates 4/11; 19; 20.

Mais voyons aussi les frères dans la consécration bien réelle même si elle est souvent discrète voir quelquefois cachée ; voyons les dans la fidélité aux Écritures, dans un temps d’apostasie douce au milieu même des églises ; voyons-les dans l’attachement à Jésus malgré les pressions exercées sur eux ; plus généralement voyons-les dans ce que le Seigneur écrit par le Saint Esprit non plus sur des tables de pierre mais sur les cœurs; et ceci nous ramène justement à notre texte de départ. S’agit-il uniquement de rendre service ? Mais un tel effort demande plus qu’un souhait de rendre service à un moment donné ! Cette attitude évoque le texte de l’épître aux Éphésiens, au chapitre cinq et au verset neuf : toute sorte de bonté, de justice et de vérité. Ces mots évoquent une grande et belle famille, la bonté n’étant pas contre la vérité ou inversement, mais ces choses existant ensemble comme un fruit c’est-à-dire, des dispositions produites par l’œuvre du Seigneur en nous. Dans le texte de départ, nous avons la bienveillance (vouloir le bien de quelqu’un), qui est un des aspects du fruit de l’Esprit. C’est l’explication à la longue marche consentie par les frères de l’assemblée de Rome. Ils n’ont même pas répondu à une demande ! Ils ont eu le souci d’un frère : Paul. En réfléchissant, ils ont pensé qu’ils pourraient bien aller à sa rencontre, quel que soit le coût que cela représentait pour eux. Nous parlons du fruit de l’Esprit : son origine est donc divine. Ainsi, la source de la bénédiction spirituelle pour Paul était la même : soit par sa communication directe avec le Seigneur dans un réel renouveau intérieur, soit le même Seigneur agissant dans le cœur du prochain pour en faire une source de bénédiction pour Paul. Si nous nous offrons comme l’argile s’offre au potier, Dieu nous marquera de son empreinte et nous deviendrons alors source de bénédiction pour les autres.

Enfin, avec ce simple texte, nous avons une illustration d’un grand principe, tel qu’il est posé entre autres dans le texte de l’épître aux Romains, au chapitre 11,  le verset 36. Le Seigneur est donc la source (l’origine) et le but. Ça vient de lui, et ça repart vers lui, sous forme de gloire pour son nom, ou comme ici de remerciements. Souvent, l’être humain veut capter tout ou partie de ce témoignage : n’est-il pas quelquefois friand d’applaudissements, de reconnaissance humaine ou plus encore ? Que Dieu nous garde de ces motivations ! A Lui seul toute la gloire!

Qui va remercier Dieu pour vous ?