La reconnaissance

C’est tout simplement dire merci, exprimer de la gratitude envers qui nous a fait du bien. Une des premières valeurs apprises à nos enfants : « Dis merci ! Cà ne t’arrachera pas la langue ! » Il semble que cette leçon tende à disparaître aujourd’hui.

L’ingratitude, opposé de la reconnaissance.

« Le bien a pour tombeau l’ingratitude humaine. » (Alfred de Musset)

Me promenant au bord d’un canal, je vis de l’autre côté un jeune homme déraper sur son vélo et tomber à l’eau. Il ne savait pas nager. J’ai donc plongé, fais rapidement la traversée et l’ai secouru. Surprise, c’était un ancien camarade d’école. Depuis ce jour, il ne m’a plus jamais adressé la parole. Etait-ce le désir d’effacer cet incident fâcheux ? Je ne l’ai jamais su.

Dix lépreux supplièrent Jésus de les guérir. Il arriva qu’en chemin leur mal disparut entièrement. Un seul revint manifester sa reconnaissance (Luc 17/12-19).

L’habitude, ennemie parfois de la reconnaissance.

L’habitude de recevoir quotidiennement des aides, des bienfaits, peut finir par nous faire oublier d’apporter les marques de reconnaissance si normales en l’occurrence. C’est vrai sur le plan familial, c’est vrai aussi vis-à-vis de Dieu. En tant que chrétien, toutes les faveurs reçues, la manifestation de sa protection et de sa présence ne doivent pas devenir secondaires.

Malgré toutes les confessions de foi prononcées et les bénédictions réalisées, l’apôtre Pierre, et les autres disciples avaient pris l’habitude de côtoyer le Seigneur sans véritablement se rendre compte de l’extraordinaire expérience qui leur était offerte.

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L’habitude risque d’altérer l’expression de notre reconnaissance sans remettre en question notre affection et notre sincérité. Pour des activités devenues très fréquentes, elle peut faire perdre à notre cœur une part de sa sensibilité. Elle transforme parfois certaines actions en règle obligatoire. « C’est à lui de faire cela à la maison et c’est à elle d’accomplir ceci. Pourquoi se perdre en remerciements pour des actions indispensables, naturelles, habituelles. C’est comme cela tous les jours depuis que nous vivons ensemble. Je ne vais quand même pas lui dire merci chaque fois qu’elle va chez le boulanger ! »

Pourtant, n’exagérons rien, quelquefois, une parole de reconnaissance communique une grâce, une joie sereine, une chaleur à notre cœur, du plaisir et de la tendresse.

L’apôtre écrira : « Soyez reconnaissants » (Colossiens 3/15).

Laurent Van de Putte