Déraciner, un risque.

Les chrétiens souhaitent vivre dans une assemblée exempte de problèmes. Celle-ci doit porter invariablement les marques de la perfection. Quel idéal souhaitable !

Pour atteindre ce but, certains sont prêts à exiger une attitude sévère vis-à-vis de celui qui déroge quelque peu aux principes. Ils oublient que discipline veut dire instruction avant de signifier application de condamnation.

Ils se réfèrent à quelques textes des Saintes Ecritures :

« Otez le méchant du milieu de vous » (I Cor. 5/13).

« …ne pas avoir de relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme » (I Cor. 5/11).

Plusieurs réclament aux anciens davantage de rigueur, de fermeté, de discipline et de sanctions, en oubliant que de l’ivraie a pu être semée au milieu du bon grain. A vouloir l’arracher, ne risquons-nous pas de déraciner le jeune blé entrain de se former, de grandir ? (Mat. 13/24-30).

Cette parabole de Jésus devrait toujours mettre un frein aux jugements hâtifs.

Déraciner, même légèrement, c’est empêcher de croître, décourager, rendre malades des âmes saines, les exposer à la mort spirituelle parce qu’elles se trouvent trop près d’un problème que nous devons étudier avant de l’extirper. C’est tellement plus facile de rejeter plutôt qu’essayer de résoudre les difficultés.

Quand W.H. Beuttler était jeune prédicateur, rempli de zèle pour le ministère et prêt à pourfendre les fauteurs de trouble, son pasteur lui adressa ces propos : ‘A vouloir une église trop parfaite, tu n’auras bientôt plus de propre que la marche du seuil de ton temple, parce que plus personne n’y entrera’.

Peut-on accuser de laxisme les responsables qui veulent aider, reprendre, conseiller, patienter jusqu’à l’instant où Dieu juge qu’il faut cesser, que le moment d’une exclusion est arrivé.

Que dire du prophète Samuel ? Il pria pour Saül, roi devenu infidèle, jusqu’au moment où Dieu dut lui dire : « Quand cesseras-tu de pleurer sur Saül ? Je l’ai rejeté afin qu’il ne règne plus sur Israël » (I Sam. 16/1).

Analyser les causes et les conséquences d’une situation demeure indispensable et doit être réalisé avec l’assistance du Saint-Esprit si nous ne voulons pas exposer une âme à la perdition alors que nous pourrions encore l’aider à s’amender, et risquer de blesser les fidèles d’une assemblée.

Condamner est tellement plus facile qu’absoudre !

Laurent Van de Putte