La brebis perdue

Nombreux étaient ses privilèges. Faisant partie d’un troupeau, elle ne connaissait pas cette solitude si souvent susceptible de vous plonger dans une dépression aveugle. Elle entendait constamment la voix de son berger ; aucune autre voix ne lui était semblable. Conduite vers de bons pâturages, abreuvée par les meilleures sources, protégée par le plus affectueux et courageux des bergers, que lui fallait-il de plus ? Elle était comblée. S’en rendait-t-elle compte ? A moins que toutes ces valeurs ne soient tombées dans une simple habitude ! Les bienfaits trop fréquemment accordés perdent quelquefois leurs attraits aux yeux des insatisfaits sans raison valable.

Cette brebis de la parabole de Jésus ne représente pas la personne qui n’a jamais entendu parler du Seigneur, qui n’a jamais connu une expérience spirituelle avec celui que les Saintes Ecritures appellent le Sauveur et Seigneur, qui vit dans le péché s’appliquant cette expression : ‘Ni Dieu, ni Diable’. Non ! C’est souvent un membre d’une excellente assemblée chrétienne ou la nourriture spirituelle et la communion fraternelle sont disponibles à profusion. Mais, que voulez-vous, le repas semble meilleur à côté, les expériences plus enthousiasmantes, les miracles plus spectaculaires.

‘Rétrograde’, un mot que nous n’aimons pas prononcer.

Son absence est généralement inaperçue par la majorité du troupeau ; qu’est-ce qu’une brebis parmi les quatre-vingt-dix-neuf autres ? Et pourtant, considérons la peine, l’amour et la volonté indéfectible du bon berger : « Il laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve. Lorsqu’il l’a trouvée, il la met avec joie sur ses épaules, et, de retour à la maison, il appelle ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue » (Luc 15/4-6).

Ce n’est pas toujours à juste titre qu’un chrétien quitte une assemblée pour aller dans une autre.

Le monde évangélique regorge de brebis perdues. Combien de mécontents ici s’en vont ailleurs sans aucune raison valable si ce n’est une atteinte à leur vieille nature qui n’accepte toujours pas de mourir à la croix, un désir de brûler les étapes ou de vouloir se parer d’un ministère que n’est pas dans le programme de Dieu… Leurs raisons sont multiples mais ne proviennent pas toujours du Saint-Esprit qui connaît le plan divin pour chacun de nous.

Même quand l’église ne réagit pas comme elle le devrait, tout cela touche et blesse profondément le cœur du Seigneur ! Comme s’Il n’avait pas suffisamment souffert pour nous.

Laurent Van de Putte