Servir Dieu, en notre esprit.

Pascal COLLET
13 novembre 2011

Servir Dieu, en notre esprit.

Nous lisons trois textes, le premier se trouvant dans la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre premier, les versets neuf et 10 ; puis, dans l’épître aux Romains, au chapitre 12, le verset 11, lecture à laquelle j’ajoute dans la même pensée le texte de l’épître aux Colossiens qui dit : « servez Christ le Seigneur » ; et enfin dans l’épître aux Galates, au chapitre cinq le verset 13.

Servir ! Mot que nous entendons dans sa signification « d’être au service de », et non pas de « rendre service à ». La logique spirituelle est imparable : que se passe-t-il entre notre conversion à Dieu, et le retour de son Fils Jésus-Christ ? Eh bien, le premier texte nous dit que cet intervalle n’est pas vide, puisqu’il est logiquement rempli par le service du Dieu vivant et vrai. Le deuxième texte nous place devant la personne du Christ : Il fût d’abord le grand serviteur de son Père comme de l’être humain pour notre salut, et à ce titre, Son amour nous a conquis et continue de le faire. Il est aussi le Seigneur, et bien qu’Il  se suffise à Lui-même, Il désire que nous Le servions, Lui, le souverain maître ! Enfin, servir le Dieu vivant est vrai, servir Christ Son Fils nous amène bien évidemment à servir notre prochain, à l’opposé de toutes les tendances de la chair, en nous rendant serviteur les uns des autres.

Nous avons là un appel radical : l’être humain est enclin à servir la créature au lieu du créateur, mais le salut en Jésus renverse cet ordre de choses. Il est vrai que l’être humain sert beaucoup le mal, le péché (offrant ses membres comme des instruments d’iniquité à ce maître maudit :Romains 6/13), la vanité (que d’argent, de temps, d’attention, offerts, mis à disposition de choses qui n’en valent pas la peine…), et « last but not least », nous-mêmes, ce qui est la plus grande propension de l’être humain. Nous nous servons nous-mêmes y compris dans une certaine « foi » : « Dieu m’aide, me bénit, me secours… » et en entendant cette prière, nous nous demandons quelquefois quelle est la personne la plus importante : Dieu ou nous-mêmes ? Et puis, il y a tous ces faux Évangiles qui rabaissent Dieu à être un pourvoyeur de dollars pour que nous puissions nous enrichir, où un faiseur d’ambiance pour que nous puissions ressentir de bonnes sensations… L’appel de Dieu nous entraîne loin de ces minables stratégies, afin d’être par amour pour Lui à Son service quelle que soit la forme que prendra celui-ci.

Allons maintenant un peu plus loin, et lisons dans l’épître aux Romains, au chapitre premier, le verset neuf.

« Dieu, que je sers en mon esprit… ». Comment pouvons-nous comprendre cela ?

Il est évident que toute la personne de Paul était au service de Dieu : son âme c’est-à-dire sa volonté, son intelligence, son affection ; nous le voyons réfléchissant aux besoins des oeuvres, se donnant aux églises comme aux perdus par affection. Son corps était aussi au service de Dieu. N’écrira-t-il pas aux Galates qu’il porte sur son corps les marques de Jésus ? Ces marques n’étaient rien d’autre que les conséquences de son service pour Dieu : oui Paul portait toujours dans son corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans son corps. Les travaux, les coups, les emprisonnements, les « 40 coups moins un », la lapidation, les naufrages et toutes les autres épreuves avaient marqué son corps, et il appelle ces marques, les marques de Jésus, car c’était pour Son service qu’il avait subi tout cela. Mais, au-dessus de son corps et de son âme, Paul servait Dieu en son esprit. L’esprit humain, c’est la faculté supérieure de notre personne en lien avec le Saint Esprit. Pour un service supérieur, non pas désincarné, mystique, mais pleinement inspiré, dévoué et purifié, il  nous faut servir Dieu en notre esprit. Or, trop souvent nous servons Dieu avec nos états d’âme, ou en fonction de ceux-ci hélas ! Un exemple particulier nous est offert dans l’épître aux Philippiens, au chapitre premier, les versets 15 à 17. Prêcher Christ par envie et par esprit de dispute ! Avec des intentions qui ne sont pas pures ! Et même le faire pour susciter une affliction supplémentaire à l’apôtre Paul emprisonné ! Voilà qu’elles étaient les dispositions au service de quelques-uns ; ils ne servaient pas Dieu en leur esprit, mais avec des états d’âme bien peu recommandables. On peut donc  servir Dieu par orgueil, par animosité, mais alors, il est évident qu’il n’est pas servi en esprit. On peut encore, et de façon moins voyante que les exemples précédents, servir Dieu quand tout va bien : ai-je été contrarié durant la semaine : je ne sers pas le Seigneur le dimanche ! Suis-je un peu fatigué : je me mets aux abonnés absents ! N’ai-je tout simplement pas envie de servir un certain jour : « vous ferez sans moi » ! « Ah, je servirais bien mais j’ai justement autre chose à faire » !

Regardez comment il est facile de servir Dieu avec nos états d’âme ou en fonction de ceux-ci ! Et puis il me faut aussi mentionner une tendance lourde dans nos églises aujourd’hui : amener des jeunes ou des moins jeunes à servir Dieu parce que telle activité leur plaît. « Tu étais D.J. lors des soirées mondaines : tu le seras maintenant pour Jésus ». « Tu étais footballeur, c’était ta passion : ne change rien, mais deviens footballeur pour Jésus ». Et c’est ainsi, avec un évangile qui ne demande plus l’abandon des idoles, que l’on introduit dans l’illusion du service de Dieu des personnes que nous trompons, et sur Dieu, et sur elles-mêmes.

Servir en notre esprit, c’est dominer nos états d’âme, s’en affranchir. Mes frères prédicateurs ou responsables : servez Dieu en votre esprit ; les musiciens : n’apportez pas seulement votre instrument et votre talent musical car nous attendons autre chose de vous : servez Dieu en votre esprit. Mes soeurs monitrices, au-delà des contingences et des difficultés  du service : servez Dieu en votre esprit. Et vous qui servez Dieu dans le ménage, les choses pratiques : servez aussi Dieu en votre esprit. Vous mes frères et soeurs qui évangélisez dans les rues ou ailleurs, rencontrant trop souvent le mépris ou l’opposition : servez Dieu en votre esprit.