Saül, premier roi d’Israël.

Pascal COLLET
10 juillet 2011

Saül, premier roi d’Israël.

Avant d’en venir  à la vie de Saül, arrêtons-nous sur les circonstances qui ont fait de lui le premier roi d’Israël, et pour cela lisons le chapitre huit du premier livre de Samuel.

Nous avons là quelque chose d’un peu étrange, qui ne correspond pas au schéma biblique classique suivant : Dieu exauce la prière si elle est selon Sa volonté ; sinon Il exauce pas. Or, ici, nous avons Dieu qui exauce une demande qu’Il n’agrée pas. C’est Dieu qui a choisi Saül malgré son déplaisir. Le texte d’Osée 13/10-11 traduit bien cela : «… Je t’ai donné un roi dans ma colère… ». Comment peut-on expliquer que Dieu a choisi d’exaucer une prière qu’il n’agréait pas ? Nous notons tout d’abord au travers du verset huit de notre lecture que nous n’avons pas là un fait isolé, un accident, une erreur ponctuelle, mais un événement qui fait suite à une histoire déjà longue. Il s’agit donc d’une disposition bien établie dans les coeurs et dans le temps. Nous notons encore que malgré les avertissements donnés de la part de Dieu par le prophète Samuel sur ce que serait l’histoire de la royauté, une obstination terrible s’est installée dans la vie des israélites, quelque chose qui ressemble même à un fort entêtement. Alors, dans ces conditions, Dieu dit au prophète : « écoute leur voix, et établi un roi sur eux ». Dieu prend acte de leur volonté affirmée, de leur refus d’écouter, et Il les livrera à leur volonté en exauçant leur prière. Ceci nous amène à nous interroger sur ce que nous demandons à Dieu, et pour quelle raisons. Quelqu’un se plaindrait-il de l’attitude de Dieu ? Quelqu’un trouverait-il Dieu, exauçant une prière qu’Il n’agrée pas, peu fiable ? Plaignons-nous de nous-mêmes, car ce texte nous renvoie à notre propre coeur comme un miroir fidèle. « Faits de l’Eternel tes délices, et Il te donnera ce que ton coeur désire ». (Ps 37/4). La nature humaine a tendance à faire peu de cas de la première partie du verset, mais à être très intéressée par la deuxième. Lorsque nous faisons de Dieu nos délices, nous « épurons » notre coeur de tous les désirs charnels ou de toutes toutes les convoitises qui auraient pu sinon se transformer en sujet de prière. Il y a des « exaucements »,présentés comme tels et qui nous interrogent, car nous voyons qu’ils nuisent à la vie spirituelle de celui qui les a reçus, voire même qu’ils amènent à s’écarter des normes divines. De tels exaucements me font penser à celui par Dieu de la requête d’Israël d’avoir un roi.

La deuxième chose que nous remarquons dans ce texte nous renvoie à notre rapport avec le monde ; l’inspiration d’ Israël dont Dieu était le roi, c’était ce qui se faisait « chez toutes les nations »(v 5 et 20). Nous connaissons l’exhortation de Paul aux Romains à ne pas nous conformer au siècle présent mais à être renouvellés dans notre intelligence (Rom 12/2). Le monde dispose d’un grand pouvoir pour nous former : être comme les autres. Ceci peut nous renvoyer aux informations qui nous sont communiquées au travers des médias, qui présentent à qui le veut un « prêt-à-penser » commun, ou bien aux discussions  que chacun peut avoir avec ses collègues de travail, ses voisins et amis, ses camarades de classe. Au travers de ces choses, les valeurs de la foi chrétienne seront souvent ridiculisées ; comment allons-nous réagir ? Allons-nous devenir des suiveurs, des moutons de Panurge, n’osant plus aller à contre-courant de notre entourage ? Y a-t-il des actions que vous avez entreprises pour la seule raison que d’autres autour de vous faisaient comme cela ? Y a-t-il des lieux où vous êtes allés pour la seule raison que d’autres autour de vous y sont allés ? Votre look est-il comme il est parce que vous imitez ce que les autres font ? Parlez-vous d’une telle façon parce que d’autres parlent de cette façon-là autour de vous ? Le mimétisme va même quelquefois jusqu’à la manière de marcher, héritée des jeunes des cités, comme quoi c’est un véritable rouleau compresseur qui est en marche pour que les chrétiens deviennent « comme les autres ». Je peux dire les choses sous un autre angle : si personne dans la société ne le faisait, ne le disait, ne le portait, est-ce que vous le feriez, le diriez, où le porteriez ? Il est facile de devenir comme les autres, mais êtes-vous prêts à le devenir jusque dans la manière de passer l’éternité ? L’enjeu est simple : je choisis d’être comme les autres, ou comme Jésus.

Enfin ce texte nous pose une autre question : avons-nous des problèmes avec le trône divin, c’est-à-dire l’autorité de Dieu ? Il est question ici, jamais d’une façon explicite de la part d’Israël, d’un rejet du règne de Dieu sur eux (v7) ; ce n’est pas ce qu’ils réclament, mais c’est ce que Dieu voit. Mais ici, le rejet  de Dieu n’est pas semblable au rejet de l’athée : Israël croit en Dieu, le prie, compte sur lui, attend son secours, mais est rétif à son autorité, et la preuve en est faite par cette demande issue de la volonté propre de ce peuple. Avons-nous des problèmes avec le trône ? Remarquons dans le livre de l’Apocalypse qu’il y a un lien étroit entre le trône de Dieu et l’Agneau de Dieu ; relisez le chapitre sept. C’est cet agneau immolé qui fait du trône le trône de la grâce. Mais le trône est toujours un trône ! N’oublions pas que Dieu a donné Jésus pour chef suprême à l’église. Nous avons donc une attitude particulière à prendre par rapport à cette autorité. Elle s’exerce parfaitement dans le ciel, qu’il en soit de même dans nos églises.