Quelle année 2011 !

Pascal COLLET
11 décembre 2011

Quelle année 2011 !

Nous lisons dans l’Évangile de Luc, au chapitre 12, les versets 54 à 56. «… ce temps-ci… ». Quel temps en effet ! Les antiques prophéties se réalisaient, Jésus passant dans les villes et les villages, produisant des oeuvres divines, avec des paroles pleines d’autorité et de grâce, et un témoignage de vie remarquable. C’est la raison pour laquelle dans ce texte, Jésus ne reproche pas l’inattention ou l’ignorance, mais bien l’hypocrisie : Ses contemporains savaient tirer des déductions du sens du vent ou de l’aspect du ciel, et ils  ne savaient pas ou ne voulaient pas discerner dans quel temps ils vivaient.

Quelle année 2011 ! Bien sûr, elle n’est pas achevée. J’en rappelle brièvement quelques faits : au mois de mars au Japon, un tremblement de terre qui provoque un tsunami qui provoque un accident nucléaire. Beaucoup sont alors restés suspendus durant plusieurs jours à l’évolution de ces faits dans une certaine crainte ; et pourtant ces faits si récents peuvent déjà apparaître si lointains ! Puis ce fut ce qu’on a appelé le printemps arabe, mouvement qui a débuté par l’immolation d’un homme en Tunisie. Des régimes autoritaires, solidement établis ont été renversés d’une manière imprévisible. Et puis, plus près de nous puisqu’il s’agit de l’Europe, la quasi faillite d’un État européen, et cette période à haut risque touchant la construction européenne. Et tous ces événements se sont produits sur fond d’iniquité galopante, d’immoralité grandissante, de vices, de violence, d’injustices de plus en plus criantes. Est-ce temps banal ? Bien évidemment non. Mais remarquez comme l’être humain s’habitue à tout ! Le flot d’informations, les multiples sollicitations qui nous parviennent nous divertissent au sens premier du terme, c’est-à-dire nous détournent de l’essentiel. Et c’est comme si les êtres humains étaient quasiment devenus sourds et aveugles : ils  ne discernent plus ces temps-ci. Et nous chrétiens ? Je n’ai pas remarqué que ces événements, pourtant si marquant aient amené du bouleversement spirituel positif, ou même une évolution remarquée dans le bon sens : le genre d’évolution qui se produit quand des décisions claires sont prises, quand la Bible trouve un impact réel, quand les choses de la terre retrouvent leur périmètre normal et que les choses spirituelles deviennent prioritaires…

Lisons maintenant dans l’épître de Paul aux Romains, au chapitre 13, les versets 11 à 14.

Savoir en quels temps nous sommes ! Et bien, le chrétien le redit sans crainte et avec force, nourri de la Parole de Dieu et des événements qu’il voit : Jésus revient. Le salut, c’est-à-dire dans le texte le salut complet et définitif est effectivement de plus en plus proche. Nous remarquons que le temps qui s’écoule jusqu’au retour de Jésus est appelé dans ce texte « la nuit » ; la nuit est avancée, le jour approche, la logique est donc de se réveiller. Le réveil est ici vu sous l’angle d’un dépouillement et d’un revêtement en rapport avec notre comportement : le chrétien se dépouille de ce qui est en phase avec la nuit, l’obscurité, les ténèbres, puisque la nuit est avancée, et il choisit ce qui est en phase avec le jour qui approche, la lumière, la clarté. Et donc, c’est de Jésus la lumière, de Jésus qui revient avec éclat qu’il va se revêtir pour bien montrer, je le rappelle en passant, que les valeurs chrétiennes que nous chérissons sont en réalité la conséquence de : Jésus en nous. La fidélité est Sa fidélité en nous ; la paix est Sa paix en nous ; le zèle est Son zèle en nous ; la soumission est Sa soumission en nous…

Déjà par le baptême nous avons revêtu Christ (Gal 3/27), mais ce témoignage, cet engagement ne doivent-ils pas être renouvelés, et ce d’autant plus que nous sommes conscients du temps que nous vivons ? Une fois de plus, la pensée biblique s’oppose aux calculs et stratégies humains : il n’est pas rare aujourd’hui dans nos milieux d’entendre des paroles qui se veulent rassurantes en disant qu’il ne faut pas viser trop haut, qu’il faut s’adapter aux temps que nous vivons, que ce que la Bible dit est bien mais n’est certainement plus possible à vivre, et pour couronner le tout, que ceux qui vivraient de cette manière de toute façon aiment le Seigneur quand même ! La parole de Dieu est toute autre : juste avant de dire : « je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son oeuvre », Jésus dit : «… que celui qui est saint se sanctifie encore ». La pensée est claire : plus le péché est présent, plus le chrétien s’en détache, et ceci est aussi vrai dans cette période où la nuit est avancée et où le jour approche. C’est de cette manière que le chrétien sera  irrépréhensible au milieu d’une génération perverse et corrompue (Phil 2/15). La transcription « parole vivante » rend ainsi le verset 13 que nous avons lu tout à l’heure : « ni orgies ni beuveries, ni flirt ni aventures sentimentales ou expériences sexuelles, ni sensualité ni immoralité. Loin de vous les discordes, les jalousies et les rivalités partisanes ». Ces choses sont en phase avec la nuit, pas avec le jour.

Quoi de commun entre l’impudicité et les querelles ? Ces comportements ont une même source : la chair, mentionnée au verset 14. Pour en triompher, apprenons à ne pas la cajoler. Quand nous en prenons soin, nous la nourrissons, et quand nous la nourrissons nous la fortifions. Le remède radical de Dieu, c’est la croix, où nous avons été crucifiés avec Christ, ce qui nous permet de maintenir dans la mort ce qui a été voué à la mort par Dieu. Ne prenons pas soin de la chair : dans les circonstances de la vie, comme dans les circonstances de l’église du reste qui ne l’oublions pas, est une école de perfectionnement, des occasions, formées par des déceptions, des incompréhensions, des oublis, des contrariétés, se présenteront à nous : c’est alors qu’il faudra ne pas prendre soin de la chair en lui remettant le gouvernail de nos réactions, mais apprendre la puissance d’une marche par le Saint Esprit, nous amenant à nous revêtir du Seigneur Jésus-Christ.