Quel « bouc émissaire » ?

Pascal COLLET
6 novembre 2011

Quel « bouc émissaire » ?

Nous lisons dans le livre de la Genèse, au chapitre trois, les versets huit à 13.

« C’est pas moi, c’est l’autre »! Voilà pour la première fois dans l’histoire humaine ce type de réaction ! Certes, il y a bien quelque chose de vrai dans le constat de l’homme, puis de la femme : c’est bien le serpent qui l’a séduite, ces biens Eve qui a donné du fruit a Adam. Mais nous réalisons cependant que leur réponse contient la recherche d’un échappatoire par rapport à leur responsabilité personnelle dans ce péché. Et nous le réalisons d’autant plus aisément à la lumière d’autres confessions qui elles, sont sans ambiguïté :Ps 51/4-6; Luc 15/21. Ainsi, il y a dans l’être humain des dispositions profondes bien différentes, spirituelles ou charnelles, les premières profitables car ouvrant un avenir meilleur fait de pardon, de renouvellement, de restauration, les secondes, stériles et même nuisibles car éloignant la bénédiction de Dieu de nos vies. « C’est la faute à… » aux parents, aux enfants, au conjoint, au monde, à l’église, au pasteur, aux responsables, à Dieu, au diable etc. c’est ce que j’appelle la tactique du bouc émissaire, expression qui désigne une personne sur laquelle on fait retomber les torts. Or, l’expression a une origine biblique qui nous intéresse par rapport à notre vécu personnel avec Dieu. Reportons-nous en pensée au grand jour des expiations du peuple juif, et lisons dans le livre du Lévitique, au chapitre 16, le verset neuf, puis les versets 21 et 22. Nous ne nous arrêtons pas aux détails de ce jour, mais simplement à ce qui nous intéresse ce matin : deux boucs sont amenés au sacrificateur ; l’un est sacrifié pour servir d’expiation ; sur l’autre, le sacrificateur pose ses mains et confesse les iniquités du peuple. Ce faisant, il transfère symboliquement ces fautes sur le bouc qui va ensuite être chassé au loin dans une terre déserte. Nous avons là « l’ombre » des choses, mais la réalité est en Christ : Il s’est chargé de nos péchés. À la croix, nos péchés ont été comme transférés sur Lui, Il a été fait péché pour nous afin que nous devenions en Lui justice de Dieu. C’est certainement en pensant à cette scène du grand jour des expiations que David écrira : « autant l’Orient est éloigné de l’Occident, autant Dieu éloigne de nous nos transgressions». Mais comment celà se réalise-il pour nous? Par une humble confession de nos torts personnels, de nos iniquités. « Je t’ai fait connaître mon péché… » ; « Si nous confessons-nous nos péchés… »

De quels « boucs émissaires » avons-nous besoin ? Et ce, non seulement pour le pardon de nos péchés, mais pour une vision juste, produite par la vérité qui, avec sa douleur est aussi accompagné d’une consolation divine inégalable. Ou bien, nous allons à Jésus dans la vérité, sans fard, sans détour, tels que nous sommes et nous trouvons en Lui l’ Agneau de Dieu qui a été immolé et à qui nous pouvons confesser nos péchés, ou bien nous cherchons autour de nous un bouc émissaire humain que nous rendrons responsables de nos iniquités.

Lisons maintenant dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 27, le verset 38, puis le verset 44. Que leur a fait Jésus pour qu’il l’insultent comme ils le font ? Rien ! Mais l’échec rend hargneux, vindicatif, amer. « C’est pas moi, c’est l’autre… » ! Toutefois, l’Évangile de Luc apporte une lumière inattendue dans son chapitre 23 et son verset 41 : «… pour nous, c’est justice… ». Quel aveu rare et étonnant après les insultes, mais qui nous montre bien que l’être humain peut rentrer en lui-même et se repentir pour ses propres péchés. Et regardons bien combien cette disposition ouvre un chemin nouveau et bien meilleur : ce brigand repentant sera avec Jésus dans le paradis.

Quand on ne vit pas comme Dieu le souhaite, et qu’on veut justifier telle action mauvaise ou telle parole mauvaise, la chose la plus facile c’est de blâmer quelqu’un d’autre, au lieu de rentrer en soi-même et de mettre en place les changements nécessaires par le Saint Esprit. Ce genre de réaction est typique d’une culpabilité niée entraînant un défaut de paix avec Dieu, de paix de Dieu. Cette paix me fait penser à la description courte du psalmiste au Psaume 131 : «… J’ai l’âme calme et tranquille… ».« oh la paix et que Jésus donne… ». Il la donne à celui qui se repent, qui affronte dans la vérité ses propres torts sans chercher de bouc émissaire. Soyons réalistes : il y aura toujours, jusqu’au ciel, des personnes qui, comme Ève l’a fait pour Adam, nous « donnerons le fruit »… Allons-nous continuer à en faire des alibis commodes et à nous réfugier derrière leur faute même quand elle est bien réelle ? Apprenons à détourner nos regards d’eux, à ne les fixer que sur Jésus. Par la confession humble est vraie, Il  nous donnera et nous renouvellera Sa paix, et nous ne chercherons plus à blâmer qui que ce soit.