prendre soin les uns des autres.

Pascal COLLET
24 octobre 2010

prendre soin les uns des autres.

Nous lisons dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre 12 les versets 24 et 25.

Nous savons que l’église est ici comparée au corps de Christ, composé de tous les membres différents, et pour certains ordonnés particulièrement par Dieu, le tout ne nuisant en rien à l’unité de l’ensemble. Nous sommes donc invités à avoir soin les uns des autres.

La bonne manière de lire ce texte ne consiste pas à le traduire en disant : « prenez donc soin de moi ». Nous ne vivons plus pour nous-mêmes, nous qui sommes nés de Dieu. Nous apprenons donc à ne pas tout ramener à notre personne. Le chrétien qui fait le compte de ce qu’il n’a pas reçu, n’est pas dans la vie spirituelle authentique. « Donnez et il vous sera donné » a dit Jésus.

Quelqu’un à la lecture de ce texte aura pensé : « quand je n’aurai plus de soucis… » Ou bien encore« si vous connaissiez ma situation… » Et c’est ainsi que, obnubilés par nos soucis, nous laissons le temps passer sans apprendre à aimer, et que notre vie spirituelle demeure étriquée car il lui manque cette dimension de consécration, d’offrande. S’il faut attendre la fin de nos soucis pour obéir à certains textes bibliques, alors il faut attendre l’enlèvement de l’église et son entrée dans le repos éternel ! La parole de Dieu ne s’adresse pas à des chrétiens sans soucis, sans problème et dont la vie serait un long fleuve tranquille, mais à des chrétiens qui rencontrent des difficultés, difficultés qu’ils peuvent surmonter par des dispositions de coeur que le Seigneur demande et qu’Il crée Lui-même. Pourquoi ne pas dire et croire : « je m’occupe des affaires de Dieu et Dieu s’occupera des miennes? »

Quelqu’un d’autre à la lecture de ce texte pensera : « n’est-ce pas là le rôle du pasteur que de prendre soin des chrétiens ? » Effectivement, le pasteur doit paître le troupeau de Dieu avec dévouement, ce qui implique de prendre soin des brebis. Mais ce texte ne s’adresse pas au pasteur et ne touche donc pas à la tâche pastorale, mais il s’adresse aux chrétiens, à chaque chrétien. Bien évidemment il ne s’agit pas de prétexter ce texte pour se livrer à de l’ingérence dans les affaires d’autrui, ni à une curiosité charnelle qui n’aurait pour but que de savoir, hélas souvent pour faire savoir. Tout ceci posé, nous amenons maintenant  la question qui suit la lecture de ce texte : « de qui prenez vous soin? » En dehors de votre cercle familial !

Je pose la question à ceux qui se revendiquent chrétiens, chez eux. Chez eux, non pas par contrainte due à la maladie, à l’éloignement ou à d’autres causes, mais seuls et, comme ils le disent souvent, priant Dieu et lisant leur Bible chez eux. De qui prenez vous soin ? Je pose encore la question à ceux qui n’ont pas encore compris le rôle de l’église dans la pensée de Dieu, et dans le perfectionnement des saints. Car pour prendre soin des autres, encore faut-il les connaître au moins un peu ! La vie d’église suppose au minimum l’établissement de relations spirituelles et fraternelles, ainsi que la participation à cette vie commune avec tout ce qu’elle représente de projets, de prière, de difficultés, d’épreuve. De qui prenez vous soin ? Si vous n’avez aucun nom à mettre en rapport de cette question c’est sans aucun doute que votre vie d’église n’est pas ce qu’elle devrait être. C’est là qu’il faut, par souci d’obéissance à toute la parole de Dieu, changer de pensée et de mentalité, « penser à nouveau » pour faire en sorte que ce texte et un certain nombre d’autres avec la même expression « les uns les autres » puissent commencer à avoir une application concrète dans les vies.

Prendre soin de quelqu’un est un service ouvert à tous. C’est, par exemple, de s’inquiéter d’une absence remarquée ; de s’informer d’un problème de santé que l’on connaît chez notre prochain ; c’est  un simple geste d’affection, c’est  l’engagement dans la  prière personnelle ou communautaire, c’est  un encouragement savamment donné ; c’est aussi une parole dite à propos, ou encore notez le bien, une parole non dite, non dite parce qu’elle n’édifierait pas  notre prochain et que nous avons choisi de prendre soin de lui ; c’est un détour fait pour permettre à une soeur de venir assister au rassemblement de l’église entière ; c’est penser à ne pas être une pierre d’achoppement pour quiconque, et essayer de cultiver avec modestie une exemplarité de bon aloi ; c’est une présence « gratuite » pour ce qui compte pour l’autre même si ça ne compte pas beaucoup pour moi : son mariage, l’inhumation de quelqu’un de proche… ; c’est plus largement prendre soin de l’église locale à laquelle le Seigneur m’a ajouté en me sauvant, pour en favoriser la vie.

Il s’agit donc d’une disposition de coeur pleine de délicatesse et de compassion, à l’image du grand Pasteur des brebis. Voyez-vous  Jésus dans ce texte si simple ? Bien sur, Son nom n’est pas mentionné dans le texte, mais le voyez-vous quand même ? Le Saint Esprit qui se plaît à glorifier Jésus, prend ce matin ce qui appartient à Jésus et nous l’annonce par cette parole, afin de nous le communiquer. Celui qui sait si bien prendre soin de nous qui somme ses brebis, nous donnera si nous le désirons, ce qui lui appartient. C’est ce que l’Esprit de Dieu opère ce matin. Entendons le, comprenons le, acceptons le.