Pourquoi tardes-tu ?

Pascal COLLET
1 janvier 2012

Pourquoi tardes-tu ?

Nous lisons dans le livre des Actes, au chapitre 22, les versets six à 16 ; retenons la question posée à Saul : « pourquoi tardes-tu ? »

Le temps passe… vite ! 10 ans ont passé depuis les événements du 11 septembre 2001 qui nous ont été rappelés il y a quelques semaines ; 10 ans déjà ! « La nuit est avancée… le jour approche ». Ainsi, dans la conscience du temps passé qui peut aussi être du temps perdu, dans la conscience de l’échéance soudaine représentée par l’enlèvement de l’église, dans la conscience de la nécessité de faire en temps et en heure ce qui est nécessaire, entendons nous aussi ce matin cette question : pourquoi tardes-tu ?

Il est nécessaire avant d’aller plus loin de rappeler que Dieu n’invite pas à la précipitation. Le jeune Moïse était déjà dans la foi, dans la ferveur lorsqu’il eut à coeur de se rendre vers ses frères. Nous savons comment cette impulsion s’est terminée ; Dieu a jugé que pour que Moïse soit prêt à Le servir comme Lui l’entendait, il était nécessaire de le placer à l’école pendant encore 40 années ! Au bout de ces 40 ans, Moïse était dépouillé de lui-même et prêt à être l’instrument qu’il deviendra entre les mains de Dieu. Il faut aussi rappeler que Dieu n’invite pas davantage au coup de coeur irréfléchi. Lisons le texte qui se trouve dans l’Évangile de Luc, au chapitre neuf, les versets 57 à 62. Ces hommes qui veulent suivre Jésus et le Lui disent ont raison : c’est effectivement la meilleure décision qu’ils puissent prendre pour leur présent et leur éternité. Mais sur une base ferme, et non sentimentale, ou d’influence. Les paroles de Jésus sont donc là pour les inviter à la réflexion. Il est certain que certaines décisions méritent d’être mûries, et qu’elles ne peuvent l’être que dans le temps. Il en est ainsi du mariage, et avant celui-ci des fréquentations : j’ai l’habitude de dire aux jeunes que, quand le sentiment amoureux frappe à la porte de leur coeur, il convient de commencer par ne rien faire ! Ce sentiment doit être éprouvé avant même de le faire connaître à la personne concernée. Et pour cela: du temps, de la prière, de la réflexion!J’aime à rappeler que la patience et la maîtrise de soi font parties du fruit de l’Esprit.

Ceci posé, la question demeure : pourquoi tardes-tu ? L’étonnement est légitime : pourquoi être encore dans l’ inaccompli alors que la Bible est un livre pour vivre et expérimenter ? L’étonnement est légitime devant la grandeur des enjeux : vie ou mort ; obéissance ou de désobéissance, quand on sait que la désobéissance est aussi coupable que la divination. L’étonnement est légitime devant la grande inconnue du temps : combien de temps vous reste-t-il ? Qui le sait ici ? Et ce temps qu’il nous reste, sera-t-il favorable ? Des études avec leurs contraintes, l’orientation de la vie professionnelle, l’irruption de la vie sentimentale peuvent singulièrement compliquer les choses et rendre les temps à venir moins favorables que notre « aujourd’hui ». L’étonnement est légitime car ce qui est bien, vertueux, digne d’approbation ne devrait pas tarder dans nos vies. L’étonnement est légitime car ce retard est souvent lié à une absence de foi en Dieu qui nous scotche devant nos difficultés et nous arrête quant aux perspectives glorieuses que Dieu place devant nous. Relisez chez vous Héb 11/8-9, et Ps 105/12-13.

Ne sommes-nous pas aux prises avec une certaine mollesse spirituelle qui va à l’encontre de cette violence spirituelle dont Jésus parle dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 11 et au verset 12, violence qui n’est autre que de la détermination, une sainte énergie? Cette énergie, nous la manifestons quelquefois hélas quand c’est de notre personne dont il s’agit ; apprenons donc à renoncer à nous-mêmes et préservons notre énergie pour les choses qui en valent la peine.

Pourquoi tardes-tu ? L’explication de fond concerne bien évidemment là comme toujours le coeur, ses affections secrètes, ses attachements profonds. Lisons ensemble dans le livre de la Genèse, au chapitre 19 et au verset 16. Lot tardait ! Quelqu’un peut-être aurait envie de dire pour se rassurer quant à ses propres  retards : » mais ça a bien fini quand même » ! Or l’histoire entière n’a pas si bien fini que cela, la suite du récit nous le montre. Et puis n’oublions pas que c’est la prière du Tonton Abraham qui a prévalu auprès de Dieu. Pour nous, je pense pouvoir dire qu’aucun ange ne nous prendra la main pour nous faire passer de la mort à la vie.

« Comme il tardait ». Et c’est presque incompréhensible qu’il tarde encore : n’a-t-il pas été témoin d’un authentique miracle relaté aux versets 10 et 11, quand Dieu a frappé d’aveuglement les habitants de Sodome pour qu’ils ne trouvent plus la porte de la maison de Lot. Et ce miracle a duré toute la nuit ! Et puis, Lot a cru le message des anges. La preuve nous en est donnée dans le fait qu’il s’est empressé de le communiquer à ses gendres tel qu’il l’avait reçu ; donc Lot n’était pas incrédule, il croyait que la ville allait effectivement être détruite par Dieu. Et pourtant, il tardait ! N’est-il pas nécessaire que nous connaissions une circoncision du coeur, cette opération divine qui va venir enlever ce qui rend notre coeur pesant et nous empêche bien que nous reconnaissions le message comme vrai, d’y donner la suite qui convient?

À force de tarder, nous devenons lents comme les hébreux l’étaient devenus, pour comprendre. Certains sont en retard : ils ont pris du retard sur le tempo de Dieu. 2012 doit marquer une ère nouvelle par rapport à ses habitudes mauvaises. Je conclus par l’exhortation adressée par le Seigneur à l’église de Laodicée, église satisfaite d’elle-même : « aie donc du zèle, et repens-toi ». Le zèle ici n’est pas le zèle pour servir, mais pour sortir du marasme, pour accepter la nécessité de changer de pensées par rapport aux pensées  d’autosatisfaction qui étaient leur lot ; l’aiguillon de Dieu renouvelle le zèle qui nous amène à changer de pensées.