Parler moins; parler mieux.

Pascal COLLET
2 décembre 2012

Parler moins; parler mieux.

Nous lisons dans le livre de l’Ecclésiaste, au chapitre cinq, le verset premier ; au chapitre 10, le verset 14. Nous avons ici un double portrait inversé concernant les paroles et notamment leur abondance. Nous croyons qu’il y a dans la Bible des exhortations pour parler moins.

Il y a 2000 ans, un homme nommé Phocion attendait que son barbier finisse de résumer la situation politique d’Athènes au client qu’il rasait. Le rasage terminé, le barbier se tournant vers Phocion lui demande comment il voulait qu’on lui taille la barbe. « En silence » répondit Phocion.

Il y a aujourd’hui un véritable complot contre le silence ! Notre approche n’a rien de mystique, pas plus qu’elle n’a à voir avec le caractère de chacun. Nous nous plaçons sur le plan spirituel, qui doit  dépasser la culture et le caractère. Je fais trois remarques préliminaires : en général, les chrétiens n’ont pas une claire conscience des péchés de la langue, (c’est-à-dire de la leur), et l’on peut même parler d’une certaine habitude à parler mal. La vigilance de David lorsqu’il écrit sa peur de pécher par sa langue est peu répandue.

Nous avons cependant des directives bibliques nous incitant à moins parler. À ces directives il faut ajouter le travail et la présence du Saint Esprit qui concernent aussi nos paroles.

Êtes-vous considérés par ceux qui vous connaissent comme quelqu’un qui parle beaucoup ? Je ne vous pose pas cette question directe pour vous mettre sur la défensive et encore moins pour vous contrarier, mais parce que je suis persuadé que la victoire dans le domaine de nos paroles est au prix d’une confrontation claire avec la réalité, et la vérité. Si vous parlez beaucoup, écoutez bien ce que Dieu vous dit dans Sa parole ce matin. Et si vous parlez « moins que beaucoup », écoutez aussi, et tirez-en  profit.

Lisons maintenant dans le livre des Proverbes, au chapitre 10 et au verset 19. Nous retrouvons notre double portrait inversé : celui qui parle beaucoup ; celui qui parle peu. L’expression employée « retenir ses lèvres » est assez parlante : elle me fait penser aux tentatives de la vieille nature qui cherche encore à se manifester entre autres par des paroles qu’elle inspirerait ; il conviendrait de la brider dans le domaine des paroles, avant de continuer à vivre  la transformation intérieure qui amène Christ à croître en nous alors que nous diminuons. Je compare cette expression à celle employée au Psaume 39 et au verset deux : « je mettrai un frein à ma bouche… ». Ce texte des Proverbes ne commente pas le flot de paroles ou l’inverse, comme nous le faisons couramment lorsque par exemple, nous disons de quelqu’un qui parle peu qu’il doit être déprimé ou soucieux pour ne pas parler. Le constat qui est fait est en rapport avec le péché : celui qui parle beaucoup ne manque pas de pécher. Insistons là-dessus ! Le chrétien est appelé à pécher de moins en moins. Il ne peut pas se satisfaire autrement. Or, plus nous parlons, plus nous péchons, c’est ce que semble indiquer ce texte.

Mais au fait, comment péchons-nous en parlant beaucoup ?

En disant ce qu’on ne sait pas. On l’a entendu, on l’a supposé, on l’a imaginé… mais on ne l’a jamais vérifié, donc on ne le sait pas vraiment. En colportant ou en commentant des choses non vérifiées, nous péchons contre la justice.

Nous péchons par nos paroles lorsque celles-ci sont issues des conflits de notre coeur, quand celui-ci résiste au Saint Esprit. Il en résulte très souvent une irritation qui s’exprimera par des paroles. Nous avons un bon exemple de cela dans l’Évangile de Jean, au chapitre huit et aux versets 48 et 49. L’outrage a pour origine la résistance de leur coeur à la vérité divine. Un certain nombre de paroles ont aussi cette origine là, et lorsque nous les prononçons nous péchons contre la vérité. Un coeur docile devant Dieu est un coeur paisible ; un coeur qui résiste au Saint Esprit est un coeur irrité donnant des paroles méchantes et fausses.

Nous péchons par le flot de paroles issues d’un bouillonnement d’animosité, d’amertume. Ah si nous étions moins préoccupés par nous-mêmes ! Nous trouverions un coeur paisible et lucide, mais il faudrait se juger soi-même ! Il est plus commode de trouver quelque bouc émissaire. En parlant ainsi nous péchons contre l’amour.

Car, et c’est aussi un péché, ces paroles prononcées « exportent » nos états d’âme mauvais dans le coeur du prochain, y compris quelquefois hélas lorsque celui-ci est encore inconverti. Il ne s’agit pas de jouer les hypocrites, mais d’aimer les âmes perdues et de les préserver de nos états d’âme qui ne viendront pas à les encourager à se tourner vers le Seigneur.

Ces paroles sont ressenties par les disciples de Jésus comme une agression intérieure à notre esprit, comme une vraie souillure. Et puis, il y a tout ce qui est dit sans utilité ; cette manière d’amorcer le prochain : « tu ne sais pas ce que X a dit sur ton compte » ? Personnellement, je vous réponds : « non je ne le sais pas, et je ne souhaite pas le savoir ». Et j’ajoute : « pour quelle raison m’amorcez-vous de cette manière » ?

Ne pouvons-nous pas reconnaître qu’en certaines circonstances, ou de manière habituelle, nous avons trop parlé ? Ajoutons d’autres textes bibliques à ceux déjà lus : allons dans la première épître à Timothée, au chapitre cinq, le verset 13. La vérité oblige à dire que ce qui est écrit ici ne concerne pas seulement les jeunes veuves oisives, ni non plus seulement les femmes mais aussi les hommes. «  causeuses et intrigantes… » La manoeuvre n’est pas loin, la combine, la machination. Il y a des choses qu’il ne faut pas dire !

Lisons dans l’épître aux Ephésiens, au chapitre quatre, le verset 29. Nous devrions avoir cette ambition spirituelle. Et si il n’y a pas de raison à quelques bonnes paroles, le silence est plus beau que des mauvais propos.

Lisons encore dans l’épître de Jacques au chapitre premier, le verset 19. « Lent à parler ».

Ces textes forment ensemble des directives bibliques. Ils visent à assécher les péchés en paroles et à encourager les bonnes paroles quand elles sont possibles.

Un des textes lus a employé l’expression suivante : « si il y a lieu ». En rapport avec Dieu, Son merveilleux salut, Son Fils bien aimé, Ses voies et Ses desseins, Ses oeuvres et  Sa Parole,  y- a-t-il  lieu de prononcer quelques bonnes paroles ? Bien évidemment, oui. Vous savez ce que dit Dieu par un prophète : « je suis attentif, et j’écoute ». Pouvez-vous comprendre quelle valeur ont pour Dieu des paroles de repentance qu’Il écoute ? Des confessions qui signifient que nous sommes d’accord avec Lui ? Des paroles exprimant notre faim et notre soif des choses qui Lui appartiennent ? Des paroles Le remerciant et Le louant ? Lisons ensemble au Psaume 40, les versets 4, huit et 9,10 et 11. Il y a lieu que de telles paroles exprimant la vérité de nos coeurs soient abondamment entendues notamment dans nos rassemblements. C’est pourquoi, il faut veiller à encourager et à rendre possible l’expression individuelle de ces paroles, en donnant le temps aux chrétiens de le faire, ce qui quelquefois maintenant, entre la longueur des chants et de la musique, et la mainmise des « animateurs de louange » (quelle horreur et quelle erreur !) n’est tout simplement plus possible.Je veux pour finir vous sensibiliser à la chose suivante, hélas vérifiée : pourquoi lorsqu’il s’agit de Dieu, la bouche est-elle fermée, alors qu’elle s’ouvre sans problème et abondamment une fois l’amen final prononcé ?

Nous apprenons Christ en parlant moins et en parlant mieux.