Maudit ou béni?

Pascal COLLET
19 juin 2011

Maudit ou béni?

Nous lisons dans le livre de l’Exode, au chapitre 20, les versets cinq et six. La mention du verset cinq concernant la troisième et la quatrième génération a fait couler beaucoup d’encre et de salive. C’est à partir de ce texte que certains enseignent qu’il est possible de recevoir une malédiction due à nos ancêtres : leurs pratiques mauvaises, leurs péchés transmettraient aux générations suivantes une  malédiction. Pour peu que les personnes en cause rencontrent des difficultés financières, des deuils, des maladies, des problèmes de pauvreté ou de stérilité, et qu’elles soient ainsi fragilisées, elles seront d’autant plus accessibles à cette explication qui nécessite bien évidemment de recourir à des « ministères spéciaux » capables de « voir » et de délivrer… sans cesse. Que pouvons nous en dire avec la Parole de Dieu ? On pourrait d’abord dire que dans le texte lu, la miséricorde est de 250 à 300 fois plus grande que le jugement ! On pourrait aussi souligner que la punition dont il est question au verset cinq ne concerne ce que ceux qui haïssent Dieu, ceci excluant de fait les chrétiens qui, aimés de Dieu l’aiment en retour. On pourrait ajouter qu’il n’y a pas de pratiques semblables à celles décrites plus haut dans le nouveau testament, ce qui est toujours un indice intéressant vu que l’église, fondée sur Jésus la pierre angulaire repose aussi sur le fondement des apôtres et des prophètes.

Mais j’en viens surtout à ce qui est le plus important, et en rapport avec ce sujet, et de façon plus générale : suivre  et comprendre la révélation de Dieu en accord avec Son plan, cette révélation de Dieu dans les Ecritures nous amenant à connaître quelle est la position nouvelle de l’être humain qui est « en Christ ». Lisons maintenant dans le livre du prophète Ézéchiel, au chapitre 18 et au verset vingt. La révélation de Dieu au mont Sinaï est passée ; Dieu par son prophète pose clairement le principe de la responsabilité individuelle : chacun est responsable de lui-même. Dans les versets précédents, différents cas de figure sont évoqués : un père juste qui aurait un fils pécheur, ou l’inverse. Quel que soit le cas, chacun devant Dieu est responsable de lui-même, ce qui aboutit à l’appel collectif et individuel des versets 30 à 32 : chacun est appelé à se convertir à Dieu par la repentance et ce faisant à se détourner de ses mauvaises voies.

Lisons maintenant dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre deux et au verset 21. « Quiconque » donc non seulement n’importe qui, mais quel que soit le parcours de chacun. Qui y avait-il parmi ces environ 3000 qui se sont repentis ? Et parmi ceux qui suivront ? Des gens de tous horizons avec de multiples expériences et de tous milieux. Tous rassemblés dans le « quiconque ». Il n’y avait pas et il n’y a pas de salut à plusieurs vitesses, un salut pour le pécheur « normal » et un salut pour le » maudit « ou celui qui n’a pas eu les bons ancêtres. La condition du salut est la même pour tous et son fruit aussi. Et cette condition comme ce fruit nous ramènent à ce qui est incontournable en rapport avec le salut et son expérience c’est-à-dire la repentantance, la conversion, la foi. Il est clair que tout être humain a déjà un lourd passif constitué par sa nature mauvaise et son coeur mauvais. Là-dessus se greffe un tas de choses en rapport avec notre environnement et donc nos parents ou grands-parents. Mais nous pouvons souligner ici le pouvoir qu’il y a dans la repentance : l’être humain à l’écoute de l’Évangile et convaincu par le Saint Esprit se juge lui-même ; il éprouve de la répulsion pour son ancienne manière de vivre, ses idoles etc. il s’en détourne en se tournant vers Dieu en Jésus-Christ, car nous prêchons une repentance qui en elle-même et seule ne sauve pas, mais qui nous amène à Christ, ou plus précisément en Christ.

Arrivé à ce stade de la révélation, il nous faut bien comprendre le fait  et l’ampleur de l’échange divin tel qu’il est décrit dans l’épître de Paul au Galates, au chapitre trois et aux versets 13 et 14. Lisez bien attentivement : «… Jésus est devenu malédiction pour nous… » Lui, le fils bien-aimé du père est devenu malédiction pour nous. Bien évidemment, ceci s’est passé à la croix, là où manifestement tout a été accompli pour le salut de quiconque ; l’expiation c’est-à-dire la punition de nos péchés a été totalement réalisée ; les autorités et les dominations ont été dépouillées ; le diable s’est vu signifier sa défaite en rapport avec les proies qu’il détenait encore. Or, c’est la repentance/conversion qui nous permet d’entrer dans ce tout accompli par Jésus et d’en recevoir le bénéfice. Il y a donc dans nos vies l’accomplissement présent du « tout est accompli » d’il y a 2000 ans. Voilà l’Évangile, et le salut de quiconque. Mais, qu’on enlève de l’Évangile le péché de l’être humain, sa folie, ses ténèbres, son égarement, qu’on enlève la croix de Jésus, qu’on ne parle plus de repentance  et de conversion à Dieu, qu’on prêche pour plaire à tout le monde en évitant les sujets qui fâchent et voilà qu’une grande illusion se mettrait en place : celle qui consiste à croire qu’on peut devenir chrétien sans repentance et sans conversion. Quant  hélas c’est le cas, ces « nouveaux chrétiens » arrivent avec tout leur passif qui demeure puisqu’il n’y a pas eu de repentance, ouvrant ainsi la voie à des doctrines déséquilibrées qui vont trouver un écho favorable parce que la démarche de salut n’a pas été initiée comme Dieu l’a prévu.

Disons pour finir, qu’il y a toutefois une réelle solidarité morale et spirituelle possible entre diverses générations ; cette solidarité est faite des influences de l’éducation donnée aux jeunes générations et de l’exemple bon ou hélas  mauvais transmis à ces mêmes générations. C’est ainsi que les dernières générations peuvent reprendre à leur compte et même amplifier les péchés des premières générations. Dans les livres historiques, nous trouvons assez souvent pour décrire la vie d’un roi la phrase suivante : « il marcha dans la voie de son père » (par exemple,1 Rois 15/26 ). Lisons aussi dans la première épître aux Thessaloniciens, au chapitre deux, les versets 15 et 16. Paul parle d’abord au verset 15 de la génération qui a fait mourir le Seigneur Jésus et les prophètes, et souligne ensuite que les mêmes juifs l’empêchent lui de parler aux païens pour qu’ils soient sauvés. Dans l’Évangile de Luc, au chapitre 11, et aux versets 47 à 51, nous avons le même principe. Les docteurs de la loi bâtissaient les tombeaux des prophètes que leurs ancêtres avaient tués ; il y avait donc continuité dans le péché qui allait aboutir au rejet de Jésus, mais une continuité qui mettait le comble au péché et annonçait le proche jugement de Dieu sur une génération, parce que celle-ci avait repris à son compte les péchés des générations précédentes.

Mais l’appel de Dieu retentit : il faut se détourner de ses mauvaises voies, se repentir vraiment. Cet appel concerne celui dont les parents ont été ou sont chrétiens, et il concerne de la même manière celui dont les parents trafiquent avec des choses occultes ou autres comportements déviants. Chacun peut y répondre et rentrer ainsi dans le « quiconque », afin que se réalise dans sa vie l’échange divin qui eut lieu à la croix, pour devenir enfin béni de toutes sortes de bénédiction spirituelles en Christ.