Ma puissance s’accomplit dans la faiblesse!

Pascal COLLET
27 novembre 2011

Ma puissance s’accomplit dans la faiblesse!

Nous lisons dans la deuxième épître de Paul aux Corinthiens, au chapitre 12, les versets cinq à 10 . ou comment une expérience de souffrance est devenue pour Paul est pour nous, l’occasion de connaître et d’expérimenter un principe spirituel applicable aujourd’hui encore, appartenant aux « voies de Dieu », c’est-à-dire à ses manières d’agir.

Une écharde dans la chair ! Darby traduit : «… pour la chair ». De nombreuses suppositions ont été faites pour tenter de la définir, mais finalement l’essentiel est ailleurs : Paul  connût par cette écharde une réelle souffrance, et peut-être même un handicap dans son service. Il en fit donc un sujet de prière. Il revint deux fois encore à la charge, plaidant sans aucun doute cette cause avec force auprès de Dieu. La réponse de Dieu lui fut donnée sous cette forme : « Ma grâce te suffit, car Ma puissance s’accomplit dans la faiblesse ». Voilà donc le principe spirituel exposé, suivi au verset 10 de l’indication que Paul en fît alors réellement l’expérience : «… quand je suis faible, c’est alors que je suis fort ».

Quelques remarques tout d’abord. La première, c’est que ce texte ne contredit pas les promesses de secours divin et de guérison divine. Cette manière d’agir de Dieu n’invalide pas les autres, fondées sur Ses promesses. Ce texte là ne doit donc jamais amener un chrétien dans une attitude de résignation. Du reste, nous avons bien compris que Dieu n’a pas été inactif, mais actif autrement, car Sa réponse à Paul révélait une puissance qui allait s’accomplir, certes, d’une manière autre que celle que Paul espérait.

Remarquons ensuite que Dieu néanmoins fera retourner contre Satan l’oeuvre mauvaise que celui-ci voulait accomplir au travers d’un de ses anges. Nous sommes ici dans un de ces exemples bibliques ou l’action de Dieu semble presque mêlée à celle de Satan, mais il faut bien préciser que la seconde est sous le contrôle de la première. L’ange de Satan qui soufflete l’apôtre Paul était un effort de l’adversaire pour atteindre l’apôtre ; mais prévenir le danger de l’orgueil était incontestablement une oeuvre divine.

Remarquons enfin, qu’il nous faut bien comprendre ce que « faiblesse » signifie. Je fais un constat : dans certaines de nos faiblesses, il n’y a hélas aucune manifestation de la puissance de Dieu. Rien ne s’y accomplit. Je parle ici de la faiblesse entretenue, cajolée, devenue une accompagnatrice presque normale de la vie chrétienne, qui ne rend même plus malheureux ceux qui la vivent. C’est ainsi que, faute d’entretenir la foi, souvent par des mauvais choix qui nous font préférer les activités terrestres au coeur à coeur avec Dieu, nous héritons d’une foi faible. C’est vrai aussi dans le domaine de la prière : que d’excuses pour ne pas prier ! Il y a une faiblesse dont nous sommes les victimes consentantes, ou même les complices; nous ne voulons pas nous appuyer sur la Parole de Dieu pour rentrer dans une vie autre. Dans ces faiblesses là, la puissance de Dieu ne peut rien accomplir.

Revenons-en maintenant au principe spirituel. S’il a été énoncé clairement par Dieu à l’apôtre Paul, nous ne le retrouvons pas seulement à cet endroit dans la Bible : à 40 ans, Moïse était sûr de lui, plein de confiance et de force. Mais il a connu l’échec, et après une longue formation au désert, il est enfin apparu à Dieu qu’il était dans les dispositions propices à l’action de Dieu par lui ; mais sa réaction fut alors : « qui suis-je… ». Sa force naturelle lui fit connaître l’échec, mais dans sa faiblesse, la puissance de Dieu accomplira quelque chose.

Israël fut le peuple choisi pour manifester la grandeur et la gloire de Dieu. Mais Dieu lui rappellera qu’il a été choisi comme le moindre de tous les peuples. La puissance de Dieu s’accomplit dans la faiblesse.

Jésus lui-même confirme ce principe spirituel. Nous lisons dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre 13 et au verset quatre ; quelle faiblesse dans ce grain de blé qui meurt, dans ce corps pantelant et sanglant cloué sur une croix, mais quelle puissance accomplissant le grand dessein de Dieu de sauver les pêcheurs !

L’église elle-même est la preuve de la validité de ce principe spirituel. Paul écrit que Dieu a choisi les choses folles, viles du monde, celles qu’on méprise. Nous sommes ces choses-là, et tout ce qui a pu être produit de bien ne l’a été que par la puissance divine s’accomplissant dans la faiblesse. En rapport avec ce principe spirituel, et confirmant là aussi l’une des manières d’agir de Dieu, Marie rend ce témoignage dans son cantique : « Dieu a renversé les puissants de leur trône, et Il a élevé les humbles. Il a rassasié de biens les affamés, et Il a renvoyé les riches à vide. »

Pourquoi ce principe spirituel ? Dans la pensée de Dieu, la personne qui doit toujours être mise en évidence, c’est celle de Jésus et non nous-mêmes, même dans quelque chose qui serait fait pour Jésus. Tant que l’être humain occupe le devant de la scène, la force de Dieu ne peut agir. Tous ceux qui s’appuient sur les capacités de l’être humain ne s’appuient pas sur Dieu.

Quel est donc notre vision ? Rassembler nos atouts pour accomplir l’oeuvre de Dieu ? C’est souvent de cette manière que la chair nous pousse à agir, mais cela ne contredit-il pas le principe spirituel qui nous occupe ? Allons-nous privilégier la puissance financière ? La puissance politique ? La puissance théologique et intellectuelle en promouvant par exemple des pasteurs, non plus en fonction de l’appel de Dieu, mais avec un certain niveau d’études ? La puissance de la beauté ? Celle de l’organisation ? Des programmes alléchants ? Des capacités reconnues et récompensées par le monde ? (Ah, ces chanteurs « chrétiens » primés et récompensés dans des cérémonies mondaines et selon des critères entièrement mondains…). Nicodème le théologien chef des juifs, Joseph d’Arimathée l’homme riche ont joué un certain rôle dans les événements touchant à la mort de Jésus, rôle qu’il faut mettre à leur crédit, mais ce n’est pas eux que Dieu a choisi pour être les témoins de la résurrection de Jésus, mais un pauvre homme qui était tombé, mais qui en a avait pleuré amèrement : l’apôtre Pierre.

Nous sommes si facilement corrompus par la puissance humaine quelle qu’elle soit, atteint par l’orgueil au travers d’elle et nous éloignant ainsi de la pensée de Dieu.

Où se situe pour finir la différence entre certaines de nos faiblesses et celle de l’apôtre Paul ? La ligne de démarcation est bien la consécration : lorsque nous nous offrons entièrement au Seigneur pour Lui être agréable et Le servir, nous méprisons ces pauvres arguments qui nous maintiendraient dans une faiblesse improductive. Consacrons-nous où  re-consacrons-nous à Dieu, apportons-lui ces pauvres faiblesses pour les abandonner et comptons sur Sa puissance qui accomplira quelque chose au travers de nos faiblesses. Je termine par cette prière composée au début du XXe siècle par un chrétien handicapé : « j’ai demandé à Dieu la force pour atteindre le succès : il m’a rendu faible pour que j’apprenne humblement à obéir. J’ai demandé la santé pour faire de grandes choses : il m’a donné l’infirmité pour que je fasse des choses meilleures. J’ai demandé la richesse pour pouvoir être heureux : il m’a donné la pauvreté pour pouvoir être sage. J’ai demandé la puissance pour obtenir l’estime des hommes : il m’a donné la faiblesse pour que j’éprouve le besoin de Dieu. J’ai demandé un compagnon pour ne pas vivre seul : il m’a donné un coeur pour que je puisse aimer tous mes frères. J’ai demandé toutes les choses qui pourraient réjouir ma vie : j’ai reçu la vie pour que je puisse me réjouir de toute chose. Je n’ai rien eu de ce que j’avais demandé, mais j’ai reçu tout ce que j’avais espéré. Presque en dépit de moi-même, les prières que je n’avais pas formulées ont été exaucées. Je suis, parmi les hommes, le plus richement comblé. »