Lot et ses défis non relevés. (3)

Pascal COLLET
4 mai 2014

Lot et ses défis non relevés. (3)

Lisons plusieurs textes dans le livre de la Genèse. Tout d’abord, au chapitre 13, les versets 10 à 13 ; puis au chapitre 14, le verset 12 ; au chapitre 18, le verset 20 ; enfin, au chapitre 19, les versets un et 13.

Nous considérons ce matin que le Lot n’a pas voulu relever le défi de la séparation.

Les textes lus semblent nous montrer un déroulement logique dans l’évolution de la situation de Lot : tout commence par le choix de la plaine, puis nous retrouvons Lot qui dresse ses tentes jusqu’à Sodome, puis à Sodome où il habite, et dont il devient une autorité puisqu’il siège à la porte de cette ville. Nous avons donc là une évolution dans le temps, à ne pas confondre avec un passage brutal et soudain d’une situation à une autre. Nous pouvons plutôt voir les choses de la manière suivante : le premier choix entraîne des conséquences qui entraînent des conséquences etc. Ici, on peut imaginer qu’après s’être installé dans la plaine du Jourdain, Lot a fait connaissance avec des habitants de Sodome, ce qui lui a donné des opportunités et, dans le temps, peut-être même des sollicitations pour qu’il devienne l’une des autorités de cette ville. Le temps qui passe n’est jamais neutre : l’évolution peut-être douce, « lissée » et ce faisant elle apparaît moins inquiétante qu’un changement soudain, mais à la fin, Lot était réuni sans jamais y avoir été obligé  avec « des grands pécheurs devant l’Eternel ». Il vaut la peine que nous puissions mesurer notre évolution spirituelle dans le temps. Le début de l’éloignement ne nous inquiète pas forcément : il  peut pourtant se transformer  en un grand éloignement. Plutôt que de chercher à se rassurer à tout prix, plaçons-nous devant Dieu pour qu’Il sonde nos coeurs.

Le récit de la Genèse dresse un tableau sombre de Lot : il s’est laissé gagner par l’influence impie et pécheresse de Sodome, et s’est donc retrouvé concerné par le jugement de ces grands pécheurs. Et nous en arrivons avec cette situation au défi non relevé par Lot de la séparation. Une séparation  bien comprise, c’est-à-dire comprise selon les textes suivants : Jean 17/15 et 1 Cor. 5/10.

Il y a dans la Bible un autre éclairage sur la situation de Lot, et il se trouve dans la deuxième épître de Pierre, au chapitre deux, les versets six à neuf. Cet éclairage semble moins négatif que le récit de la Genèse, parce qu’il nous montre Lot profondément attristé et tourmentant son âme à cause de la conduite des habitants de Sodome. Ainsi donc, il y avait de fait une union, et même une association, mais qui était cause de souffrance morale : les actes des habitants de Sodome n’étaient pas ceux de Lot. Il les rejetait. C’était pour lui plus qu’un malaise : c’était du tourment. Cet éclairage fait donc ressortir plus vivement encore le piège que représente le compromis : choisir, oui choisir, une situation qui est source de tourment!

Nous voyons clairement la nécessité de la séparation, qui sera vécue comme une solution donnant finalement paix et repos du coeur. Pendant que Lot se tourmentait journellement, Abram, sous les chênes de Mamré vivait en communion avec Dieu !

Ce portrait d’un homme partagé et tourmenté par son propre choix est le portrait de plusieurs ici. Ils ne sont pas « dans le monde » en l’assumant pleinement ; ils sont mal à l’aise à la perspective du jugement divin à venir sur ce monde ; ils ne sont pas contre Christ. Ils essaient de trouver une troisième voie, qui consisterait à concilier l’inconciliable : ils veulent du ciel et de la terre ; ils veulent du salut de Dieu en conservant leur volonté propre (ce qui est le péché) ; ils veulent de Jésus  et du monde, et cette troisième voie a ses apôtres et ses évangélistes qui rencontrent un certain succès !

Or, du livre de la Genèse au livre de l’Apocalypse, nous avons une doctrine de la séparation dans la Bible. Séparation « pour » (Dieu), et séparation « de ». Le livre de la Genèse commence par mentionner que Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Dans le livre de l’Apocalypse nous avons l’ultime grande séparation entre  l’étang de feu et la nouvelle Jérusalem (Apo chap 20et 21), séparation précédée par l’appel céleste mentionné au chapitre 18 et au verset quatre. Et puis, chemin faisant, bien d’autres textes sont là pour produire les mêmes choix. Certains de ces textes nous semblent bizarres : pourquoi par exemple est-il mentionné dans le livre du Lévitique (19/19) de ne pas porter un vêtement tissé de deux espèces de fil ? Certes, cette prescription appartient au domaine des diverses lois régissant la vie de la nation d’Israël, mais nous pouvons en saisir la pensée qui est la suivante : Dieu déteste le mélange.

Pour conclure avec cette doctrine de la séparation juste évoquée,, lisons un dernier texte se trouvant dans la deuxième épître de Paul aux Corinthiens, au chapitre six, le verset 17. Comme dans tous les siècles, la voix de Dieu retentit encore invitant qui le veut à prendre position sans ambiguïté, et nous assurant alors de Son accueil paternel. Lot avait voulu habiter au milieu des habitants de Sodome, et cela lui a causé de la tristesse et des tourments, sans compter l’effet désastreux sur sa famille. Il n’a pas voulu relever le défi de la séparation : ne lui ressemblons pas.