L’idolâtrie(1)

Pascal COLLET
23 septembre 2012

L’idolâtrie(1)

Nous lisons deux textes, le premier dans le livre de l’Exode, au chapitre 20, le verset trois, et le second dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre quatre, le verset 10. « Lui seul ».

Pour nos contemporains, l’idolâtrie fait penser aux peuples primitifs se prosternant devant des statues. Certes, c’est ce schéma que nous retrouvons dans l’Ancien Testament, et même  aussi, bien que  non exclusivement dans le Nouveau Testament, par exemple à Athènes, ville dans laquelle l’esprit de Paul s’était irrité à la vue de ces idoles. Qu’en est-il de notre société ? Nous ne nous prosternons pas devant une statue d’Aphrodite  par exemple, mais nous pouvons cependant être étreints par le souci obsessionnel de notre image, qui en  ménent tant à la dépression ou aux troubles alimentaires. Nous ne brûlons pas d’encens devant une statue d’Artémis par exemple, mais nous pouvons servir l’argent et la carrière professionnelle, de telle sorte que la famille sera sacrifiée ainsi que la vie spirituelle. Chaque culture a ses idoles, et avec celles-ci sa prêtrise, ses rites, ses temples qui peuvent être des studios, des stades, des gratte-ciel etc.

Donnons une définition à la fois simple et complète de l’idole : c’est ce qui est plus important que Dieu dans notre vie. L’idole se présente donc comme une alternative au vrai Dieu, soit que nous attendions d’elle le bien que Dieu voudrait nous donner ; nous cherchons en elle notre identité, notre joie, le sens de notre vie. C’est ainsi que par des prophètes, Israël est accusé d’idolâtrie pour avoir conclu des alliances militaires avec des nations païennes. Par ces alliances militaires, Israël cherchait la sécurité, au lieu de la chercher en Dieu. Lisons dans le livre du prophète Jérémie au chapitre deux, le verset 13. Juste avant, au verset 11, Dieu parle d’une nation qui change ses dieux. Il a en vue Son propre peuple qui a changé sa gloire contre ce qu’il n’est d’aucun secours. Ils l’ont abandonné Lui qui est une source d’eau vive pour se creuser des citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau. Qu’évoque cette eau ? Allons au verset 18 : le peuple de Dieu pensait qu’au travers de ses alliances avec l’Égypte et l’Assyrie, il trouverait la sécurité.

L’idole est encore une alternative au vrai Dieu en ce qu’elle amène le coeur à être épris : les affections  sont engagées, l’idole occupe la place d’honneur, des choses ou des personnes deviennent le bien suprême. Jésus a dit : « là où est ton trésor, là aussi sera-t-on coeur. » (Mat 6/21). Le coeur humain est une fabrique d’idoles. Comme au temps d’Ezéchiel, les êtres humains portent leurs idoles dans leur coeur (14/3). Il y a une vraie dévotion, un engagement immodéré envers la personne, l’idée, l’objet qui devient la valeur centrale d’après laquelle toutes choses seront évaluées. On peut alors parler d’un dieu et d’une adoration qui lui est rendue.

Tout peut devenir idole : la carrière, le travail, la réussite financière, un talent, une idéologie, une cause politique, la réputation, le succès dans le ministère, le pouvoir, la beauté, la modernité, la fierté ethnique etc. le coeur peut être contrôlé par l’idole et lui consacrer du temps, de l’énergie, de l’attention, de l’argent. Le mot « adoration » n’est pas trop fort. La famille, les attaches sentimentales peuvent aussi devenir des idoles, et ceci doit nous amener à comprendre que toutes les idoles ne sont pas forcément de mauvaises choses à la base : de bonnes choses peuvent aussi devenir plus importantes que Dieu dans nos vies. J’extrais et je vous livre le témoignage suivant d’une jeune femme, témoignage qui va nous montrer qu’élever quelque chose ou quelqu’un au-dessus de tout peut aussi générer des désirs écrasants. Nous aurions retrouvé cette jeune femme musicienne dans une église. Auparavant, elle a connu plusieurs années de sévère dépression. Ses parents voulaient qu’elle soit une artiste mondialement connue. Leur fille vouait un culte à l’opinion de ses parents. Elle jouait très bien du violon, mais pas suffisamment pour être au sommet. Vouant un culte à l’opinion et aux désirs de ses parents pour elle, elle n’arrivait pas à vivre avec l’idée qu’elle avait déçu ses parents et elle considérait sa vie comme un échec. Il  faudra l’Évangile, l’amenant à reconsidérer ses priorités en découvrant puis aimant Jésus plus que toutes choses et que tout être pour qu’elle retrouve son équilibre. Cette culpabilité n’était pas légitime, mais résultait du fait qu’une bonne chose était devenue excessive dans son coeur.

Partageons  pour finir quelques repères qui pourraient nous aider à identifier les idoles. Le premier a trait à notre imagination : à quoi pensons-nous lorsque que rien ne requiers notre attention ? Il est probable que l’idole meuble nos pensées.

Le deuxième a trait à la façon dont nous dépensons notre argent. Je ne parle pas ici de nos dépenses courantes, « existentielles » mais du reste. L’argent va en effet sans effort vers le plus grand amour du coeur.

Enfin, observons nos émotions les plus incontrôlables. Il est probable que certaines d’entre elles au moins ont quelque chose à voir avec ce qui tient une grande place dans nos coeurs.

Lui seul ! C’est la parole de Jésus, qui réclame l’exclusivité de la dévotion, et la priorité en toutes choses. Il faut vraiment que le dieu de ce siècle réussisse à aveugler notre intelligence pour que nous ne comprenions plus la grandeur de Dieu, la gloire du Fils unique Jésus, et que nous lui préférions d’autres causes quelles qu’elles soient. Qu’Il illumine les yeux de notre coeur, afin que ce coeur soit tout entier à Lui.