L’idolatrie (6)

Pascal COLLET
4 novembre 2012

L’idolatrie (6)

Nous concluons cette série sur l’idolâtrie en évoquant une possible autre idole : nous-mêmes ! Pas forcément et seulement à la manière d’un Nébucadnetsar (Dan 4/30) ; mais en revenant à la définition donnée auparavant de l’idole : est idole ce qui est plus important que Dieu dans nos coeurs. À cet instant, si je posais la question : « qui est la personne la plus importante : Dieu ou nous », je suis certain des réponses que j’entendrai. Avons-nous réglé le problème pour autant ? Probablement pas ! Au travers de quelques textes bibliques, nous essaierons de voir quelle est la personne qui est véritablement la plus importante pour nous. Le premier de ces textes se trouve dans l’Évangile de Luc, au chapitre 22, les versets 24 à 27. Ce texte se poursuit par la narration qui se trouve au chapitre 13 de l’Évangile de Jean.

Ainsi donc, la préoccupation des apôtres était de savoir qui d’entre eux était le plus grand. Puisque l’occasion de cette discussion était le dernier repas intérieur partagé dans la chambre haute avec Jésus, nous pouvons déduire que la raison de cette contestation étaient probablement les places occupées respectivement par les apôtres, ceux-ci cherchant la place d’honneur prés de Jésus. C’est futile n’est-ce pas ? Aussi futile qu’un certain nombre de nos occasions à nous, tant il est vrai que nous sommes facilement « divertis » au sens premier du terme, c’est-à-dire éloignés de l’essentiel. Cette question est typique de la nature humaine ; nous ne sommes pas surpris que les apôtres ne se soient pas disputés pour savoir qui était le plus petit. Il faut dire, que le plus petit aurait été amené à accomplir cet acte d’hospitalité consistant à l’époque à laver les pieds des hôtes. Il faut un vrai renouvellement intérieur pour aller dans le sens de la consécration à Dieu et donc du prochain. Ce renouvellement intérieur, Jésus en montre le chemin et l’exemple : Il est au milieu des Siens comme celui qui sert (v 27) ; dans la pleine conscience que le Père avait remis toutes choses entre Ses mains, qu’Il était venu de Dieu, et qu’Il s’en allait à Dieu, Il accomplit alors le travail dévolu à l’esclave : laver les pieds des disciples (Jean 13/3). Dans le royaume, le plus grand est donc celui qui sert avec un coeur pur. Mais notons la chose suivante en rapport avec notre pensée de ce matin : tant que les disciples sont occupés à leurs dispute sur leur grandeur respective, la grandeur de Jésus passe en arrière. Au moment où l’Esprit de Dieu témoigne au Fils de Dieu de Sa vraie grandeur l’amenant néanmoins à prendre le rôle de l’esclave, les disciples sont obnubilés par leur petite grandeur, et donc inaccessibles au témoignage du Saint Esprit. Comment pouvons-nous fixer les yeux sur Jésus si nous sommes obnubilés par notre propre personne ? Quelle est la personne qui est vraiment la plus importante ?

Faisons une autre lecture dans le premier livre des Rois, au chapitre 12 et au verset 28. La situation est la suivante : la nation d’Israël est divisée. Jéroboam est devenu roi d’Israël, c’est-à-dire des 10 tribus ; Roboam est devenu roi de Juda et Benjamin comprenant donc Jérusalem, le lieu de culte de la nation jusqu’à ce moment. Le problème de jéroboam est exposé au verset 27. Évidemment, cette réflexion est centrée sur l’homme et non sur Dieu ; Jéroboam tient à ses privilèges… « Après s’être consulté… ». L’expression prête à sourire : un homme qui se consulte lui-même ! Mais qu’en est-il des décisions issues uniquement de nos pensées ? Et quelquesfois , ces décisions sont mêmes issues de nos réactions colériques, ce qui est une raison pour savoir que ces décisions ne sont jamais spirituelles. Évidemment, être spirituel n’est pas être décérébré : Dieu nous a fait don d’une intelligence ; nous sommes capables de réflexion. La nouvelle naissance suivie de la marche avec Dieu opère un réel renouvellement de notre intelligence. Mais, nous pourrions aussi, en employant le vocabulaire de l’Ancien Testament, « consulter Dieu », c’est-à-dire nous inquiéter de ce qu’Il en pense Lui. Si nous avons cette réaction qui peut aussi devenir une habitude, alors la preuve est faite qu’Il est plus important que nous, puisqu’au lieu de nous consulter nous-mêmes, nous cherchons Son avis, Son conseil, Son approbation pour les suivre.

Lisons un autre texte dans le deuxième livre de Samuel, au chapitre 16, les versets cinq à 10. Ce texte nous ramène à la révolte d’Absalon qui entraîne la fuite de David pour sauver sa vie. Cette fuite est l’occasion pour Schimeï d’exhaler sa rancoeur. Évidemment, jamais il n’aurait osé le faire devant le roi « en exercice », mais un roi quasiment détrôné, cela autorise toutes les audaces aux lâches… Nous observons alors deux réactions diamétralement opposées : la réaction paisible de David pourtant ciblé de façon injuste et haineuse, et celle d’ Abishaï, dans la colère. Alors je pose la question : qu’est-ce qui nous met en colère ? Et en posant cette question, j’en pose une autre : sur qui sommes-nous centrés ? Car, à l’examen, tant de colères se manifestent parce que nous sommes centrés sur nous-mêmes. Quand nous vivons ce style de vie, les occasions  de colère sont multipliées : une déception, une incompréhension, une contrariété, une parole ou un silence… tout peut devenir une source de colère. Nous pourrions nous mettre en colère contre le diable, le péché et ses ravages, la tiédeur, l’incrédulité et cette colère nous porterait à prendre des résolutions et à intercéder dans la prière. Mais nous supportons ces choses et nous nous supportons pas ce qui touche à notre personne.

Qui est la personne la plus importante pour nous ? Quelle cause mérite notre passion ? Quelle cause vaut d’être défendue et aimée ? Celle de Christ, ou celle de notre personne ?

Je conclus par le texte qui se trouve dans l’Évangile de Luc, au chapitre cinq, le verset 28. Avez-vous remarqué comme nous avons du mal à  » laisser » ? Je n’évoque pas ici et maintenant ce qui peut toucher à l’appel au ministère, mais plus généralement la difficulté que nous avons à « laisser » pour Jésus. Nous préférerions une vie chrétienne capable de tout englober, Jésus et ce que nous aimons; nous préférerions une cohabitation, mais elle est bibliquement impossible. Certains ne sont pas contre le fait d’être sauvés, mais ils ne veulent pas abandonner leurs idoles ; les chrétiens ne sont pas contre le temps passé  dans le lieu secret, mais ils ne parviennent pas à laisser le téléviseur, le portable, l’ordinateur pour aller dans la présence du Seigneur. Nous ne sommes pas contre le fait d’être ici, dans la maison de Dieu, mais nous irons aussi ailleurs puisque nous y sommes invités et que nous n’avons pas l’intention de « laisser ». En laissant, Lévi a démontré de la plus claire des manières que Jésus était plus important que tout le reste.

Et c’est bien ainsi qu’il doit être, puisque c’est ce que le Dieu le Père veut : «… afin d’être en tout le premier ». (Col 1/18). Voilà la pensée de Dieu pour son fils bien-aimé, et non seulement Sa pensée mais la direction de Son oeuvre, telle qu’exposée dans les versets précédents. Rejoignons Dieu sur Sa pensée : Jésus-Christ n’est pas un intrus qui réclamerait une place qui ne lui reviendrait pas ; il est Dieu le fils, notre grand sauveur, il est l’agneau immolé, le Seigneur, le Roi des rois, le nom élevé au-dessus de tout nom, celui qui revient bientôt pour juger le monde. Nous ne voulons pas seulement combattre nos idoles, mais nous voulons surtout et avant tout donner à Jésus la place qui lui revient dans nos coeurs : qu’Il soit en tout le premier.