L’idolâtrie (3)

Pascal COLLET
14 octobre 2012

L’idolâtrie (3)

Nombreuses sont les idoles, et l’idolâtrie, c’est-à-dire ce qui est plus important que Dieu dans nos vies, ne se présente pas toujours de façon grossière ou évidente. Voyons le au travers de quelques facettes de l’histoire de Jacob et de Léa. Lisons dans le livre de la Genèse, au chapitre 25, le verset 28.Isaac le papa préfère donc son fils aîné et ce malgré la parole de Dieu dite au verset 23. Le voici vieilli, aveugle. Pour obtenir la bénédiction de son père avant sa mort, Jacob se fait passer pour Ésaü son frère. Il obtiendra effectivement par ce subterfuge la bénédiction désirée, mais en même temps il mettra sa vie en ruine. Haï de son frère qu’il a supplanté, il devra fuir loin de ses parents qu’il ne reverra jamais vivants. Sa fuite le conduit dans la famille de sa mère chez Laban qui a deux filles : Léa et Rachel. De cette dernière la Bible dit qu’elle était belle de taille et de figure. Jacob en tombe amoureux fou: il est prêt à travailler sept ans pour l’épouser, ce qui à l’époque était exorbitant pour une épouse : environ quatre fois le prix normal. Pourquoi ? Revenons à son arrière-plan : il est dévasté, solitaire, il s’est toujours su peu aimé de son père, il est maintenant loin de l’amour de sa mère, et il ne connaît pas encore grand-chose de l’amour de Dieu. Vient Rachel, la plus belle femme qu’il ait jamais vue. Et alors, nous pouvons penser qu’il s’est mis à « rêver »: « si c’était ma femme, tout irait mieux dans ma vie ». Arrivé à ce stade, rappelons-nous que l’une des formes d’idolâtrie, à laquelle nous ne pensons pas toujours, consiste à nourrir une recherche et une attente « divines » en dehors de Dieu. Je m’explique : l’être humain recherche, soupire, attend pour sa vie quelque chose que Dieu peut et veut lui donner. Le prophète ne disait-il pas de la part de Dieu que si Israël était attentif aux commandements divins son bonheur serait comme les flots de la mer ? Mais au lieu d’aller à Dieu, l’être humain va ailleurs : il s’imagine qu’un déménagement au soleil, près de la plage, dans un coin paradisiaque sera la solution pour sa vie ; ou bien il fait d’un mariage la condition d’un changement magnifique pour son existence ; ou bien comme nous le verrons tout à l’heure, c’est l’enfantement qui est idéalisé : le couple bat de l’aile, mais l’enfant à naître va tout arranger ! Or, aucune chose, aucune personne humaine, aucun lieu n’est qualifié pour ce rôle. Quand l’attente atteint de tels sommets, l’objet de notre amour qui, à la base peut-être  une bonne chose, devient un dieu. C’est pourquoi, je pose une question apparemment déplacée : qui est réellement le Sauveur de nos vies ?

Lisons maintenant dans le livre de la Genèse, au chapitre 29, les versets 18 et 19. Jacob va donc travailler sept années pour Rachel la cadette. Il décrira le dur labeur de ces années au chapitre 31, les versets 39 et 40. Les sept années ont passé, voici venu le temps de l’accomplissement ; lisons les versets 21 à 27. Laban a donc profité de l’amour fou de Jacob, et en même temps quelle leçon pour ce dernier : le mot « trompé » du verset 25 est le même qu’en Genèse 27 pour décrire ce que Jacob avait fait à son père Isaac. Jacob avait profité de l’obscurité des yeux d’Isaac pour le tromper ; Laban profite de l’obscurité pour tromper Jacob.

Venons en maintenant à Léa, et lisons toujours au chapitre 29, mais le verset 17. S’agit-il d’une vue mauvaise ? La suite du verset, qui oppose la beauté physique de sa soeur à la délicatesse des yeux de Léa indiquerait plutôt quelque chose qui désavantageait Léa par rapport à Rachel et à sa beauté, quelque chose de disgracieux peut-être, qui aurait empêché un homme de l’épouser. Pour Laban, l’amour fou de Jacob était une aubaine à plus d’un titre ! Lisons maintenant les versets 30 et 31. Léa n’était-elle pas « la fille dont personne ne voulait » ? Dieu vit qu’elle n’était pas aimée. À partir de là, elle va tenter de trouver le bonheur et la valeur dans la maternité. Elle va enfanter des fils qui chacun vont dire sa souffrance, et son attente « divine » : lisons les versets 32, 33,34. « Si j’ai des fils, mon mari m’aimera ; fini mon malheur » telles étaient la recherche et l’attente de Léa. Mais, ça ne marche pas ! Les idoles génèrent des désirs écrasants, de fausses croyances, des désillusions terribles ou quelquefois salutaires.

Maintenant, il s’est passé quelque chose après la naissance du troisième fils et avant la naissance du quatrième. Lisons au verset 35 ; le nom est un message, or, ici il n’y a plus aucune mention du mari et de l’attente excessive et immodérée de Léa à son égard. « Cette fois, je louerai l’Eternel ». Quelle évolution ! La voilà maintenant centrées sur Dieu et plus sur sa souffrance ; elle a trouvé malgré tout son contentement en Dieu. Cette évolution n’annoncent-elle pas la révolution spirituelle mise en lumière par le nouveau testament, d’un coeur visité par la grâce de Dieu qui surpasse les circonstances difficiles ?

Pour finir, allons dans l’Évangile de Matthieu, au chapitre premier, les versets un et deux. « Jacob engendra Juda ». Le salut en Jésus-Christ est donc venu non par Rachel, mais par Léa. Jésus-Christ est réellement le fils, le descendant de Léa, la femme dont personne ne voulait. Il est né dans une étable parce qu’il n’y avait pas de place pour ses parents dans l’hôtellerie ; Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire ; Il a été méprisé abandonné, dédaigné ; nous avons détourné notre visage de lui ; Il a été trahi, rejeté ; et sur la croix, étant fait péché pour nous, Dieu L’a abandonné. Mais tout cela, ajouté à sa vie sainte et à sa résurrection, a fait de Lui le Sauveur, celui qui vient pour nous libérer de tous nos sauveurs humains, de toutes ces idoles dont nous attendons tant, alors que c’est en Jésus que nous avons tous pleinement.