l’homme intérieur renouvelé

Pascal COLLET
6 juin 2010

l’homme intérieur renouvelé

Nous lisons dans la deuxième épître aux Corinthiens, au chapitre quatre et au verset 16.

Par « l’homme extérieur », nous entendons le corps, avec ses faiblesses, ses limitations, ses infirmités. Mais, l’affaiblissement ne doit pas toucher « l’homme intérieur » par lequel nous entendons notre esprit, pénétré par le Saint Esprit qui, tout au contraire, vit un renouvellement journalier. Telle était l’expérience de l’apôtre Paul.

Nous sommes gravement menacés quand l’affaiblissement touche aussi l’homme intérieur. Paul, par le Saint Esprit nous avertit dans la deuxième épître à Timothée que dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. « Car les hommes seront… Les chrétiens sont aujourd’hui confrontés à ce que les hommes sont. C’est ce qui explique notamment que le monde du travail soit devenu si pénible à un grand nombre de chrétiens. On y retrouve souvent la cupidité qui se décline sous le vocable de rentabilité, incluant un rythme de travail fou, des pressions de toutes sortes qui provoquent une grande fatigue physique, nerveuse, psychique. D’autres sont confrontés souvent à l’irrespect, à la déloyauté, à l’insensibilité, à la violence. Ils ont peur. Ils ont le sentiment d’être trompés, manipulés, utilisés ce qui semble souvent être le cas. «… Les hommes seront… »

Il ne semble pas qu’il y ait beaucoup d’espoir d’amélioration à nourrir de ce côté-là. Pour autant, le texte de ce matin est un défi pour nous. Pouvons-nous vivre  ce que Paul vivait ? Tordons le cou à une idée fausse qui voudrait qu’on ne pourrait vivre une vie spirituelle normale que dans des conditions favorables. Au même chapitre que notre lecture, lisons les versets huit et neuf. Voilà en quelques mots l’existence de l’apôtre : «… pressés de toute manière… dans la détresse… persécutés… abattus… » Et, dans ce type d’existence, l’expérience quotidienne du renouvellement de l’homme intérieur. Nous prenons conscience que la grâce de l’Esprit Saint est faite pour s’ incarner dans notre réalité et non pour nous procurer un monde où tout le monde serait beau, bon, gentil.

Mais allons plus loin que le constat fait ci-dessus : oui les chrétiens sont stressés, fatigué par un monde qui n’est pas le leur. Et voilà alors que souvent la tentation se présente presque naturellement, sans crier gare : après une journée de problèmes, de tensions voilà que nous sommes tentés de nous asseoir devant l’écran, ou d’entreprendre la lecture d’un roman, ou de faire une sortie entre copines. Une journée, plus une autre, plus une autre… et voilà que la tentation se transforme en piège car ce faisant, l’homme intérieur est négligé et il ne peut donc pas être renouvelé. Le chrétien se rassurera peut-être en disant qu’il fera l’effort d’aller au culte le dimanche matin, mais ce fait-là ne remplacera pas le renouvellement journalier qui n’existe plus. Toutes proportions gardées, ceci peut évoquer les dispositions des disciples à Gethsémané ; l’évangéliste Luc qu’ils se sont endormis de tristesse c’est-à-dire que leur âme, lourde, pesante, avait perdu l’acuité pour discerner le moment qu’ils vivaient et son danger, et la vivacité ou plus exactement la vitalité spirituelle pour prier et s’associer à Jésus, qui lui dans la prière fut fortifié du ciel, nous dirions fut renouvelé dans Son être intérieur. Le ciel justement ! Pas seulement en rapport avec la gloire à venir, mais comme représentant ce qui nous est communiqué par le Saint Esprit et dont nous avons absolument besoin. Mais là, c’est le ciel ou c’est la terre! Ce sont les activités de la terre, où un temps de communion avec le Seigneur.

Alors, ces temps-ci difficiles ne sont-ils pas aussi un appel de Dieu ? Les êtres humains  ne connaissent que la vie du corps et la vie psychique. Les chrétiens ont reçu le don de la vie éternelle, c’est-à-dire la vie même de Dieu qu’on appelle aussi la vie spirituelle. Notre source est donc à part. Il y a vraiment un appel de Dieu à discerner tout d’abord ces « derniers jours  » et leurs menaces particulières, puis à choisir de privilégier la vie spirituelle. Et là il  faut d’abord du courage, le courage de raisonner autrement : alors que les difficultés nous amèneraient dans les choses de la terre pour nous détendre comme si c’était de cela dont nous avions prioritairement besoin, il faut avoir le courage de penser différemment et de réaliser que notre besoin premier c’est bien d’entretenir la communion avec Dieu par le moyen de laquelle nous allons vivre ce renouvellement.

Bien-aimés, qu’attendons-nous ? Que les choses d’ici-bàs changent ? Que le cours de ce monde nous encourage à la foi ? Que le monde nous sourit ? L’un dit peut-être : « quand ça ira mieux dans mon travail, j’irai mieux dans ma vie spirituelle ». Mais cette pensée est fausse. Nous pouvons comme l’apôtre Paul être pressés de toute manière et renouvelés dans l’être intérieur.

Lisons maintenant dans le livre du prophète Esaïe, au chapitre 40 et au verset 31. Sans Dieu, le plus fort se lasse; par Lui, le plus faible se relève sans cesse. Mais remarquez bien que le renouveau divin n’est pas donné pour se prélasser mais pour marcher et courir. Une traduction dit : «… Ceux qui retrempent leur énergie… »

Entendons la prière de Samson. Il vient de passer une journée pénible lui aussi, puisqu’il a d’abord vécu la pression d’être trahi par les siens. En effet ce sont les hommes de Juda qui le livrent aux Philistins. Puis, saisi par l’Esprit de Dieu il entre dans un combat étrange avec une arme étrange : une mâchoire d’âne avec laquelle il tue 1000 adversaires. On comprend donc son épuisement lorsqu’il invoque Dieu : «… Maintenant mourrais-je de soif, et tomberais-je entre les mains des incirconcis » ? Alors Dieu fend la cavité du rocher pour qu’il en sorte de l’eau. Samson boit, son esprit se ranime. D’un côté le miracle de Dieu, de l’autre l’action de l’homme en vue de son renouvellement. Mais la source divine n’est-elle pas ouverte pour nous de puis 2000 ans ? La mort, la résurrection et l’élévation en gloire de Jésus ne constituent-t-elles pas une source toujours ouverte et disponible ? Allons y boire ! Laissons les autres choses ! Nous avons été pressés de toute manière ? Raison de plus pour nous retrouver avec le Seigneur et vivre avec et par Lui ce renouvellement de l’homme intérieur.