les muets parlaient…

Pascal COLLET
26 octobre 2014

les muets parlaient…

Nous lisons dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 15, les versets 30 et 31.

Avant d’en venir aux muets qui parlaient suite à l’action de Jésus, il faut rappeler qu’il y a des silences de valeur, ou encore, un bon mutisme. Celui indiqué dans le livre des Proverbes, au chapitre 26 et au verset 20. Le silence est préférable à tout ce qui peut allumer un feu mauvais chez le prochain. Dans le même ordre d’idées, nous avons dans l’épître aux Ephésiens, au chapitre quatre et au verset 31 l’indication de réaction devant une offense, avec l’exhortation  à faire disparaître le tumulte du coeur et de la bouche. Ce silence est un silence paisible en ce qu’il indique que la paix règne dans le coeur, et en ce qu’il fait de celui qui le vit un artisan de paix.

Il y a un étonnant silence de soumission, que nous trouvons dans le livre du Lévitique, au chapitre 10 et au verset trois. Il est difficile pour des parents de rester silencieux  lorsque leurs enfants sont en cause  ! Ici, nous avons un père qui se soumet au jugement de Dieu concernant ses propres enfants.

Il y a le silence de la confiance, tel qu’il est indiqué par exemple dans le livre des Lamentations de Jérémie au chapitre trois et au verset 26. Non que nous ne puissions pas à faire connaître à Dieu nos besoins dans la prière, mais ce silence est opposé aux cris, aux récriminations et plus généralement à toute parole exprimant le doute. C’est Dieu  qui disait à Moïse concernant le peuple d’Israël : « pourquoi ces cris » ? Et c’est Moïse de la part de Dieu qui dira au peuple : « gardez le silence ». Il est vrai que le silence aurait été préférable aux récriminations indiquées quelques versets auparavant. ( Ex 14/11-15).

Enfin, mêlant le premier silence et le dernier, nous avons David qui s’exprime au Psaume 37 dans les premiers versets. Il campe un homme confronté à l’injustice, à la victoire momentanée du méchant, et nous savons que ces faits poussent à parler… Or, au verset sept, il est écrit : « garde le silence devant l’Eternel… ».

Ceci posé, revenons à notre texte d’introduction. La puissance divine agissait sur la langue des muets. Jésus produisait une oeuvre pour que l’être humain puisse parler. Cette oeuvre fait partie des signes du royaume à venir, telles que nous les trouvons décrits au chapitre 35 du prophète Esaie. Parmi ces signes du renouvellement de toute chose  opéré sous le règne de Jésus-Christ, nous lisons que la langue du muet éclatera de joie. Dans cette langue qui éclate de joie, quelle grâce vécue par celui qui en bénéficiera, et quelle grâce communiquée à ceux qui constateront ces choses. Ceci me fait penser au texte de Paul aux Ephésiens, lorsqu’il parle d’une bonne parole qui donne une grâce à ceux qui l’entendent ; une grâce peut-être donnée par une parole humaine !

Évidemment, il faut rappeler le lien étroit qui existe entre la bouche et le coeur : c’est de l’abondance de celui-ci que celle-là parle ! Un autre texte mérite d’être cité : 2 Corinthiens 6/11. C’est parce que le coeur s’élargit que la bouche s’ouvre. L’action de Dieu peut donc porter sur le coeur (un coeur touché parlera) ; elle peut aussi porter sur la bouche pour nous amener à surmonter les divers obstacles pour de bonnes paroles prononcées et entendues.

Il  s’agit donc dans notre optique ce matin de faire vivre notre communion avec Dieu. Elle n’est certes pas faite que de paroles, mais elle les inclut toutefois. Que penser d’un couple muet, dans lequel l’un et l’autre vivraient côte à côte sans plus rien échanger ? Faire vivre notre communion avec Dieu, ou la faire exister, ou la rétablir : lisons ensemble le texte du livre du prophète Osée, au chapitre 14, les deux premiers versets. Le coeur doit revenir à Dieu, et il doit prendre avec lui des paroles qui devront être dites à Dieu.

Ajoutons à ce texte un petit florilège biblique de paroles simples qui sont susceptibles de faire vivre notre communion avec Dieu.

Allons dans l’Évangile de Luc, au chapitre 18, le verset 13. Cet homme ne se présente pas comme un pécheur parmi tant d’autres, mais littéralement, comme le pécheur, pour dire : le pécheur que je suis. Il l’a dit ! Ces paroles comme toute parole exprimant la repentance de l’être humain envers Dieu sont devenus rares aujourd’hui, même dans nos églises, mais quelle valeur ont-elles ! Dieu entend, reçoit et exauce de telles paroles.

Poursuivons dans l’Évangile selon Marc, au chapitre neuf, le verset 14. Nous avons là une réponse à la parole divine, et je note que cette parole était à peine prononcée, que la réponse a jailli. Et avec cet élan, dans la vérité, une demande d’aide dans le combat qui se livrait dans le coeur pour la foi.

Allons maintenant dans l’Évangile selon Jean, au chapitre 21 et au verset cinq. Je suis convaincu qu’au-delà de ce récit, nous avons affaire ici à l’une de ses voies divines, c’est-à-dire à l’une des manières d’agir de Dieu. La question posée par Jésus, qui à ce moment-là est encore un inconnu sur le rivage, implique un constat difficile à faire, et encore plus à dire : que des pêcheurs professionnels n’aient rien pris pendant une nuit de pêche, ce n’est pas banal. « Non » répondirent-ils à Jésus. Pareillement, il peut nous être difficile de faire le constat de ce que nous n’avons pas, non pas un constat pour nous maintenir dans l’incrédulité ou le défaitisme, mais comme une voie de passage pour vivre une autre réalité. Nous pouvons-nous aussi dire au Seigneur : « non, je n’ai pas fait l’expérience du salut ; non, je ne suis pas rempli du Saint Esprit ; non, j’ai du mal à renoncer à moi-même en m’identifiant à Jésus… ». Il y a une suite au constat : Jésus parle pour que la situation change, et si l’être humain obéit, elle change vraiment, de telle sorte que l’aboutissement à ce constat prononcé fut une oeuvre magnifique du Seigneur, amenant une parole simple qui peut être une parole d’adoration : « c’est le Seigneur ! » (verset 7).

Si nous pouvons être amenés à dire « non »  au Seigneur dans certains cas, nous pouvons aussi être amenés à Lui dire « oui ». Lisons dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre neuf et au verset 28. Mesurons ce que cela peut représenter de dire oui à Jésus !

Allons maintenant dans le livre de Néhémie, au chapitre cinq et au verset 13, puis au chapitre huit et au verset six.  « Amen » est le mot qui exprime ce qui est assuré, vrai, fiable et donc digne de foi. C’est donc aussi le mot que nous utilisons pour marquer notre adhésion à ce qui est dit, soit de la Bible,soi-même d’une prière ( 1 Cor 14/16).

Et puis, et pour finir, toute confession en accord avec l’Évangile est digne d’être prononcée pour faire vivre notre communion avec Dieu. La confession de notre foi en Jésus lors de notre baptême, à laquelle se réfère probablement le texte d’1 Timothée 6/12. Et plus largement, toute proclamation visant à honorer le Seigneur. Alors que l’apôtre Paul développait l’enseignement sur le salut qui ne peut pas être par la loi puisque celle-ci n’a pas de puissance contre le péché et la nature mauvaise de l’être humain, et sachant où il allait bientôt arriver dans l’expression de l’oeuvre de Dieu, n’y tenant plus, il s’exclame interrompant son raisonnement  : « grâce soit rendue à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur !… » ( Rom 7/25).

Jésus faisait parler les muets. Faisons vivre notre communion avec Dieu par des paroles à propos. Les mots peuvent être simples comme ceux cités plus haut,  pourvu qu’ils soient vrais.