Le jeûne biblique

Pascal COLLET
16 juin 2013

Le jeûne biblique

Nous lisons dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 17, les versets 19 à 21. Arrêtons-nous ce matin sur la pratique du jeûne.

Ce texte nous dit déjà que des victoires spirituelles sont liées à cette pratique.

Il me semble que la première chose à dire concernant le sens du jeûne, c’est que celui-ci nous rend disponibles devant Dieu. Nous avons aujourd’hui tant de sollicitations dont beaucoup sont sans importance, qu’il y a là un vrai défi à relever au-delà même de la pratique du jeûne. Trouvons-nous encore du temps, le temps qu’il faut, pour Dieu et les choses de Dieu ? Nous avons certainement besoin de la vitamine « non » à fin de réserver du temps pour Dieu et pour notre vie spirituelle. En ce qui concerne le sujet qui nous intéresse ce matin, nous allons donc  librement laisser une chose légitime : un repas, pour Dieu. Ce faisant, nous signalons quelque chose à Dieu, qu’Il va reconnaître : Il est plus important que ce qui est important. Nous nous passons d’une chose nécessaire, légitime et bonne (un repas), pour une autre,  meilleure : l’intimité avec Dieu. En nous privant volontairement de quelque chose de légitime, nous signalons notre soif, notre besoin, et plus que toutes les bénédictions que nous pourrions souhaiter, c’est bien de Lui, de Sa personne dont nous voulons nous approcher. C’est ce que j’appelle être disponible devant Dieu.

Ceci n’est pas une grève de la faim ! En général, celle-ci est engagée dans « un bras de fer « , dans une opposition avec l’intention de faire plier l’autorité par ce moyen. Ceux qui se mettent en grève de la faim espèrent que l’autorité changera de décision par peur des conséquences de la grève de la faim. Le jeûne n’est pas un moyen de pression, mais une offrande à Dieu. Comme l’a dit quelqu’un, l’homme s’offre à Dieu comme la toile s’offre au peintre, ou le marbre s’offre au sculpteur.

Dans le même esprit, évitons de mêler le jeûne à une forme de compétition : « j’ai jeûné X jours ». Outre les dangers éventuels, croyons-nous d’abord que la performance impressionne Dieu ? Et ensuite, que cet état d’esprit serait celui du vrai jeûne ?

Dans la Bible, comme pour nous, c’est souvent un besoin qui est l’élément déclencheur du jeûne : lisons les textes suivants :2 Chro 20/1-3; Néh 1/4; Esther 4/3. Je pourrais aussi ajouter la mention du jeûne dans le livre des Actes des apôtres en rapport avec le choix par Paul et Barnabas d’anciens pour chaque église, et non seulement en rapport avec le choix mais aussi avec leur accréditation.

Le schéma pourrait être le suivant : je jeûne pour que les circonstances changent. Il semblerait alors qu’il faudrait modifier ce schéma pour donner au jeûne son sens plein : je jeûne pour que je change face aux circonstances.

Allons maintenant dans le livre du prophète Esaie, au chapitre 58, les cinq premiers versets. Ils jeûnaient, mais pas comme Dieu aurait souhaité qu’ils le fassent. Ils jeûnaient mais rien ne changeait dans leur comportement. Ce jeûne auquel Dieu ne prenait donc pas plaisir nourrissait leur frustration et leur mécontentement.

Qu’en sera-t-il de nous ? Dans le jeûne, nous nous approchons de Dieu. À sa lumière alors, nous réalisons ce qu’est notre coeur: telle disposition, tel ressentiment, telles paroles, telle faute… Etc. tout ce qui a attristé le Saint Esprit. Ces choses-là « sortent » de nos vies par la confession à Dieu. Il  s’opère une purification, un changement. Notre esprit est éveillé, réveillé, réanimé,  stimulé, débarrassé de toute pesanteur, vivifié. Il  retrouve cet accord avec la pensée de Dieu, une fraîcheur nouvelle, une force de communion, et de concentration sur ce que Dieu veut. Et alors, et là nous revenons à notre texte de départ, nous devenons à nouveau capables parce que nous avons changé, d’affronter les circonstances en disant à cette montagne…

La montagne est ici l’image de ce qui contrecarre le dessein de Dieu, s’y oppose. Elle doit céder la place. Peut-on imaginer que quelqu’un qui aurait perdu l’intimité avec Dieu puisse non seulement parler ainsi, (ce qui est toujours possible car on peut jouer au perroquet), mais surtout avoir une vue si claire et une force si renouvelée, que nous saurons exactement quoi faire pour affronter cette montagne ?

Les plaintes du peuple d’Israël font peine à entendre mais elles nous ramènent aussi aux nôtres, quelquefois hélas accompagné de résignation, qui ne doit pas être confondue avec la paix dans l’adversité.

Nous avons nous aussi des montagnes à affronter ; rendons-nous disponibles devant Dieu, et si nous jeûnons, faisons-le pour changer face aux circonstances.