L’assemblée:pourquoi la quitter?

Pascal COLLET
15 juin 2014

L’assemblée:pourquoi la quitter?

Nous lisons dans l’épître aux Hébreux, au chapitre 10, le verset 25.

Nous parlons bien de l’assemblée, telle qu’elle nous est présentée dans le nouveau testament. Pourquoi l’abandonner ? C’est-à-dire, quelles sont les raisons invoquées (ou non) qui amènent un disciple de Jésus à l’abandonner.

La première raison tient aux épreuves et difficultés rencontrées quelquefois par des chrétiens. Je ne peux mieux répondre à ces situations qui amènent  quelques-uns à « prendre du recul » avec l’assemblée, qu’en me remémorant cette histoire vraie : un jeune chrétien interrogeait un vieux chrétien sur le sens de l’assemblée, sur sa nécessité. À un moment, le vieux chrétien s’est levé sans un mot, a retiré une bûche de la cheminée ou elle se consumait avec d’autres, et l’a posée à l’écart. Il est ensuite revenu s’asseoir, toujours sans rien dire. Au bout de quelques minutes, la bûche qui auparavant produisait de la flamme et de la chaleur n’était plus qu’un bois noirci et fumant. Le jeune chrétien a compris la leçon de choses. Mais au-delà de ça, il y a ce témoignage inspiré par le Saint Esprit et qui traverse les siècles, proclamant qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble, et ajoutant que c’est là que Dieu envoie la bénédiction, la vie, pour l’éternité (Ps 133/1;3). J’ajoute ce texte un peu étrange qui se situe dans le livre des Actes des apôtres, au chapitre 14, les versets 19 et 20. Paul est laissé comme mort après avoir été lapidé, mais les disciples l’entourent et il se relève ! Il y a sans aucun doute une application à faire de ce texte à l’utilité de l’assemblée.

La deuxième raison qui peut amener à abandonner l’assemblée, c’est la non compréhension du dessein de Dieu pour former Christ en chacun de nous, au travers  aussi de l’assemblée. Cette incompréhension s’explique soit par l’ignorance, soit par le refus de prendre en compte un enseignement qui aurait été donné. Ce dessein de Dieu est manifesté par une expression qui revient souvent dans le nouveau testament : « les uns les autres  ». Et c’est dans cette vie d’assemblée, que nous apprenons l’amour, la patience, le support, le service, le pardon … etc. Je fais une rapide digression, en citant la transcription  Parole Vivante, qui donne ainsi notre texte d’introduction : « ne prenons pas comme certains l’habitude de manquer nos réunions ». Bien sûr, des contraintes existent et peuvent empêcher l’un ou l’autre de se joindre au rassemblement. Bien sûr aussi, nous parlons là d’une « vraie » réunion, où Dieu est honoré, où Christ est le centre, où la Parole de Dieu n’est pas seulement citée dans quelques versets qui servent quelquefois d’alibi, mais où elle est révélée avec tout ce que cela engendre dans les coeurs bien disposés. La réunion, n’est pour nous rien d’autre que « l’assemblée de l’église entière » ( 1 Cor 14/23). Cette réunion vaut mieux qu’un match de foot de la coupe du monde ; qu’un match de foot avec l’équipe de France ; qu’un repas d’anniversaire (je n’ai rien contre de tels repas, mais pas à la place de l’assemblée de l’église entière) ; qu’un barbecue entre chrétiens. Nous parlons ici de la valeur respective des choses, et du résultat dans le temps de la participation ou non à l’assemblée de l’église entière.

La troisième raison est liée à l’isolationnisme. Bien des idées circulent aujourd’hui sur ce que devrait être l’église, ou même sur le fait que l’église locale ne serait pas dans le plan de Dieu. Les partisans des églises de maison ont raison de dire qu’à l’époque du nouveau testament, les chrétiens n’avaient pas de lieu dédié comme nous, et qu’ils se réunissaient dans les maisons. Mais si l’obéissance au nouveau testament est ainsi comprise, c’est-à-dire jusque dans les détails culturels d’une époque, alors nous invitons les tenants de cette pensée à obéir totalement et selon leurs idées au nouveau testament, en adoptant dans tous les domaines de leur vie le mode d’existence de l’église du premier siècle, et des chrétiens du premier siècle! Nous sommes très attachés à l’obéissance au nouveau testament, c’est-à-dire aux principes et aux faits spirituels, ainsi qu’aux commandements de l’Ecriture.Les isolationnistes sont souvent dans un sentiment marqué de supériorité : outre que ce sentiment cadre mal avec l’humilité, comment peut-on penser que ne plus avoir de vis-à-vis serait meilleur ? Quelle est donc cette piété qui consiste à faire le vide autour de soi ? Relisons le texte qui se trouve dans l’épître aux Hébreux, au chapitre 12 et au verset 14. Nous tronçonnons quelquefois ce texte ! L’indispensable sanctification personnelle va de pair avec des relations fraternelles. Par ailleurs, une des raisons du « vivre ensemble » maintenant n’est-elle pas aussi que nous sommes appelés à vivre ensemble dans la gloire ?

Une dernière raison, jamais assumée mais pourtant très courante de l’abandon de l’assemblée, consiste dans le refus de la repentance. En voici le schéma : un chrétien fini par se révéler dans sa vie d’église. Il y est alors défavorablement connu. Ne supportant pas ceci, il abandonne l’assemblée pour une autre dans laquelle il sera d’abord inconnu du pasteur et des chrétiens. C’est une manière assez facile de se refaire une virginité spirituelle au moins pour un temps. Ce schéma est un fait constaté, mais pas assumé : les raisons données par le chrétien abandonnant l’assemblée cherchent à placer la responsabilité de ce choix sur le pasteur, les anciens, les frères et soeurs.

Je suis convaincu que le Seigneur nous demande de voir autrement. Et voilà de quelle façon : si l’assemblée a constaté la tiédeur d’un chrétien, qu’il y ait un autre temps où elle constatera sa ranimation spirituelle. Si elle a constaté l’infidélité, qu’il y ait un autre temps où elle constatera le retour à la fidélité. Si elle a constaté le désengagement, qu’il y ait un autre temps où elle constatera l’engagement. Si elle a constaté le mauvais caractère et la vie de la chair, qu’il y ait un autre temps où elle constatera le changement. Si elle a constaté car entendu les paroles mauvaises, qu’il y ait un autre temps où elle entendra des bonnes paroles, édifiantes. Ceci est assurément à la gloire de Dieu. Ceci est conforme au perfectionnement des saints. Quelle gloire il y a dans cette évolution ! Quels progrès personnels ! Quels bons moments ! Quel encouragement pour tous, car dans de telles attitudes, il est manifeste que Dieu est à l’oeuvre et non pas la chair. Mais tout ceci passe par la repentance.

N’abandonnons pas notre assemblée !