La séduction: séduit par un être humain

Pascal COLLET
8 janvier 2012

La séduction: séduit par un être humain

Nous lisons dans l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 24, le verset quatre, et nous appliquons la réponse de Jésus non seulement aux différents dangers des temps de la fin, mais à l’horizon le plus vaste possible : que personne ne nous séduise.

Le mot latin signifie tirer à l’écart, conduire ailleurs ; nous comprenons donc qu’il s’agit de détourner quelqu’un de son chemin. La séduction est donc une attraction : la personne séduite est conquise. Pour amener à lui, le séducteur doit attirer, et pour y parvenir, déployer une stratégie nourrie par les apparences : il met en valeur son physique, il éblouit par ses paroles, il use avec habileté  de son regard, sa voix, ses gestes. La séduction porte donc en elle la ruse, la manoeuvre, le mensonge. Dans l’évolution historique des mots, le mot « séduire » a quelquefois signifié « plaire » dans le vocabulaire français.

Je définis ainsi la séduction : une tromperie qui plaît. Dans la Bible, nous pouvons être séduits par le diable, des esprits séducteurs, l’antichrist, les richesses, le péché, et nous-mêmes (1 Jean 1/8). Nous nous arrêtons ce matin sur la séduction opérée par des hommes et des femmes.

Quelques textes bibliques pour poser ce fait :Ep 5/6; 4/14; Tite 1/10; Col 2/4.

La séduction peut donc s’opérer par la parole, les « discours séduisants ». Je relevais il y a quelque temps ce qui été noté concernant le pouvoir de fascination d’un homme dont les actes évoquent spontanément le pire dans le mal, Hitler, dont il était dit qu’il avait la capacité de sentir ce qu’un auditoire voulait entendre et de l’exprimer d’une manière telle qu’il provoquait l’adhésion et l’enthousiasme (…).

On peut séduire par l’apparence : un homme politique reconnu en son temps comme solide, travailleur, consciencieux, énergique, intègre, voyait son avenir bouché parce qu’il était terne. Il a fallu organiser la séduction de l’électeur, et ceci se fait déjà à l’époque, il y a plusieurs dizaines d’années, par l’embauche de conseillers en communication car « tout est question d’image »! Qui dit image, dit médias : ses conseillers mirent sur pied les émissions en forme de spectacle avec un décor coloré, des jeux de lumière, des paillettes, un public qui applaudit, bref un show ! Mais faisons-nous plus précis avec quelques textes des Ecritures. Allons maintenant dans le livre des Proverbes au chapitre 16, le verset 29. Le violent peut fasciner : il est » no limit », sûr de lui, bravant l’autorité, la règle, la sanction, celle-ci pouvant même renforcer son charisme auprès des autres. Ses exploits sont enviables ; comment rester à l’écart d’un tel homme, quand celui-ci habite notre cité, notre immeuble, appartient à un notre groupe scolaire ou professionnel, car je pense surtout aux adolescents si influençables à leur âge ? Un autre texte faisant suite au précédent se trouve dans le même livre, au chapitre premier et au verset 10. On sent monter en lisant les versets suivants, une sorte d’excitation au mal, accompagnée de promesses de réussite et d’enrichissement. Or, dira Jésus bien plus tard, la séduction des richesses est une réalité.

Mais la séduction peut prendre d’autres formes : lisons dans le livre de Daniel, au chapitre 11, le verset 32, et dans l’épître aux Romains, au chapitre 16, les versets 17 et 18. Dans ces textes, la séduction s’opérera par la douceur et la flatterie. Flatter, c’est louer, complimenter ; non qu’il ne faudrait plus faire de compliments quand ceux-ci sont justifiés et vrais, mais reconnaissons que notre âme qui est une caisse de résonance peut être particulièrement sensible aux paroles gentilles, aimables, et ce notamment lorsque nous rencontrons des circonstances difficiles. Un homme politique disait pour expliquer son succès : « je ne refuse jamais ; je ne contredis jamais ». Nous avons un prototype du séducteur en la personne d’Absalom, dans le texte situé dans le deuxième livre de Samuel, au chapitre 15, les versets deux à six. Ne pensons pas qu’il avait quelques égards pour ces gens qu’il embrassait : c’est lui qu’il sert et non eux ! Il a besoin d’eux dans son entreprise visant à « devenir calife à la place du calife » ! Comment faire pour accomplir son plan ? Il faut séduire. Comment séduire ? De la manière indiquée dans les versets lus. Quand Segont dit : « il gagnait le coeur des gens »,Darby traduit « il dérobait le coeur des gens ».Ou, comment se faire voler en étant consentant…

La Bible mentionne aussi la séduction féminine : lisons dans le livre des Proverbes, au chapitre sept, le verset 21 ; puis au chapitre six, le verset 25. Ces « paupières » qui peuvent être séduisantes nous renvoient au texte du deuxième livre des Rois, au chapitre neuf, le verset 30.Jéhu a reçu de Dieu la vocation d’être un « nettoyeur » ! C’est une vocation un peu particulière, mais il commence à la remplir, et Jézabel l’apprend. Le voilà même arrivé dans la ville où elle habite. Que fait-elle ? Fuit-t-elle ? Non. Prépare-t-elle une défense armée ? Pas davantage. Elle met du fard à ses yeux : elle sait que devant la détermination de Jéhu, son seul espoir est dans la séduction. Comprenez-vous quelque chose avec ce texte, au plan spirituel ?

Quelqu’un vous a-t-il séduit ? Un violent ou au contraire un « gentil » ? Une femme frivole ? Un beau parleur? Le Seigneur vous invite alors à sortir de la séduction, en Le rejoignant sur le terrain de Sa Parole, de la vérité. « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira ». Jean 8/32.