La séduction: se séduire soi-même!

Pascal COLLET
22 janvier 2012

La séduction: se séduire soi-même!

Nous lisons dans la première épître de Jean, au chapitre premier, le verset huit. Il est possible que nous nous séduisions nous-mêmes ! Le fait est établi par d’autres lectures :Es 44/20; 1 Cor 3/18; Gal 6/3; 2 Pi 2/13.

Allons maintenant dans l’épître de Jacques, au chapitre premier et au verset 22. Ce verset en dit plus qu’il ne semble sur la séduction, qui consiste à élaborer des faux raisonnements.

Quels chrétien dirait ouvertement : « je choisis de désobéir à la parole de Dieu » ? En dehors de la repentance qui nous amène à dire les choses dans la vérité, personne n’oserait dire cela même si c’était justifié, afin d’éviter de créer une mauvaise impression. Pour éviter cet aveu, la personne concernée va donc trouver quelque chose de « présentable » qui lui permettra de justifier la non mise en pratique de la Parole de Dieu ; elle va donc élaborer un raisonnement qui sera forcément un faux raisonnement. Tout ce qui s’immisce entre la Parole de Dieu et nous peut être qualifié de faux raisonnement. Il peut être habile, convaincant, intelligent, si nous n’obéissons pas à Dieu, c’est un faux raisonnement. La nature humaine est passée maître dans l’habileté à les concevoir. Nous en avons un bon exemple avec le roi Jéroboam dont il est question dans le premier livre des Rois, au chapitre 12 et au verset 26. La division du royaume vient de s’opérer : d’un côté Roboam avec les tribus de Juda et Benjamin à Jérusalem, de l’autre Jéroboam avec les 10 tribus appelées communément Israël. Jéroboam réfléchit sur la situatio, et notamment sur le risque qui existe pour lui d’être  abandonné par les israélites s’ils continuent comme ils en avaient l’habitude à monter à Jérusalem pour y célébrer les fêtes en l’honneur de l’Eternel. Il avait pourtant reçu une parole de Dieu très claire qui se situe au chapitre 11 et au verset 38. Sa crainte concernant sa personne n’est donc pas fondée sur la révélation de Dieu à son égard mais sur ses pensées. Pour remédier au problème, il élabore un projet, un raisonnement censé solutionner sa crainte : il choisit deux veaux d’or pour représenter Dieu, les place aux extrémités de son royaume, consacre  des sacrificateurs autres que les fils de Lévi, introduit des fêtes aux mêmes dates que le royaume de Juda. Il établit donc une réplique pour son royaume de ce que Dieu avait institué au préalable pour tout Israël. Je relève l’expression savoureuse du verset 28 : « après s’être consulté… ». Quand son projet est devenu réalité, nous pouvons être certains que ce roi était content de lui : tout allait bien ! En réalité, il se se séduisait complètement lui-même ! Tout ceci était en outre établi « officiellement » pour Dieu : cela n’enlève rien à la fausseté du raisonnement et à la séduction qui avait gagné son coeur. Le livre des Proverbes dit avec raison que celui dont le coeur s’égare se rassasie de ses voies. Celui qui craint Dieu se rassasie du conseil de Dieu, de Ses commandements, de Ses voies saintes, mais celui qui se séduit ne peut se rassasier que de lui-même.

Il y a donc un lien direct entre les faux raisonnements et la séduction « qu’on se fait à soi-même ».A un premier niveau, n’avons-nous pas besoin d’apprendre à « penser juste » ? Le texte d’introduction qui : « si nous disons… nous nous séduisons nous-mêmes… ». Alors, que disons-nous ? Que disons-nous de l’existence ? Est-ce manger et boire, s’amuser, consommer ? Que disons-nous de la centralité de Jésus ? L’être humain est quelquefois tenté d’ajouter Jésus à sa morale dans l’espoir d’être sauvé, à ses affaires pour être béni et secouru au temp difficile. Sommes-nous d’accord avec la Bible qui met Jésus au centre de tout : du salut et de la vie chrétienne ? Que disons-nous justement du salut ? Est-il  produit par la conversion ? Et celle-ci amène-t-elle toujours à l’abandon des idoles ? Que disons-nous du baptême biblique ? De la prière ? L’argument numéro un au hit-parade des arguments faux concernant la prière publique est bien celui de la timidité ; or cette raison est rendue caduque puisque la Bible elle-même nous dit que l’Esprit que Dieu nous a donné ne nous rend pas timide. Jusqu’à quand allons-nous raisonner faussement ? Que disons-nous de l’église locale ? Elle n’est pas l’invention des hommes, étant tellement présente dans « l’architecture » du peuple de Dieu dans les épîtres. Certes, des expériences réellement malheureuses peuvent être faites en rapport avec des abus, de l’iniquité, mais il n’en demeure pas moins vrai que le Christ qui batît l’église le fait au moyen des églises locales fidèles. J’ai abordé quelques domaines de la vie chrétienne, d’autres pourraient l’être : que disons-nous ? On pressent alors que derrière la variété de réponses qui pourraient être donnée à ces questions, il n’y a pas seulement des divergences d’opinion. N’êtes-vous pas impressionnés par la « quantité » possible de faux raisonnements sur des sujets bibliques ?

J’ai parlé tout à l’heure d’un premier niveau qui consistait à penser juste. Mais la fin du verset d’introduction nous amène plus loin que cela : on ne sort de la séduction que par la vérité ; on ne se prémunit contre la séduction que par la vérité. Dès que nous entendons le mot vérité, nous pensons à la Bible bien sûr, et aussi à Jésus qui est le chemin  la vérité et la vie. Tout cela est bien, mais insuffisant. Quelqu’un pourrait appartenir à une église locale qui met encore à l’honneur la Bible au travers de prédications inspirées et foncièrement bibliques comme au travers du temps réservé à la Parole de Dieu. Cette personne pourrait aussi avoir au plan personnel un rapport même régulier avec le texte biblique, et pourtant cela ne suffirait pas forcément à écarter la séduction. Je ne vous demande pas maintenant si vous lisez la Bible ou si vous la méditez, mais je vous demande maintenant si la vérité est en vous. Voilà l’antidote. J’ai besoin de la Bible, et avec elle, d’un esprit sans détour, d’un coeur vrai. Trop souvent nous arrêtons notre profession de foi à notre bon plaisir et à nos intérêts personnels. C’est une voie de séduction.

Ce qui précède a été vrai dans tous les temps, mais il faut insister avec le Saint Esprit sur les temps qui sont les nôtres aujourd’hui, car ils sont porteurs d’une recrudescence annoncée de la séduction. Allons ensemble pour conclure dans la deuxième épître à Timothée, au chapitre quatre, et au verset deux tout d’abord. C’est la Parole qui doit être prêchée, la Parole telle qu’elle est, la Parole comme le glaive à deux tranchants qui sépare. Pas la Parole avec le dernier bouquin sur la science de communication, ou celui sur le management ! Timothée est en outre invité par Paul à reprendre, pire encore, à censurer, et aussi à exhorter avec douceur et en instruisant. Est-ce cela  que vous attendez de votre pasteur ? Êtes-vous prêts à être encouragé par lui,  aidé par lui, mais aussi repris par lui et censuré par lui quand il le faut ? À l’appui de cet encouragement donné à Timothée, Paul ne promet pas un succès extraordinaire, puisqu’il poursuit au verset trois en disant : « car il viendra un temps… » La démangeaison d’entendre des choses agréables, ou de ne plus entendre des choses désagréables quand elles sont justifiées est une porte ouverte à la séduction. Cette séduction est renforcée par le fait que ceux qui ont cette démangeaison trouveront des prédicateurs correspondront exactement à leur désir. Voulez-vous maintenant vous décider pour accueillir l’amour de la vérité, ou renouveler votre désir d’aimer passionnément la vérité, même quand celle-ci nous reprend ?