La séduction du péché.

Pascal COLLET
15 janvier 2012

La séduction du péché.

Nous lisons dans l’épître aux Hébreux, au chapitre trois et au verset 13.

Le péché est le plus grand de tous les maux. Le chômage est un mal réel, mais le péché est pire ; la maladie est un mal, mais le péché est pire que la maladie ; la solitude peut peser, mais le péché est bien pire ; etc.

Seule la conscience restaurée, réveillée le considère ainsi, et reprend à son compte la parole du psalmiste au Psaume 97 : « amis du Seigneur, haïssez le mal… ». Quand le péché devient banal, qu’il est justifié, nul doute qu’une grande  séduction est à l’oeuvre : l’être humain se garderait de toute situation hypothéquant son existence et il ne se garderait pas du péché ? Il s’éloignerait de tout danger reconnu et flirterait avec le péché ? Il s’abstiendrait de toute nourriture avariée et il consommerait le péché ? Nous avons là les marques de la séduction du péché.

Comment opère cette séduction ?

D’abord, en cherchant à cacher, minimiser, contester la gravité du péché, dans ses conséquences presentes et éternelles.Jacques  écrit dans son épître que le péché étant consommé produit la mort. Cette réalité sera soigneusement occultée ou contournée par ceux qui sont séduits. Or, notre société encourage le péché : il est maintenant communément admis que pour réussir, il faut tricher, mentir, voler etc. La banalisation du péché est appuyée par sa pratique répandue, et c’est ainsi que l’on entend : « tout le monde  le fait ». Rien n’est dit des maux du péché, et même l’indignation de l’opinion publique pour quelques faits extrêmes dans le mal, refusant souvent d’en voir les causes pourtant évidentes, est pitoyable ! Entendons l’Évangile de Dieu prêché par Jésus-Christ, lorsqu’Il invite ses auditeurs à « arracher l’oeil droit » ou à « couper la main droite » pour éviter la pratique du péché, en ajoutant qu’il serait possible que le pêcheur se retrouve dans la géhenne. Jésus ne recommande nullement la mutilation, qui du reste ne réglerait pas le problème du péché nichant dans le coeur, mais Jésus nous rappelle qu’on ne peut pas pécher impunément, et qu’il nous faut savoir, dans la foi véritable, prendre des mesures radicales tant le danger est grand et réel.

La séduction du péché opére aussi en faisant miroiter les avantages de celui-ci. Lisons dans l’épître aux Hébreux, au chapitre 11, le verset 25. La jouissance du péché ! C’est donc que le péché doit apporter un gain, un avantage, un succès, une réussite, ou encore sortir l’être humain d’un mauvais pas et là je pense notamment au mensonge. Le péché a ses joies éphémères, c’est un fait ! Si tout péché recevait immédiatement de Dieu un jugement, bien des yeux s’ouvriraient ! Mais, bien qu’il y ait réellement un jugement sur le péché, les choses ne se passent pas comme cela généralement durant le temps de la grâce.

Cette séduction opére encore en alimentant notre tendance à pécher par des désirs mauvais, ou comme le disait Jésus dans la parabole du semeur, par l’invasion des convoitises. En parlant du vieil homme, Paul écrit aux Ephésiens que le vieil homme se corrompt par les convoitises trompeuses (4/22). Le péché a ses apôtres et ses évangélistes, qui nous disent ou  nous suggèrent, ce qui est quelquefois plus efficace, que le bonheur c’est……. C’est faux bien entendu, et la situation de notre société le prouve bien, mais dans l’errance de l’homme, ce message peut susciter une interrogation : « et pourquoi pas » ? qui, chemin faisant, pourrait se transformer en désir, en convoitise. Plus les convoitises prévalent, plus elles aveuglent la pensée, et l’influencent dans son jugement pour les approuver.

Cette séduction opère enfin en suscitant un mécanisme pour justifier le péché lorsqu’il a été commis. La pensée est d’autant plus stimulée que nous sommes par nature enclin à l’indulgence pour nous-mêmes. Quelle habileté est quelquefois déployée pour contourner la réalité du péché commis ; ainsi en est-il des noms flatteurs donnés à des pratiques iniques : on appellera la cupidité : prudence, où l’avarice voir le vol : sens des affaires. Mais la cupidité est une idolâtrie, et même si effectivement nous devons gérer nos affaires matérielles avec sagesse, elle demeure un péché. De même l’avarice ou le vol. Nous appelons l’animosité et les méchantes paroles : franchise. C’est plus sympathique, mais complètement trompeur. Être vrai est une chose, mais ne doit jamais servir de couverture aux mauvaises pensées et aux mauvaises paroles. Nous appelons l’esprit de dispute : en conscience. Quelle tromperie ! « Toutes les voies de l’homme sont droites à ses yeux ; mais celui qui pèse les coeurs, c’est l’Eternel ». C’est pourquoi la Bible dit encore que celui qui a confiance dans son propre coeur est un insensé. (Prov 28/26). J’ajoute encore quelque chose sur cette opération de la séduction du péché : le péché d’autrui à notre égard, ne justifie pas le nôtre à son égard.Moïse fut privé de ce qui a été le but de son service : entrer dans le pays promis. Pourquoi ? Par ce que, « énervé » par le peuple qui murmurait une fois de plus, il frappa deux fois le rocher et s’exprima légèrement des lèvres. Nous dirions aujourd’hui : ils l’ont poussé au péché, car nous trouvons presque normal de répondre quelquefois au mal par le mal. Mais le mal que l’on nous a réellement fait, avec la souffrance qu’il induit pour nous, ne justifie jamais que l’on péche en retour. « Surmonte le mal par le bien » dit l’Ecriture. Apprenons à nous réfugier dans notre lieu secret et à livrer bataille, non contre « l’autre », mais pour notre coeur, avec foi et hardiesse. Nous apprendrons aussi à nous relever bénis, apaisés, renouvelés par l’Esprit de Dieu.

Il faut sortir de la séduction du péché. Certains ont ici besoin d’en sortir par une vraie conversion à Dieu, qui précédera la nouvelle naissance, oeuvre majeure de Dieu en rapport avec le pouvoir du péché. Lisons dans la première épître de Jean, au chapitre trois et au verset neuf, et au chapitre cinq, le verset 18. Jésus nous sauve du péché. Et puisque nous ne pouvons pas compter sur les autres pour nous guider sûrement, ni sur notre propre coeur, nous ajouterons à la nouvelle naissance cette prière du psalmiste : « Sonde moi ö Dieu et connaît mon coeur ! » (Ps 139/23). Et puis, et là, je reviens à notre lecture d’introduction, il y a en rapport avec la séduction du péché une vraie bénédiction dans les relations spirituelles et fraternelles d’une église  bien fondée, puisque le texte nous invite à nous exhorter les uns les autres pour éviter la séduction du péché. N’avons-nous pas dans les églises des disciples authentiques, dans la maturité de la foi, fondés sur les Ecritures qu’ils aiment, ayant du discernement ? Si ils évitent ce que nous faisons, n’y a-t-il pas un message pour nous ? Leur regard peut fournir une indication : s’ils sont tristes de notre comportement, leur tristesse n’est-elle pas comme un écho de la tristesse du Saint Esprit ? Il ne s’agit bien évidemment pas de se juger les uns les autres, de s’ingérer dans les affaires d’autrui, mais d’être attentif aux exhortations qui ne sont pas forcément des paroles mais aussi des exemples.

« Tous ceux qui commettent l’iniquité ont-ils perdu le sens ? ». La séduction du péché est bien réelle, mais souvenons-nous que le péché est le plus grand de tous les maux.