« J’ai recueilli et dévoré tes paroles… »

Pascal COLLET
26 janvier 2014

« J’ai recueilli et dévoré tes paroles… »

Comment caractériser le rapport du chrétien avec la Bible ?

La première réponse est apportée tristement, mais elle correspond hélas à une situation que l’on trouve aujourd’hui : ce rapport est fait de tradition, d’habitude triste. Des personnes lisent ainsi leur Bible. Ce n’est bien sûr pas rendre honneur à sa valeur que de la lire ainsi, sans compter qu’une telle lecture produira peu de fruits.

Le rapport du chrétien avec sa Bible peut aussi être marqué par le besoin : nous prenons conscience que nous avons besoin de lire et méditer la Parole de Dieu. Ceci est absolument vrai. Ce n’est pas pour la poésie que la Bible est comparée à du pain, une épée, un miroir…

Mais il y a plus encore que le juste sentiment du besoin : le rapport du chrétien avec sa Bible devrait être marqué par le désir. Lisons un texte un peu surprenant, dans le livre du prophète Amos, au chapitre huit, les versets 11 et 12. Ce qui peut nous paraître curieux dans ce texte, c’est que Dieu annonce qu’il va susciter une faim spirituelle qui ne pourra pas être satisfaite. Qu’est-ce qui explique ce cas de figure ? Dieu a parlé longtemps sans être écouté ; Il va maintenant se taire et sa Parole va faire place à une action, qui sera une action en jugement. Alors, Israël souhaitera entendre la Parole de Dieu, mais ce sera trop tard. En d’autres termes, Israël ne découvre la valeur de la Parole de Dieu que quand Dieu  cesse de parler ! Mais retenons cette pensée : Dieu suscite la faim et la soif de Sa Parole.

Ajoutons quelques autres témoignages sur la valeur des Ecritures, et le désir que nous devrions en avoir. Allons au Psaume 119, lisons d’abord le verset 72, puis le verset 127, et enfin le verset 20. Rien n’est plus précieux pour le psalmiste que la Parole de Dieu, et il en a faim. Lisons encore dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 15, le verset 16. Allons aussi  dans la première épître de Pierre, au chapitre deux et aux versets un et deux. Je fais aussi mention de cette description liée à la prédication de Paul et Silas à Bérée, où il est dit que les auditeurs reçurent la parole avec beaucoup d’empressement (Act 17/11).

Voilà ce qui devrait caractériser notre rapport personnel et communautaire avec la Parole de Dieu. Quand l’église attire des foules  par et pour autre chose que cette parole, est-elle encore dans la droite ligne de son modèle biblique ? Nous pouvons souhaiter que, comme à Antioche (Act 13/48), la Parole de Dieu soit glorifiée ; mais avant quelle le soit par des inconvertis, il faudrait qu’elle le soit par les disciples de Jésus.

Je fais une courte digression concernant les enfants de chrétiens. Lorsqu’il s’adresse à Timothée, Paul rappelle que Timothée a connu les saintes lettres dès son enfance (2 Tim 3/15). Une maman pieuse, et une grand-maman pieuse ont pris du temps pour le conduire dans la Parole de Dieu ( 2 Tim 1/5). Personnellement, si j’avais à refaire le chemin parcouru en rapport avec le culte de famille dans lequel petits et grands se rassemblent autour de la Bible, je soulignerai davantage l’aspect suivant : le privilège, et donc la joie d’avoir la Parole de Dieu (rappelez-vous du témoignage lu il y a quelques instants au Psaume 119, verset 72).C’est aux parents chrétiens qu’incombe cette responsabilité (Deut 6/7). Les enfants peuvent alors grandir avec la certitude que la Bible est précieuse, et qu’ils ne sont pas défavorisés, mais au contraire hautement favorisés ; nous pouvons nourrir leur attrait pour le Livre, en pensant que cette éducation fera place le moment venu à une démarche personnelle envers Dieu, après laquelle la faim et la soif de la parole de Dieu seront davantage encore avivées.

Quand je constate l’emballement à consulter les textos, avant ou après la réunion, emballement qui contraste avec l’ennui pendant la prédication, je souhaiterais vivement que les choses s’inversent. Il semblerait qu’aujourd’hui, pour motiver certains jeunes, il faudrait faire des réunions de jeunesse sans Bible, des camps de jeunesse sans trop de Bible… Des jeunes, y compris des enfants de chrétiens, ne sont pas du tout intéressés par la Bible, ce qui signifie qu’ils ne sont pas du tout intéressés par leur âme et leur devenir éternel.

Nous voulons tendre vers cette avidité, cet attrait pour la Parole de Dieu. Alors, elle ne sera plus subie « faute de mieux », mais reconnue dans sa valeur. Alors, elle ne sera pas là pour meubler, mais elle sera désirée et accueillie. Alors, le livre lui-même sera soigné ! Ceci n’est peut-être pas le plus important, mais j’ai quand même plaisir à vous le dire ! Ne faut-il pas aussi apprendre à lire, pour ceux qui ne savent pas lire ? Et si, par malheur, un pasteur commençait à prendre des chemins de traverse en délaissant la Parole de Dieu, ou en délaissant le message de Dieu au profit de la psychologie, de la communication etc., qu’il lui soit humblement mais fortement demandé : la Parole de Dieu.

Dans son épître, Pierre parle du lait pur, non fraudé. À Tite, Paul parle de la vraie parole. Y en aurait-il une fausse ? Non, mais comme on peut couper le lait avec de l’eau, on peut aussi dévaluer la Parole de Dieu, laisser de côté des pans entiers de son enseignement, où la mélanger avec des pensées humaines.

La brève description du désir que nous devrions avoir de la Parole de Dieu ne correspond-t-elle pas à votre relation avec la Bible ? Alors : changez ! Dès aujourd’hui, vous pouvez décider de mettre en oeuvre un processus qui me semble bien décrit dans le texte du livre des Proverbes, au chapitre deux, les cinq premiers versets. D’abord, rendre son oreille attentive à l’invitation de Dieu ; ensuite cette écoute produit une inclinaison du coeur : nous désirons vivre ce que nous venons de lire et d’entendre. Ensuite encore, nous allons  appeler, élever la voix, c’est-à-dire prier et supplier Dieu de nous faire grâce dans notre contact quotidien avec sa Parole, pour la comprendre avec une intelligence renouvelée, pour ne plus la survoler machinalement, et peut-être aussi pour nous exercer à une discipline fidèle, car il faut en passer par là avant que la Parole de Dieu ne devienne incontournable dans nos journées. Enfin, elle va avoir pour nous la valeur de l’argent ou d’un trésor que nous allons poursuivre : ça y est ! La chose est établie dans nos coeurs. À partir de là, une journée sans Bible ne pourra pas être une bonne journée !

Faisons nôtre la prière de Paul adressé à l’église de Thessalonique, pour que la Parole du seigneur se répande, et soit glorifiée comme elle l’est chez nous (2 Thes 3/1). Quel beau témoignage concernant l’église locale !