Faute d’un clou, le royaume fût perdu!

Pascal COLLET
24 juin 2012

Faute d’un clou, le royaume fût perdu!

Nous lisons au Psaume 138, la première partie du verset huit. La traduction Darby donne : « l’Eternel achèvera ce qui me concerne » ; la traduction la colombe donne : « l’Eternel mène de tout à bonne fin pour moi. »

Cette pensée concerne donc le pèlerinage chrétien dans le temps ; du début à la fin. C’est une belle assurance qui bien sûr, doit être fondée, et ne pas devenir une superstition. Le même David ne disait-il pas ailleurs : « je veillerai sur mes voies… » ? Le texte des Proverbes nous invite à garder notre coeur plus que tout autre chose (4/23).

Ce qui suit est une histoire vraie qui s’est passée il y a quelques années. Un homme alerte, en bonne santé, se promenait à Paris, plus précisément sur l’île de la Cité, et là, il admirait la cathédrale Notre-Dame. Un léger vent qui soufflait sur Paris vint projeter une poussière dans son oeil. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était gênant d’autant plus qu’il ne parvenait pas à s’en débarrasser. Il se précipita à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, tout proche, pour se rendre au service d’ophtalmologie. Les urgentistes firent leur travail : quelques gouttes de collyre soulageaient rapidement notre homme qui voulut s’en aller. Le médecin lui conseilla d’attendre, car le collyre troublait la vue. Mais cet homme voulait reprendre sa promenade et personne ne put le retenir. Hélas, juste en sortant de l’hôpital, il ne vit pas les travaux en cours et tomba dans un trou. Retour à l’hôpital, avec une fracture du col du fémur ! Il faut opérer. Au cours de l’opération surgit une tragique erreur de transfusion sanguine, et il fallut passer le malheureux au rein artificiel. Tandis que que les médecins nettoyaient son sang, il fit une embolie pulmonaire, et il fallut l’opérer d’urgence à coeur ouvert pour enlever le caillot de sang. Deux mois après, en quittant l’hôpital il eut cette réflexion : « à l’avenir, je me méfierais des poussières dans l’oeil ».

Si je partage cette histoire avec vous, c’est pour en noter l’enchaînement des faits : un fait en produit un autre, qui en produit un autre, qui en produit un autre etc. Qui plus est, souvent, le fait du début est un fait anodin : ici, une simple poussière dans l’oeil, mais qui, conjuguaé il est vrai à l’entêtement, va produire une réaction en chaîne, allant jusqu’à menacer la vie physique de cet homme.

Allons maintenant dans l’Évangile de Luc, au chapitre 16, le verset 10. Jésus reconnaît donc qu’il y a des petites choses dans la vie, et dans la vie spirituelle. Mais il en tire une conclusion qui est opposée au relativisme ambiant : là où nous évacuons les petites choses justement parce qu’elles sont petites, Jésus nous montre que nous forgeons un caractère et que nous préparons l’avenir, soit positivement dans la fidélité aux petites choses qui précédera la fidélité aux grandes, soit négativement à l’inverse.

Faute d’un clou, le fer fut perdu

faute d’un fer, le cheval fut perdu

faute d’un cheval, le cavalier fut perdu

faute d’un cavalier, la bataille fut perdue

faute d’une bataille, le royaume fut perdu.

Pourquoi le royaume fut-il perdu ? La réponse est étonnante, et pourtant bien réelle : à cause d’un clou !

Comprenons bien l’enchaînement des faits dans nos vies spirituelles. Pour enfoncer le clou(!), ajoutons maintenant une histoire biblique qui va nous montrer un enchaînement maudit, pour lequel tout a commencé par un mauvais choix. La cause première peut donc être aussi ce qu’on ne fait pas alors qu’on devrait le faire, ou la bonne décision qu’on ne prend pas. Lisons dans le deuxième livre de Samuel, au chapitre 11, le verset premier. Je vous demande de bien noter la fin de ce verset : « mais David resta à Jérusalem ». L’enchaînement est le suivant : n’étant pas à la guerre avec ses serviteurs, il est à Jérusalem ; il s’y promène un soir ; il voit, puis regarde une belle femme ; il la convoite puis couche avec elle ; elle devient enceinte de lui ; David conçoit alors un plan habile : accorder à Urie le mari trompé qui lui est à la guerre, une permission exceptionnelle pour qu’il retrouve sa femme. Ainsi, il pourrait endosser la grossesse à venir. Ce plan ne fonctionne pas, car il semble impossible à Urie de jouir d’un bon temps avec son épouse, pendant que ses compagnons d’armes livrent la guerre ! David conçoit donc un plan B : placer le mari trompé au coeur de la bataille, là où l’on pressent qu’il y aura des pertes humaines, afin qu’il y meure. C’est ce qui arriva. Pendant des mois, David se retrouve prisonnier de son péché, et de son mensonge pour le couvrir. Convaincu par une parole claire, il sera pardonné et restauré suite à sa repentance, mais le bébé mourra. Les descendants de David reproduiront plus tard des désordres moraux en rapport avec cet adultère. Voilà l’enchaînement maudit qui s’est mis en oeuvre parce que David était resté à Jérusalem. Une poussière… Un clou… Une absence… Des moindres choses !

De semblables enchaînements ne se retrouvent pas seulement dans le domaine de la pratique « active  » du péché, mais aussi au travers d’une parole qui chemin faisant  produit du trouble ou pire encore, dans une ou plusieurs personnes ; il y a de semblables spirales menant à l’incrédulité, à l’affaiblissement du chrétien, à la tiédeur. Nous devons être attentifs à notre évolution dans le temps et veiller à ce que celle-ci ne soit pas conduite par de semblables enchaînements. Oui, il faut veiller et veiller intensément aussi aux petites choses, non à la manière de ceux qui à l’époque de Jésus filtraient le moucheron et avalaient le chameau, et auxquels  Jésus dira qu’il fallait d’abord s’occuper des grandes valeurs spirituelles sans négliger les autres petites choses.

Êtes-vous dans ce genre d’engrenage ? Y êtes-vous encore au début, là où il est encore possible de rêver ? Êtes-vous déjà dans la souffrance causée par une raison première certainement anodine mais qui a produit d’autres effets ? Alors, pour stopper cette spirale infernale, il n’y a qu’une attitude et c’est là repentance.

Mais il existe aussi des spirales positives : une bonne cause produit un bon effet, qui lui-même en produit un autre etc. Lisons maintenant dans l’épître aux Romains, au chapitre cinq, les versets un à cinq. À l’origine, ceux à qui Paul écrit étaient « sans force »(v6), « pécheurs »(v8), « ennemis »(v10). Mais, ils ont entendu l’appel de Dieu au salut, ils y ont répondu, ce qui a été la cause première d’une série de conséquences heureuses. Ils  ont eu accès à la grâce de Dieu et ont commencé à vivre la vie chrétienne, une bonne chose en produisant une autre. Même les afflictions, vécu dans la foi produisent des fruits positifs. Le terme de cet enchaînement béni surpassera en gloire ce que nous pensons : l’apôtre Pierre s’exprimant sur la nécessité de l’épreuve de la foi affirmera que le résultat, lorsque Jésus-Christ apparaîtra, sera la louange, la gloire et l’honneur.

« L’éternel mène tout la bonne fin pour moi. »