Des frères saints menacés d’endurcissement?

Pascal COLLET
29 avril 2012

Des frères saints menacés d’endurcissement?

Nous lisons dans l’épître aux Hébreux, au chapitre trois, les versets sept et huit, puis les versets 13 à 15, et enfin au chapitre quatre, le verset sept.

Cette répétition est une insistance du Saint Esprit à prendre donc au sérieux. Ces hébreux étaient exhortés à ne pas laisser  l’endurcissement gagner leur coeur. Entre l’épisode de l’Ancien Testament mentionné par ces paroles, sa reprise par David au Psaume 95, et sa répétition aux hébreux, tout avait été accompli par Jésus, au moyen duquel Dieu parlait maintenant après avoir parlé par les prophètes, et qui, après avoir fait la purification des péchés s’était assis à la droite de la majesté divine dans les cieux (1/1-3). Ce tout accompli n’empêchait pas le Saint Esprit de réitérer Ses propos. Ceux auxquels ils étaient adressés sont appelés au chapitre trois et au verset premier des « frères saints ». Manifestement, cela ne correspond pas à l’image que nous avons du coeur endurci ! L’endurcissement du coeur nous renvoie par exemple à Pharaon, dont il est dit à plusieurs reprises qu’il endurcit son coeur, puis dans un second temps, que c’est Dieu qui a endurci son coeur. Nous connaissons les circonstances décrites par ces expressions et nous y voyons une opposition frontale de l’homme à Dieu. L’endurcissement nous fait aussi penser à Sanchérib, roi d’Assyrie et à son message plein de morgue et d’arrogance au peuple de Juda (Es 36/14-15; 37/17), ou encore à Nebucadnetsar « première version », dont il est écrit que lorsque son coeur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire (Dan 5/20). Pour tous ceux-là s’est accompli la parole du Proverbe 28/14 : «… celui qui endurcit son coeur tombe dans le malheur. »

À l’évidence, les frères saints ne correspondent pas à cette image, et pourtant ils sont mis en garde contre l’endurcissement. Nous pouvons donc en conclure qu’il y a plusieurs formes d’endurcissement et que toutes doivent être discernées et combattues. Ne pourrions-nous pas établir une « échelle de Richter » de l’endurcissement ?

Au niveau le plus haut, figure le blasphème contre le Saint Esprit, seul péché déclaré  impardonnable. Lisons dans l’Évangile de Matthieu, au chapitre 12, les versets 24 et 31. Il s’agit là d’un rejet délibéré, pleinement conscient, de l’évidence, qui amène ces pharisiens a attribuer à Satan ce qui est divin, parce qu’ils ne veulent pas changer. Ils  ont vu, entendu, constaté, et malgré cela, ils attribuent à Satan les oeuvres de Dieu. Nous ne sommes pas là sur le terrain de  l’ignorance, mais d’un endurcissement total et sans retour.

Nous pourrions faire figurer après ce premier niveau l’endurcissement les exemples donnés plus haut. Puis, à leur suite, mentionner la forme d’endurcissement touchant à la justice propre, qui amène ceux qui s’y livrent à avoir une haute opinion d’eux mêmes, et à nourrir une fierté charnelle. Leur estimation d’eux mêmes les conduit au refus de s’humilier sous la puissante main de Dieu.

Et puis enfin, et c’est là que nous rejoignions l’avertissement du Saint Esprit adressé à des frères saints, il nous faut mentionner la répétition des paroles de Dieu sans réponse de notre part. À plusieurs reprises, Dieu dit par le prophète Jérémie qu’Il a envoyé Ses serviteurs parler au peuple dès le matin. L’image semble être la suivante : Dieu n’a pas envoyé un serviteur en fin de journée pour dire une seule fois Son message, mais plusieurs et ce dès le matin. La « journée » du prophète Jérémie durait par exemple 23 ans ! (Lire 7/13; 25; 25/3-4). L’endurcissement peut donc être réellement constitué par l’habitude prise d’entendre la parole de Dieu sans y répondre, mais sans jamais s’y opposer  frontalement non plus. Cette forme d’endurcissement est la plus subtile, et donc la plus redoutable. Elle touche des auditeurs oublieux, ou des personnes qui ont pris la bonne habitude d’entendre la Parole de Dieu. Combien de fois les Ninivites ont-ils entendu le message divin avant de se repentir ? Une seule fois. Combien de fois les juifs à la Pentecôte ont-ils entendu le message divin avant de se repentir ? Une seule fois. Combien de fois les proches et les amis de Corneille ont-ils entendu le message divin pour se repentir ? Non pas même une fois, puisque Pierre n’avait pas encore terminé son message que leur coeur avait bu la Parole de Dieu, et qu’ils s’étaient convertis et avaient été remplis du Saint Esprit. Combien de fois devons nous entendre la Parole de Dieu pour la prendre en compte ?

Qu’adviendra-t-il des endurcis ? Par connaissance de la grandeur de Dieu, et parce que nous savons que Sa Parole peut-être comme un marteau qui brise le roc, nous sommes portés à espérer encore pour eux. Par sympathie, nous sommes aussi portés à espérer encore ; mais il y a d’autres textes bibliques qui nous présentent une autre issue, par exemple celui du livre des Proverbes, au chapitre premier les versets 20 à 32.

C’est l’oeuvre de Dieu que d’ôter le coeur de pierre et de nous donner un coeur de chair, c’est-à-dire un coeur sensible, attendri, qui se laisse facilement trouver par la Parole de Dieu. Veillons attentivement sur notre coeur afin qu’aucun de nous ne s’endurcisse.