Convaincus de péché. (1)

Pascal COLLET
15 décembre 2013

Convaincus de péché. (1)

Nous lisons dans l’Évangile de Jean, au chapitre 16, le verset huit.

Jésus annonce ici l’une des oeuvres qu’opérera le Saint Esprit, et qui consiste à montrer à quelqu’un son péché pour qu’il s’en repente. Le mot traduit dans ce texte par « convaincre »,  l’est plusieurs fois dans d’autres textes par « reprendre », par exemple en Apo 3/19 : Jésus a exposé la vérité à l’église locale. Celle-ci peut maintenant admettre et reconnaître les faits ; il y en aura alors de bonnes conséquences. Donc, le même mot est employé dans l’Évangile de Jean pour le monde en rapport avec son péché d’incrédulité quant à Jésus, et dans d’autres textes pour l’église où les disciples.

Quelle oeuvre ! ! !

Est-ce facile ?  Pour le chrétien spirituel, qui est habité par la sagesse d’en haut, sagesse qui est conciliante (Jac 3/17), mot désignant un esprit docile, qui ne demande pas mieux que d’être corrigé, ou d’apprendre une nouvelle vérité, la chose se réalise. Mais en dehors de cela, l’oeuvre est une des plus difficiles qui soit. En effet, c’est se heurter à l’orgueil inné au coeur de l’homme, à la culture de l’estime de soi (qui influence de plus en plus les églises et l’enseignement évangélique), et, aujourd’hui, à la normalité du péché. Il y a de cela quelques dizaines d’années, en règle générale les gens avaient une conscience plus établie que maintenant du bien et du mal. En faisant une visite cette semaine dans un immeuble, j’ai eu l’occasion de lire une affichette apposée au rez-de-chaussée de l’immeuble disant grosso modo la chose suivante : « cette semaine, le gardien ne ramassera pas les poubelles jetées par les fenêtres » ! Supposons un enfant qui n’a connu et vu que ça chez ses parents :  quand la poubelle est pleine ils ouvrent la fenêtre pour la balancer dehors ; n’ayant vu que cela, il trouvera ça normal ! S’il n’y avait que les poubelles ! Mais quand tout le monde ment, est malhonnête, se livre à l’impudicité … Etc., est-ce encore mal ?

Cette oeuvre peu évidente doit absolument être considérée par nous comme une oeuvre faite par Dieu lui-même. Même s’Il utilise aussi des instruments : un disciple pour un autre (Mat 18/15), mais dans ce genre de démarche, attention aux motivations : que personne ne s’estime être comme le justicier de Dieu envers son prochain ; que toute forme d’animosité, de ressentiment, et encore de supériorité soit bannie de nos coeurs. Dieu utilise l’exercice de quelques dons spirituels :1 Cor 14/24, comme aussi l’exercice pastoral de la prédication : 2 Tim 4/2. Le mot « reprendre » de ces textes est le même que le mot « convaincre » de notre première lecture.

Aux difficultés mentionnées ci-dessus s’en ajoute une autre : qualifiant les derniers temps de difficiles, l’apôtre Paul ajoute d’où viendra la difficulté : ce que les hommes seront. Et il mentionne entre autres qu’ils seront insensibles. Cette insensibilité n’est pas nouvelle, mais elle est plus marquée en notre temps. Lisons ensemble de textes qui se trouvent dans l’Ancien Testament, le premier dans le livre du prophète Malachie, au chapitre premier, le verset six puis le verset huit. Le second dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 16, le verset 10, puis au chapitre 17, les deux premiers versets. Les sacrificateurs (!) et le royaume de Judas sont étonnés des reproches divins : ils ne les comprennent pas. Ils ne sont plus conscients de leur situation (qui nous semble pourtant assez évidente à nous). Ils ont perdu le nord spirituel. Ils ont fini par s’habituer à ce qui est anormal pour Dieu. Mais cette insensibilité ( qui vire à la surprise et à l’incompréhension devant l’annonce d’un jugement à venir) n’est pas venue soudainement : elle s’est installée progressivement, à force de refuser d’écouter, de fuir l’évidence, ou de ne pas être « conciliant », je fais ici référence au texte de Jacques mentionné tout à l’heure. Ou encore, à force de se rassurer par les fautes du prochain. Le pharisien de la parabole qui monte au temple pour prier, avait probablement raison lorsqu’il décrivait courtement sa vie : on peut raisonnablement penser effectivement, qu’il n’était pas ravisseur, injuste, adultère, et aussi qu’il s’était gardé des péchés des publicains. Mais ceci avait produit du poison dans son âme, et avait faussé sa relation avec Dieu. La conclusion de la parabole donnée par Jésus nous indique qu’il avait tiré de ces choses une élévation. Relisons maintenant ensemble  sa prière, et imaginons-en une autre qui pourrait être la suivante : « o Dieu, je te rends grâce pour l’oeuvre que tu as accomplie dans ma vie en me sauvant du mal ; je te bénis car autant l’Orient est éloigné de l’Occident, autant tu éloignes de moi mes transgressions. Je reconnais que tu as affermi mes pas et m’as préservé du mal, et je te supplie de me donner de haïr ce que tu hais. Continue de travailler en moi ; sanctifie-moi toujours par ta vérité, et aide-moi à rester debout jusqu’au bout. Et ce publicain que j’aperçois dans ton temple : sauve le, je t’en supplie ». Dieu aurait pris plaisir à exaucer cette prière, comme Il a pris plaisir à exaucer la prière du publicain, convaincu lui, de son péché.

Avez-vous connu dans votre expérience précédente ce qui est brièvement décrit ici ce matin ? Pouvez-vous trouver dans vos souvenirs au moins un épisode, (plus encore serait souhaitable), de cette conviction de péché ? Si non, avez-vous repoussé cette conviction ? Refusé d’être persuadé ? Alors, vous auriez résisté au Saint Esprit, et personne ne peut prospérer en résistant au Saint Esprit.