Contempler sans posséder!

Pascal COLLET
18 novembre 2012

Contempler sans posséder!

Nous lisons dans le livre du Deutéronome, au chapitre 32, les versets 48 à 52, puis au chapitre 34, les versets un à six. Contempler sans posséder : tel fut le destin de Moïse. Évidemment, cette fin de carrière a été anormale,et pour en comprendre la raison, il faut revenir un peu en arrière, dans le désert de Tsin, alors qu’il manquait d’eau et que une fois de plus, les enfants d’Israël ont cherché querelle à Moïse. Dieu est alors intervenu pour indiquer la solution qui consisterait à parler au rocher en présence d’Israël pour qu’il en sorte de l’eau. Mais, le Psaume 106 nous précise que les enfants d’Israël aigrirent l’esprit de Moïse qui s’exprima alors légèrement des lèvres (v 32 et 33). C’est ainsi qu’au lieu de parler au rocher, Moïse s’est adressé à Israël puis a frappé deux fois le rocher d’où l’eau est néammoins sortie (Nombres 20/10-12). Et c’est ainsi que Moïse ne put entrer dans le pays promis, tout en gardant toutefois un coeur soumis et noble pour s’inquiéter de la succession et du successeur. « Tu verras… mais tu n’entreras pas… ». Contempler sans posséder

Venons en maintenant à la vie chrétienne, à la piété, au caractère et au sentiment de Christ en nous, aux choses d’en haut que nous devons aimer et rechercher, à la richesse de Christ et son corollaire : l’abondance spirituelle de la vie qu’Il donne aux Siens. Cette vie pour laquelle nous avons les plus grandes et les plus précieuses promesses, et les avoir c’est déjà plus qu’entendre une promesse ; cette vie dotée entièrement de tout ce qui lui convient par la puissance de Dieu (2 Pi 1/3a) ; cette vie décrite étonnamment dans quelques textes dont celui que nous allons lire maintenant dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre trois et au verset 23. « Christ est à Dieu » : Il en est l’image, le reflet, l’empreinte, selon les mots bibliques, le fils bien-aimé du Père. « Vous êtes à Christ » en étant en Lui, comme le sarment est au cep. Et donc, en vertu de ce qui précède : « tout est à vous ». Évidemment, ces mots-là ne peuvent être compris dans le sens de l’évangile de la prospérité, qui fait de Jésus l’instrument pour les convoitises et le culte rendu à mammon. Ailleurs, Paul écrira qu’il n’a rien et qu’il possède toutes choses ; il n’a rien se réfère à son existence pauvre ; il possède toutes choses se réfère à la réalité spirituelle qu’il vivait. Paul cherche donc à rappeler aux Corinthiens et à nous aussi, comment les disciples ont une haute position en Christ. N’est-ce pas dans Sa personne que nous avons tout pleinement (Col 2/10)?

Il nous faut contempler ! Ne venons-nous pas de le faire ? En mettant les textes bibliques devant les yeux de notre coeur, ne contemplons-nous pas maintenant qu’elle est la norme divine pour la vie divine ? N’apprenons-nous pas maintenant à quoi nous pouvons nous attendre de la part de Dieu en son fils bien-aimé ? Et contemplant ces choses, ne pouvons-nous pas aspirer à davantage, dans ce mouvement de coeur qui est à l’origine de tous les réveils authentiques de tous les temps, quand des disciples ont compris que quelque chose n’allait pas dans leur vie par rapport aux promesses bibliques, et qu’ils en ont eu assez de vivre un amoindrissement par rapport aux Ecritures.

Avec le temps, contempler nous donne une vision (= compréhension) plus exacte, plus étendue, plus pénétrante. Nous apprenons à mettre cette contemplation en rapport avec notre vécu, y compris de façon plus précise avec certains domaines particuliers dans lesquelles il nous apparaît évident que nous vivons moins que ce que nous sommes appelés à vivre.

Mais nous allons contempler pour posséder, car telle est clairement l’intention de Dieu. Allons maintenant dans l’épître de Jacques, au chapitre quatre, les versets deux à six. Ces chrétiens ne possédaient pas ! Et pour résoudre ce problème, Jacques lance un appel au dévouement total à Dieu, c’est-à-dire à la consécration sans partage, au travers du verset quatre. L’amour du monde nous amène à chercher ce qu’il cherche, à faire nôtre sa culture. Si nous sommes investis dans ses valeurs, nous ne sommes plus investis pour Dieu car on ne peut servir deux maîtres. Et quand on est plus investi pour Dieu, on ne demande pas les richesses spirituelles à Dieu. Une autre facette de leur problème était qu’ils utilisaient Dieu pour satisfaire leurs désirs personnels : ils demandaient mal. Mais Dieu était cependant toujours prêt à accorder Sa grâce aux coeurs repentants : verset six.

Autre est la vie du disciple véritable. Il aime Dieu et s’attache à Ses biens. Une expression biblique est assez parlante quant à cet attachement, bien qu’elle concerne dans son contexte le désir de manifester les dons spirituels : dans la première épître aux Corinthiens, au chapitre 14, le verset 12 nous avons l’expression chercher à en posséder abondamment. C’est vrai des dons spirituels, mais je ne tord pas  les Ecritures en disant que c’est vrai de toute la vie spirituelle. Chercher à posséder abondamment ! Aspirer à davantage ! Entendre Jésus nous dire  : « encore plus de fruits ». Désirer vivement qu’il soit ajouté à tout que nous avons déjà reçu, et oser demander à Dieu. Et alors, se réalise ce que Jean a écrit dans sa première épître, au chapitre cinq, les versets 14 et 15.

Contempler pour posséder ! Et alors, dans  notre contexte supérieur à celui de l’auteur du Psaume, nous ferons nôtre son constat : « un héritage délicieux m’est échu, une belle possession est accordée ». (Ps 16/6).