aider Evodie et Syntiche

Pascal COLLET
1 août 2010

aider Evodie et Syntiche

Nous lisons dans l’épître de Paul aux Philippiens, au chapitre quatre et les versets deux et trois.

Voici la situation : Evodie et Syntiche étaient deux chrétienne de l’église de Philippes qui avait collaboré activement avec Paul lors de l’évangélisation de leur ville. Il ne s’agit donc pas d’une querelle entre deux vieilles femmes irascibles, mais d’une dissension entre deux femmes fidèles, dévouées au Seigneur et à Son oeuvre, et que Paul considère comme suffisamment mûres pour entendre leur nom dans une lettre publique et régler leurs différends. Le cadre est donc dressé. J’insiste pour que nous comprenions bien qu’il ne s’agit pas là d’un problème de doctrine, d’autre évangile, de séduction spirituelle. Pour ce type de problème, Paul a adopté d’autres solutions que le retour à l’entente.

Les risques étaient réels : le témoignage pouvait être altéré, les dissensions  entre elles pouvaient gagner  l’assemblée, chacun prenant parti pour l’une ou pour l’autre, le Saint Esprit pouvait être attristé. Paul confie donc à son fidèle collègue la tache de les aider. Mais n’est ce là  que la tache d’un pasteur ? Chaque chrétien n’est-il pas en mesure d’apporter une aide sans jamais chercher à s’ingérer, mais en promouvant ce qui favorise l’entente spirituelle, la communion spirituelle et fraternelle que ce soit dans le conseil, la relation avec la personne concernée, ou notre propre attitude personnelle qui devrait toujours viser à favoriser la vérité, les victoires spirituelles, la paix, la gloire de Jésus. Comment les aider ?

D’abord en cherchant à établir les faits. Nous lisons un texte qui n’a pas de rapport avec le problème mentionné, puisqu’il s’agit d’une suspicion d’idolâtrie, mais qui a cependant quelque chose d’important à nous apprendre quand à la manière de faire. Deutéronome chapitre 13, verser 12 à 15. Dieu voulait donc que les faits soient établis. Or il faut le reconnaître, nous opérons souvent des raccourcis, ce qui revient à supprimer le verset 14 de notre lecture : nous entendons dire quelque chose, et aussitôt nous concluons que la chose est vraie et nous en tirons des conclusions. Ce faisant, à quoi nous exposons-nous ?

Nous nous exposons à la langue mensongère, mauvaise. « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». Bien  des circonstances peuvent nous être  inconnues, comme aussi l’état du coeur. Un coeur qui ne vit pas la repentan ce sera un coeur aigri, vindicatif, accusateur. Ainsi étaient  les croyants en Dieu de l’époque de Jésus. Qui plus est, ils ont réussi à trouver quelques faux témoins qui n’avaient rien compris aux paroles de Jésus. C’est Pilate qui a accompli (sans le savoir ! ) le verset 14 de notre précédente lecture, puisqu’il a conclu du peu d’investigation qu’il avait menée que Jésus était innocent de ce dont on l’accusait. Il n’y a aucune raison pour que nous devenions par naïveté les proies d’un coeur déchu de la grâce, n’aimant plus la vérité, et vindicatif contre ceux qui l’aiment encore. Nous pouvons aussi nous exposer à une relation passionnée, c’est-à-dire le plus souvent déformée et inexacte. C’est pour cette raison que la Bible dit que le premier qui parle dans sa cause paraît juste., vient sa partie adverse, et on examine. Aucune aide efficace ne peut être apportée si nous négligeons d’établir les faits.

Ce ne sont pas seulement les faits qui ont besoin d’être établis, mais aussi la paix. Lisons dans le livre des Proverbes, au chapitre 26 le verset 20. Nos paroles sont donc du bois qui alimente un feu… Attention donc à ce que nous allons dire. Il faut que la querelle s’apaise, que les passions retombent car elles empêcheraient tout dialogue, ou plus exactement le dialogue se résumerait en un affrontement, et elles empêcheraient également toute position lucide. « Commencer une querelle, c’est ouvrir une digue ; avant que la dispute s’anime, retire-toi ». La Bible dit encore que c’est l’homme inique qui excite les querelles. J’ai parlé de « position lucide ». Que faut-il entendre par là ? Cette évolution qui va amener l’intéressé à se poser les questions suivantes : et si j’avais tort ? Et si mon comportement était sans mesure ? Ma susceptibilité n’est-elle pas en jeu ? Suis-je débarrassé des passions de la jeunesse ? Et voilà que, chemin faisant, cette personne se place où se replace devant Dieu et que, posément, dans la lumière de Dieu elle évolue : au départ c’était : « il a tort, j’ai raison » et voilà qu’elle est amenée à s’interroger sur la place de ce que la Bible appelle sa chair dans tout ce qui s’est passé.

Enfin, il faut dire qu’un esprit paisible est un esprit brisé, et que c’est cet esprit paisible qui peut demeurer avec d’autres. Les susceptibles, les têtus, les contestataires, les désobéissants ne peuvent jamais tomber d’accord. Toute contrariété est un test grandeur nature sur la place de la croix dans nos vies. J’appelle brisement le travail de la croix dans la vie du chrétien. Ce travail est un travail béni, nous menant dans une vie victorieuse, et c’est ainsi qu’il est possible qu’un tort objectif, réel, subit avec souffrance nous amène à nous examiner nous-mêmes, et a triompher de nous-mêmes !

Au début, il s’agissait de triompher de l’autre. Mais quelqu’un est venu à notre aide, nous nous sommes placés devant Dieu, et nous avons appris à triompher de nous-mêmes.Gloire à Dieu!