Simon de Cyrène

Quand les soldats suivis de la foule emmenèrent le Fils de Dieu sur le chemin de la crucifixion, « ils rencontrèrent un homme de Cyrène appelé Simon, et ils le forcèrent à porter la croix de Jésus » (Mat. 27/32).

Pourquoi Simon revenait-il des champs en cours de matinée ? Ce n’était pas l’habitude des travailleurs. Fatigue ? Urgence ? Quelle qu’en soit la raison, il fut dans l’impossibilité d’échapper à l’ordre des représentants de l’armée romaine : celui de porter la croix, ce long morceau de bois et le patibulum, la pièce sur laquelle furent clouées les mains du Sauveur.

Au milieu des larmes des uns et des vociférations haineuses des autres, Simon supportait l’effort. Son horizon ? Le dos labouré d’un homme couvert des plaies de la flagellation, laissant couler un sang apparemment identique à celui de tous les hommes, quelque soit leur race ou leur couleur. Cependant, invisible à l’œil humain, ce sang portait la teinte de la pureté. Jésus est le seul homme qui ait pu traverser la vie terrestre en conservant un cœur sans tache. Ne disait-il pas : « Qui de vous me convaincra de péché ? » (Jean 8/46). Quelques litres de cette vie répandue allaient devenir le moyen de purification pour des milliards d’individus qui en accepteraient les bienfaits par la foi.

Accompagner un tel condamné jusqu’au lieu appelé Golgotha fut une expérience marquant toute une existence et suscitant quantité de questions. En premier lieu : Qu’a-t-il fait ? Pourquoi ajouter tant de souffrances et d’humiliations avant sa mise en croix ? Et l’importance de la foule ? Habituellement, les exécutions ne s’accompagnent pas d’un tel nombre de personnes et d’une atmosphère aussi haineuse ?

C’est ainsi que bien des hommes et des femmes réalisent au cours de leur vie une expérience difficile, repoussée mais incontournable, qui les conduit à ces questions exceptionnelles dont les réponses seront favorables à leur salut et à celui de leurs proches. C’est certainement la raison pour laquelle l’évangéliste précise la position familiale de Simon ; il était père d’Alexandre et de Rufus (Marc 15/21).

Ce chemin vers la mort de Jésus peut devenir le sentier de la vie pour chacun de nous. Dieu permet que certaines épreuves de nos existences aboutissent ainsi.

Essayons de prendre pendant quelques instants la place de Simon de Cyrène. Serait-il possible que la vision de telles meurtrissures ne bouleverse pas notre cœur, n’interroge pas notre conscience et nous laisse indifférent ?

Que suite à cette expérience bouleversante, chacun puisse chanter les paroles de ce beau cantique : Je suis sauvé, Dieu m’a fait grâce.

Laurent Van de Putte