Proche du dernier souffle

Moïse fut un homme de santé exceptionnelle. Il quitta notre terre à cent-vingt ans. « Sa vue n’était point affaiblie, et sa vigueur n’était point passée » (Deut. 34/7). Pensez-vous qu’il tirait un vain orgueil de son âge et de ses capacités exceptionnelles ? Cela m’étonnerait car il n’accordait pas au nombre des années une attention particulière. Sa prière mentionnée dans les psaumes nous le démontre. En s’adressant à Dieu il dira : « Mille ans sont, à tes yeux, comme le jour d’hier, quand il n’est plus, et comme une veille de la nuit » (Ps. 90/4) Puis dans la même prière, il ajoutera : « Les jours de nos années s’élèvent à soixante-dix ans, et, pour les plus robustes, à quatre-vingts ans ; et l’orgueil qu’ils en tirent n’est que peine et misère, car elles passent vite et nous nous envolons » (Ps. 90/10).

Le grand souci d’un Moïse peut se résumer en une seule phrase : servir Dieu et son peuple sans faire cas de sa propre personne. Et c’est encore dans cette même prière qu’il intercédera : « Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que nous appliquions notre cœur à la sagesse » (Ps. 90/12). Parole vraie pour les anciens comme pour les jeunes.

Caleb aussi fut un homme de santé exceptionnelle. Il parla à Josué : « Voici, je suis âgé aujourd’hui de quatre-vingt-cinq ans. Je suis encore vigoureux comme au jour ou Moïse m’envoya ; j’ai autant de force que j’en avais alors pour combattre… Donne-moi donc cette montagne dont l’Eternel a parlé dans ce temps-là » (Jos. 14/10-12).

Comme Moïse, son but était de servir Dieu et son peuple.

Sinon, quelle raison pourrait nous pousser à prolonger nos jours ici-bas lorsque nous connaissons la glorieuse destinée éternelle des enfants de Dieu ?

N’imitons pas le roi Ezéchias qui rappelle au Seigneur sa bonne conduite, répand d’abondantes larmes et le supplie de prolonger ses jours au temps où Dieu voulait le reprendre (II Rois 20/1-21). A quoi bon jouir de quelques années supplémentaires pour les vivre comme il les a vécues ? « Ezéchias ne répondit pas au bienfait qu’il avait reçu, car son cœur s’éleva ; et la colère de l’Eternel fut sur lui » (II Chr. 32/25).

La sagesse de Paul est un sujet de réflexion à considérer lorsqu’il écrit : « Christ est ma vie, et la mort m’est un gain. Mais s’il est utile pour mon œuvre que je vive dans la chair, je ne saurais dire ce que je dois préférer. Je suis pressé des deux côtés ; j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur » (Phil. 1/21-23).

Comme on amarre un navire, trop d’enfants de Dieu, malgré leur foi, leurs propos spirituels, leur assiduité dans une église, la manifestation de leur réelle conversion, jettent l’ancre de leur vie sur la terre au lieu de la lancer dans le ciel.

C’est dans les cieux que nous est réservée notre espérance. (Col. 1/5).

« Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme, sûre et solide ; elle pénètre au-delà du voile, là où Jésus est entré comme précurseur » (Héb. 6/19).

Laurent Van de Putte